LITTERATURE: «L 'Heptaméron»

Quelque plaisant exercice pour passer le temps. Composé après 1540, L'Heptaméron est l'œuvre de Marguerite d'Angoulême, sœur de François 1er et reine de Navarre. A sa cour de Nérac, elle a réuni poètes et beaux esprits et, dans le Recueil de Contes ou Nouvelles de la reine de Navarre, elle exprime autant les mille nuances de son cœur et les finesses de son intelligence que les aspirations de l'élite cultivée de la France de la Renaissance.  Le prologue explique les origines de l'ouvrage et rappelle l'alliance étroite qui unit alors le pouvoir et l'esprit. Dame Oisille (Louise de Savoie, mère de Marguerite) a réuni autour d'elle quelques personnes de la noblesse «pour après-dîner, jusqu'à vêpres«. Elle se propose d'imiter Boccace dont les cent nouvelles «nouvellement traduites d'italien en français« sont tant prisées à la cour royale. Mais elle entend «n'écrire nulle nouvelle qui ne soit véritable histoire«. Ainsi naissent ces récits d'aventures vécues de gentilshommes, de prêtres et de moines, où se retrouvent la séduction des jeunes filles dans ses rythmes éternels, les stratagèmes employés pour tromper les maris et les tuteurs, les tourments des passions épurées ou contrariées, les échecs de l'ambition, les méfaits de la jalousie: au total, on a là une peinture psychologique raffinée aux mille nuances, au langage évocateur. Un exemple: celui du conte des «deux amants qui, par désespoir d'être (non) mariés ensemble, se rendirent en religion«.