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LETTRES PERSANES - 147 À 161: LE DRAME DU SÉRAIL (Montesquieu)

Publié le 22/02/2012

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Dans sa dernière lettre (Lettre 155), Usbek annonce à son ami Nessir son retour à Ispahan. Sa réflexion rétrospective traduit l'évolution du personnage vers le tragique : alors qu'au début du roman ses sentiments nostalgiques étaient estompés par sa curiosité pour les réalités occidentales, le drame s'abat soudain sur le héros et sa sérénité philosophique cède la place à une tourmente passionnelle.
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« d'Usbek sont réellement coupables.

Et pourtant le héros, dévirilisé par un sérail qui n'enflamme plus que sa jalousie,reste seulement capable de dresser le bilan tragique de son anéantissement moral et de son enfermement en soi. La révolte de Roxane La dernière lettre de Roxane (Lettre 161)dévoile la signification profonde du roman.Usbek y apparaît comme un tyran prisonnier de sa culture islamique, qui juge la France avec la lucidité et la générosité de Montesquieu, mais qui foule aux pieds dans sa vie privée tous les principes qu'il prône. Esclave, victime de la séquestration et d'une surveillance policière, Roxane conquiert la liberté par l'adultère et plus encore par le défi que constitue l'aveu de cet adultère.

Elle peut ainsi humilier Usbek de façon éclatante après avoir réussi à renverser la relation entre le dominateur et le dominé : « Tu me croyais trompée et je tetrompais ».

Sa révolte, revanche de l'amour absent et victoire sur les illusions, en appelle aux valeurs universelles de la « nature », c'est-à-dire de la raison chère au XVIIIe siècle, une raison universellement libératrice. Le pathétique du récit épistolaire Le dialogue engagé par Roxane dans cette ultime lettre apparaît illusoire : sa lettre parviendra à Usbek plusieurs mois après son suicide.

Le pathétique surgit également dans l'effet du rappel de tout un passé de haine contre le tyran, intercalé entre le futur immédiat (« Je vais mourir ») et le présent des derniers mots (« Je me meurs ») qui correspondent au défi et à la mort de l'héroïne, alors que le passé composé recouvre le récit du passévu par Roxane.

Enfin, la révélation progressive de la réalité se fait sous la forme presque racinienne d'antithèses dépouillées, scandées par l'alternance haletante des pronoms personnels de la première et deuxième personne, etqui culminent avec le retournement décisif et victorieux que marque le passage du passif à l'actif.

La mise en scène épistolaire du suicide héroïque de Roxane, coup de théâtre ultime, transforme en tragédie un roman jusque-là essentiellement satirique et philosophique.. »

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