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L'Île des esclaves Scène 6 de Marivaux

Publié le 14/06/2012

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B Les relations entre les personnages:

 1 relation de complicité, qui se manifeste par des rôles strictement parallèles:  - CL donne l'idée de l'entretien amoureux, et les deux valets s'emploient avec autant d'initiative à le préparer puis à le jouer.  - Arlequin suggère ensuite de conquérir les maîtres, et tous deux à nouveau en fixent chacun les règles. Leur dialogue est marqué par autant d'injonctions et de conseils. Cette fusion renforce le clan des valets comme elle exclut les maîtres dans le même silence consterné. Si le mot de "lutte des classes" a quelque sens dans la pièce, ce n'est jamais autant que dans cette scène où le théâtre sépare l'une et l'autre et consacre la liberté imaginative des domestiques.  - De la même manière, les deux valets rivalisent de verve dans la parodie du langage galant. Ils en reprennent tous les poncifs, révélant par là quels spectateurs, voire quels espions, ils ont su être :  * le vocabulaire : grâces, flammes, feux, affaire appartiennent au code précieux ;  * l'évitement du pronom de la présence ("quand on se trouve en tête à tête, on n'en croira rien, vous ne persuaderez pas, faut-il vous dire qu'on vous aime") marque une distance aristocratique ;   

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« - De la même manière, les deux valets rivalisent de verve dans la parodie du langage galant.

Ils en reprennent tous les poncifs, révélant par là quelsspectateurs, voire quels espions, ils ont su être :* le vocabulaire : grâces, flammes, feux, affaire appartiennent au code précieux ;* l'évitement du pronom de la présence ("quand on se trouve en tête à tête, on n'en croira rien, vous ne persuaderez pas, faut-il vous dire qu'on vous aime")marque une distance aristocratique ;* les interjections (palsambleu!), l'abus des exclamations et des interrogations expriment les désordres du coeur ;.* la fausse pudeur est particulièrement singée par Cléanthis, qui prétend résister pour n'appeler qu'à plus d'assauts. 2 Cependant les personnages diffèrent sensiblement.

On a vu comment ARLE désamorçait par le rire le jeu galant, pendant que Cléanthis s'identifiait à sonpersonnage.A cette bouffonnerie, le valet substitue une entreprise jugée raisonnable qui pourrait être beaucoup plus subversive: se faire aimer des maîtres paraîtconcevable à qui se trouve "un visage de condition" ou ne s'estime "pas désagréable".

Cléanthis trouve même à cette occasion un argument sur lequel ledramaturge ne s'étendra pas, mais qui constitue un réquisitoire révolutionnaire :"me voilà dame et maîtresse d'aussi bon jeu qu'une autre : je la suis par hasard; n'est-ce pas le hasard qui fait tout ?" Justifier par le hasard la différence des conditions est en effet priver l'aristocratie de toute légitimité.

Trivelin dira lecontraire (et la morale de la pièce aussi) lorsqu'il présentera cette différence comme "une épreuve que les dieux font sur nous".Pourtant Cléanthis se prend à son propre jeu.

Jouer à la grande dame ne tarderait pas, sans Arlequin, à la transformer durablement: le langage, ici, fait lemoine:- Après quelques répliques galantes, Cléanthis avoue que pour aimer Arlequin, "il ne s'en fallait pas plus que d'un mot",- Lorsqu'elle demande à Arlequin de parler pour elle à Iphicrate, c'est en vertu de codes de bienséance qu'elle semble idéaliser.

On peut penser ici encore àMolière: dans la première scène de Dom Juan, Sganarelle fait le portrait de son maître en pérorant, et, bien qu'il renâcle à servir "un grand seigneur méchanthomme", nous le voyons dans la pièce l'imiter maladroitement.

Arlequin, au contraire, ne se fait pas faute de se révéler moins complaisant en rappelant àCléanthis que "le grand monde n'est pas si façonnier".CONCLUSION Scène de comédie qui renouvelle donc efficacement l'enjeu dramatique: nous attendions une libération des valets, c'est chose faite et allègrement! Mais cette scène sait aussi suggérer une autre attente, dont Arlequin est le centre.

Personnage plus authentique que Cléanthis, il lance une nouvelle entreprisedont la charge lui incombe d'abord.

Sa sensibilité, son bon naturel peuvent cependant laisser le spectateur incertain sur ses chances de succès dans la conquêted'Euphrosine.. »

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