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L'humanisme

Publié le 14/01/2020

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humanisme

Née à la Renaissance, la notion d’humanisme a beaucoup évolué. Il faut attendre le xix° siècle pour voir apparaître le mot humanisme mais, dès le xve siècle, umanista est un terme d’argot employé dans les universités italiennes pour désigner les professeurs enseignant ce que l'on nommait en latin tes studia humanitatis (grammaire, rhétorique, histoire...), disciplines que l’on appelle aujourd’hui « sciences humaines ». Gargantua est, à bien des égards, un roman fidèle aux idéaux de l’humanisme de la Renaissance.

LE RETOUR AUX SOURCES ANTIQUES

L’humanisme se caractérise par une conception du savoir en rupture avec celle en vigueur au Moyen Âge. Les lettrés de la scolastique médiévale avaient pris l’habitude d’étudier les ouvrages antiques à l’aide de commentaires rédigés sous le contrôle de l’Église. À la fin du xve siècle, les humanistes - qui étaient professeurs, médecins, juristes... - reprochèrent à leurs prédécesseurs d’accorder trop d’importance à ces gloses1, de s’y consacrer exclusivement, au détriment du texte. Le Moyen Âge scolastique fut ainsi (injustement) accusé d’avoir oublié le savoir antique, de l’avoir étouffé sous des commentaires interminables et inutiles.

Dans Gargantua, tes premiers précepteurs, Jobelin Bridé et Thubal Holoferne, représentants de la pédagogie scolastique

Il faut cependant nuancer cet appétit de connaissances. Le , xvie siècle adopte en effet une attitude ambiguë à l’égard du savoir. On le glorifie mais on s’en méfie aussi, car on refuse une culture qui ne débouche pas sur la charité, sur l’utilité commune : les savants ont le devoir de se cultiver davantage, mais pour mettre ensuite leurs connaissances au service des hommes.

C’est l’une des raisons pour lesquelles Gargantua oppose deux catégories de savoirs : d’une part celui de Ponocrates, qui s’avère utile à la collectivité puisqu’il forme le bon prince Gargantua et qu’il participe à « la restitution des bonnes lettres » et à l'élimination de l'ignorance (chap. ix, p. 108) ; d’autre part celui de Thubal Holoferne et Jobelin Bridé, stérile et fermé sur lui-même (chap. xv, p. 144).

Les humanistes font par conséquent l’éloge d'une certaine ignorance - non pas celle de l’illettré, mais celle du savant qui sait rester humble. Le très érudit Érasme, par exemple, dit que « mieux vaut être moins savant et aimer plus, qu’être plus savant et ne pas aimer ». Les premiers humanistes français se réclament ainsi souvent de Socrate. Ce vieux sage disait en effet ne savoir qu’une seule chose : qu’il ne savait rien. Or Socrate est la figure centrale du Prologue de Gargantua, « sans conteste prince des philosophes » (p. 46).

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« détestée par les humanistes, pratiquent un enseignement stu­ pide.

Ils font lire au géant une multitude de commentaires, qui l'occupent " plus de dix huyt ans et unze moys ,, (chap.

xiv, p.

144).

Cette durée comique signifie que Gargantua perd son temps.

L'un de ces livres s'intitule même le Supplementum -un commentaire (un " supplément ,, d'informations ajouté à un livre)-, dont on ne sait ce qu'il commente.

Cela suggère que, pour ces mauvais précepteurs, un commentaire vaut pour lui-même et que la source commentée est sans importance.

Cette satire plonge donc le lecteur au cœur de la doctrine humaniste.

Rabelais préfère, au contraire, l'accès direct aux textes.

Outre l'éducation dispensée par le sage Ponocrates, qui accumule les références antiques, l'exposé d'Eudémon reflète ce point de vue: le jeune page impressionne son auditoire par sa maîtrise d'un art de la parole appris directement à la source.

Il est du reste qualifié de jeune homme " de maintenant ,, (chap.

xv, p.

146), pour signaler qu'il a été formé à l'école humaniste, c'est-à-dire à la pédagogie nouvelle.

LES cc BONNES LETTRES » Le contact immédiat avec les sources antiques a une fonction morale.

Les humanistes glorifient en effet ce que l'on appelle aujourd'hui les " belles lettres "· On préférait alors l'expression latine bonre literre, les " bonnes lettres ,., car, pour les huma­ nistes, l'étude des grands auteurs rend meilleur, plus humain.

Selon une formule célèbre d'Érasme (l'un des maîtres à penser de l'humanisme) tirée de son manuel d'éducation -De pueris, qui a beaucoup influencé Rabelais -, " on ne naît pas homme, on le devient ,., et cela grâce aux bonnes lettres qui humanisent l'homme en l'aidant à prendre conscience qu'un lien de fraternité charitable l'unit, en Dieu, aux autres hommes.

En se livrant à de savantes études, les humanistes œuvrent donc à l'amélioration de l'humanité.

Ils considèrent que l'homme ne peut s'élever sans l'aide de ces " bonnes lettres qui le sont 44 PROBLËMATIQUES ESSENTIELLES. »

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