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L'Espace Chez Chénier

Publié le 22/09/2011

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2. L’espace mythologique et/ ou bucolique, un locus amoenus  En effet, le lecteur de Chénier, quelque soit son niveau culturel et intellectuel, ne peut s’empêcher de remarquer les penchants de ce poète vers ce qui est antique, car ils se révèlent d’une manière saisissante. Cet espace admiré et désiré se définit alors comme un locus amoenus, un espace amène. Cependant, dans quelle mesure peut-on parler d’un espace qui se meut en un locus amoenus chez Chénier ? Autrement dit, jusqu’à quel point peut-on dire que l’espace chénieriste est conforme à la notion du locus amoenus ?

« ce qui permet à André de visiter divers coints du monde non seulement sensuellement, concrètement, mais aussi parle biais de la poésie.Ainsi, lorsque souvent le gouvernail agileDe Douvre ou de Tanger fend la route mobile,Au fond du noir vaisseau sur la vague roulantLe passager languit malade et chancelant[2]Ce fragment va, en outre, dans le même sens que l’élégie précédente dans la mesure où lui aussi fait figure desespaces réels parcourus par le poète voyageur.

Douvres et Tanger sont deux villes qui existent bel et bien dans lemonde réel et qui marquent une période précise de la vie de Chénier.

Cependant si la présence des espaces réelsdans la première élégie révèle la portée biographique qui réside dans la poésie chénieriste elle dans la deuxièmeenfantée par l’imagination, voire par la poésie elle-même.

Or, Chénier penche plus particulièrement à des lieux dontl’origine est antique.

Parlant ainsi de son amitié inébranlable pour les frères de Pange qui subsiste même audéplacement, Chénier se fait visiter diverses contrés du monde[3].

De Venise à Tibre, de Rome à Athènes et deByzance à Smyrne, le poète parcourt par le biais de la poésie un monde réel mais qui trouve ses origines dansl’Antiquité, espace paganique (le temps où l’on vouait le culte à Neptune[4]) :Et Venise élevée à l’hymen de NeptuneLe voyage qui donne lieu à la visite des cités nombreuses s’affiche plus explicitement dans ces vers[5] :Que ton œil voyageur de peuples en désertsParcoure l’ancien monde et traverse les mers :Rome antique partout, Rome, Rome immortelle (…)De l’Atlas au Liban, de l’Euphrate au Bétis,Du Tage au Rhin glacé, de l’Elbe au Thanaiis,Et des flots de l’Euxin à ceux de l’Hyrcanie, (…)Le déplacement, même si c’était fictif, par la poésie, permet alors de toucher à plusieurs coins du globe etparticulièrement à ceux qui remontent à l’antiquité.

Rome est le centre de l’univers ce qui révèle par conséquent laprédilection du poète pour les espaces réels qui gardent toujours les traces de l’age antique.

L’Italie ainsi que laGrèce étant réellement visitées par Chénier, sont aussi présentées comme les cités des arts et de la civilisation.Cette prédilection pour ce genre d’espaces trouve son explication dans la biographie même du poète.

Parmi ces lieuxmêmes visités par celui-ci, on reconnaît, en effet, Byzance[6] la ville d’où Chénier descend fièrement.

C’est doncl’inclusion de l’autobiographique qui mène à évoquer un espace réel, à savoir la ville antique.

A coté de ces citéschantées par André l’on trouve les grands fleuves pour que la topographie du monde soit complète.Ainsi, nous, lecteurs, nous sommes amenés tour à tour aux bords d’une multiplicité des fleuves qui marquent latopographie du globe terrestre.

Cela nous révèle en fait le goût de Chénier pour les fleuves.

Parlant des fleuves telque la Loire, la Garonne ou le Rhône[7], le poète part vers la Seine pour en faire l’éloge.

C’est le fleuve qui apportevie et richesse à la seconde patrie du poète, à savoir la France[8] :Vous restez, mes amis, dans ces murs[9] où la SeineVoit sans cesse embellir les bords dont elle est reineEn effet l’espace dans les deux cas, et des cités et des fleuves s’arrange dans la lignée des espaces ouverts.

Acontrario, il existe dans le corpus d’autres lieux qui sont des espaces à nature carcérale ou bornée.

On parle dansce sens des deux espaces, aussi fréquents qu’ils sont devenus comme un leitmotiv, de la tombe et du bord.

D’abord,la tombe, qui vient aussi sous forme de périphrase ou de synonyme, à savoir le tombeau, vient sous un aspectsinistre.

Elle est omniprésente dans les Elégies comme dans les Dernières Poésies pour ainsi rendre compte de lamort qui y accompagne inextricablement l’amour, sujet premier de la poésie chénieriste.Voyant donc comment il se présente cet espace dans notre corpus.

Il est une fin à laquelle se promet tout Hommeatteignant la vieillesse.

C’est ainsi que déclare la mère du Jeune Malade[10] :Ma tombe attendait tes pleursDe même c’est une forme d’asile où entend le poète, une fois vieilli par le temps, réfugier ses « mannes »[11].

C’estdonc un espace réel où tout être humain finira par s’y rendre quoiqu’il puisse se mouvoir en une destinée qui pèseaux amants[12].Et la terre à mes os ne sera plus légèreCe qui rend compte par le biais de la périphrase « la terre » d’une réalité tragique, fatale mais qui pèse même àl’amant mort.

Est réel aussi l’espace qui encadre cette réalité écrasante puisque l’élégie est bel et bien inspirée parune épitaphe vraie et réelle.

Ainsi, Chénier ancre sa poésie dans un espace réel.

Il se veut même révélateur desenvers et des aspects du monde réel puisqu’il prend en charge de parler[13]des(…) pénibles détroits d’une vie orageuse En revanche cet espace réel se trouve chez André opposé, ou superposé à un autre qui se révèle comme fictif.

Ils’agit en effet de l’espace mythologique qui est ressuscité par la poésie mais qui reste fictif, fils de l’imaginationcréatrice en moyennant l’imitation inventrice.

Ainsi étant sous le signe du désir de retrouver les origines pures etsimples de l’âge antique, Chénier procède par la résurrection de la mythologie gréco-latine.

Il ranime de ce fait unmonde qu’il considère comme un « Eden » ou un « Eldorado »[14].

C’est le cas par exemple de l«Arcadie » dans leJeune Malade[15] :Tu sais, tu sais, ma mère, aux bords de l’Erymanthe…Là, ni loups ravisseurs, ni serpents, ni poisons.(…)Aucun lieu n’est si beau dans toute la nature.(…)Oh! Portez, portez-moi sur les bords de l’Erymanthe,Dans le même poème l’espace de l’Arcadie, région fabuleuse revient désigné cette fois par le «Ménale ».

C’est une. »

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