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L'homme face à la mort:

Publié le 12/09/2018

Extrait du document

Dans Les Caractères, La Bruyère observe en moraliste les comportements de ses contemporains et des hommes en général.

 

Irène se transporte à grands frais en Épidaure1, voit Esculape dans son temple, et le consulte sur tous ses maux. D’abord elle se plaint qu’elle est lasse et recrue de fatigue ; et le dieu prononce que cela lui arrive par la longueur du chemin qu’elle vient de faire : elle dit qu’elle est le soir sans appétit ; l’oracle lui ordonne de dîner peu ; elle ajoute qu’elle est sujette à des insomnies ; et il lui prescrit de n’être au lit que pendant la nuit : elle lui demande pourquoi elle devient pesante, et quel remède ; l’oracle répond qu’elle doit se lever avant midi, et quelquefois se servir de ses jambes pour marcher : elle lui déclare que le vin lui est  nuisible ; l’oracle lui dit de boire de l’eau ; qu’elle a des indigestions, et il ajoute qu’elle fasse diète. Ma vue s’affaiblit, dit Irène ; prenez des lunettes, dit Esculape : je m’affaiblis moi-même, continue-t-elle, et je ne suis ni si forte ni si saine que j’ai été ; c’est, dit le dieu, que vous vieillissez : mais quel moyen de guérir de cette langueur2 ? Le plus court, Irène, c’est de mourir, comme ont fait votre mère et votre aïeule : Fils d’Apollon, s’écrie Irène, quel conseil me donnez-vous ? Est-ce là toute cette science que les hommes publient, et qui vous fait révérer de toute la terre ? que m’apprenez-vous de rare et de mystérieux, et ne savais-je pas tous ces remèdes que vous m’enseignez ? Que n’en usiez-vous  donc, répond le dieu, sans venir me chercher de si loin, et abréger vos jours par un long voyage ?

1. M. de MONTAIGNE. Essais, Livre i, chapitrexx, «Que philosopher c’est

 

apprendre à mourir », 1595. adaptation en français moderne par André Lanly.

 

2. J. de FONTAINE, Fables, Livre i. fable xiv, « La Mort et le Bûcheron », 1668.

 

3. J. de LA BRUYÈRE, Les Caractères, chapitre xi, « De l’homme », 1688.

 

4. A. CAMUS. Le Mythe de Sisyphe, 1942.

 

• Question

Comment l'homme réagit-il à la pensée de sa mort inéluctable dans les quatre textes du corpus ?

Vous traiterez ensuite, au choix, l'un des sujets suivants

• Commentaire

Vous commenterez le texte de La Bruyère (texte 3).

• Dissertation

Pour nous faire réfléchir sur la mort et la destinée humaine, la littérature peut choisir de faire rire ou de susciter la pitié. Selon vous, laquelle de ces deux voies est la plus favorable à la réflexion ?

Vous justifierez votre réponse en vous fondant sur les textes du corpus ainsi que sur les textes et œuvres que vous avez étudiés et lus.

• Écrit d'invention

« C'est pendant ce retour, cette pause, que Sisyphe m'intéresse », dit Albert Camus dans Le Mythe de Sisyphe (texte 4). Imaginez, à la suite de cette phrase, les pensées de Sisyphe au moment où il redescend la pente et s'apprête à la gravir de nouveau, en poussant le rocher.

Votre texte pourra prendre la forme d'un monologue à la première personne ou restituera les réflexions du personnage à la troisième personne.

=► Il existe toute une gamme avant le rire en partant de la complicité et du sourire.

 

, Certains genres littéraires recourent-ils plus à certaines stratégies qu'à j d'autres ? Qu'en est-il selon les mouvements littéraires ?

 

Élaborer le plan

 

Le plan est critique.

 

Partie I : certes faire rire permet de faire réfléchir le lecteur sur la mort et la destinée humaine.

 

Partie II : mais susciter la pitié offre également cet avantage.

 

Partie III : par conséquent l'idéal est d'adapter la stratégie choisie au lectorat visé.

« 222 commençant en janv ier.

Il n'y ajuste que quinze jours que j'ai dépassé trente-neuf ans ; il m'e n faut pour le moins encore autant ; s' embarr asser en attendant de la pensée d'une chose aussi éloignée, ce serait folie.

2s Mais quoi ! les jeunes et les vieux abandonnent la vie dans les même conditions.

Nul n'en sort autrement que comme s'il venait à l'i nstant d'y entrer.

Ajoutez qu' il n'y a pas d'homme si décrépit soit-il qui, tant qu 'il n'a pas atteint l'âge de Mathusalem4, ne pense avoir encore vingt ans dans le corps.

En outre, pauvre fou que tu es, qui t'a établi les limites 10 de ta vie ? Tu te fondes sur ce que disent les méde cins.

Regarde plutôt la réalité et l'expérience.

1.

Le faire aller à reculons pour qu'il ne voie pas où il va.

2.

Lucrèce, de Rerum Natura, IV, v.

472.

3.

Le pronom > désigne le>.

4.

Mathusalem est un personnage mort, d'après la Bible, à 969 ans.

Te xte 2 Jean de la Fontaine, Fables, « La Mort et le Bûcheron »,1668 Un pauvre bûcheron tout couvert de ramée ', Sous le faix2 du fagot aussi bien que des ans Gémissant et courbé, marchait à pas pesants Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.

s Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur, ll met bas son fagot, il songe à son malheur.

Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ? En est-il un plus pauvre en la machine ronde? Point de pain quelquefois, et jamais de repos : 10 Sa femme, ses enfants les soldats, les impôts, Le créancier et la corvée Lui font d'u n malheureux la peinture achevée.

ll appelle la Mort.

Elle vient sans tarder, Lui demande ce qu'il faut faire.

1s C'est, dit-il, afin de m'aider À recharger ce bois ; tu ne tarderas guère3 ».

Le trépas vient tout guérir ; Ma is ne bougeons d'où nous sommes : PLUTÔT, SOUFFRIR QUE MOURIR, 20 C'est la devise des hommes.

1.

Branche coupée avec ses feuilles.

2.

Poids.

3.

Tu ne seras pas retardée.. »

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