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LITTERATURE: Le classicisme

Publié le 26/10/2009

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L'esprit du Grand Siècle. L'esprit classique s'est formé, entre 1600 et 1660, sous l'impulsion du poète Malherbe, surnommé le «régent du Parnasse«; poète de cour, protégé d'Henri IV puis de Louis XIII, ce dernier attaque ses prédécesseurs, les écrivains de la Pléiade; il leur reproche leurs négligences de style, la liberté anarchique de leur vocabulaire; il exige l'épuration de la langue, la clarté, la modération dans le lyrisme.  Au début du règne de Louis XIV, la génération de 1660 suit volontiers ce précurseur dont les idées correspondent à l'idéal de perfection et d'ordre de l'orgueilleux monarque. Désormais, le bon style est indispensable à la beauté; il exige un choix, une volonté; les perles qu'il produit prennent le nom d'«atticismes«, car c'est l'Antiquité qui sert de modèle. Elle est l'inspiratrice des grands sujets; la tradition des Anciens garantit l'authenticité, la noblesse et l'élévation des sentiments, ainsi que le pensera toujours Racine. L'architecte et théoricien Félibien est du même avis: «...Il est certain que peu de personnes sont capables de découvrir toute la finesse qui est dans les sculptures antiques, parce qu'il faut pour cela un esprit proportionné à ceux des sculpteurs qui les ont faites et que ces hommes avaient le goût sublime, la conception vive et l'exécution exacte et spirituelle. Ils ont fait un choix épuré de la belle nature et ont exactement remédié à l'impuissance où la matière qu'ils employaient les mettait de tout imiter.«

« Le classicisme est une doctrine littéraire et artistique fondée sur le respect du modèle classique : en littérature, elleest formée d'un ensemble de principes élaborés à partir d'une réflexion suscitée par l'antiquité classique.

Lesécrivains classiques respectent les anciens et conviennent de la nécessité, sinon de les imiter, au moins de s'eninspirer.

Les auteurs du XVIle siècle et principalement ceux qui écrivent entre 1660 et 1680 — La Fontaine, Racine,Molière, Boileau, Bossuet — sont des classiques.

Leur art vise, en observant les principes de la doctrine classique, àcréer une oeuvre aussi parfaite que possible.

Belle, !'oeuvre sera également morale : l'art des classiques a donc pourbut le plaisir, mais surtout l'épanouissement de l'homme.Dans le domaine des beaux-arts, Raphaël, Le Titien, l'architecte Palladio, en Italie, sont des classiques.

En France,le classicisme s'épanouit, en architecture, en peinture et en sculpture, dans la seconde moitié du XVIle. Genèse et prolongements de la doctrine classiqueLe prestige de la pensée d'Aristote, grand jusqu'au début du XVIII' siècle, explique l'intérêt que l'on a porté à sesréflexions sur la création littéraire.

Sa Poétique, traduite en latin en 1498, éditée en grec en 1503, a suscité trèstôt, en Italie, de nombreux commentaires : ce sont les commentateurs italiens du philosophe —notamment Vida,Scaliger et Castelvetro — qui serviront de relais à la diffusion de sa pensée esthétique en France.La doctrine classique naîtra donc de la réflexion des Français sur les commentateurs italiens du philosophe grec,pendant une trentaine d'années, entre 1630 et 1660, environ.

Exemplairement, Chapelain, médiocre poète maiscritique avisé, recommande : « Respect de la règle, culte des anciens et de la raison, conception utilitaire de lapoésie, principe de la vraisemblance, règle des unités.

»Les grands écrivains du XVIIe siècle français réaliseront leurs oeuvres selon les principes du classicisme.

Mais il n'yaura pas unanimité sur ce qui fait le fondement de la doctrine.

Déjà, un Pascal considère que les anciens étaientnouveaux pour leur temps.

Il y aura donc, dès le début du siècle, face à la tradition représentée par le classicisme,une réticence due à l'esprit moderne et à la notion de progrès artistique, découlant de la notion de progrèsscientifique.A la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, la « Querelle des anciens et des modernes » illustrera la divergencedes points de vue.

Aux partisans des « anciens » (La Fontaine, Boileau) qui prônent le culte de l'Antiquité, lestenants des « modernes » (Perrault, Fontenelle) opposent, notamment, l'idée de progrès et la critique du principed'autorité.Sans entrer dans les détails de cette polémique, on notera comme ses phases les plus anodines reflètentl'importance prépondérante qu'avait alors, dans les deux camps, la culture classique.

Ainsi en 1683, un érudit,Charpentier, ayant composé en français — et non en latin — des légendes pour des tableaux à Versailles est pris àpartie et se justifie en plaidant pour les qualités de la langue française.

En 1699, une helléniste, Madame Dacier,publie une traduction en prose de l'Iliade.

Houdart de La Motte l'adapte en vers, sans se référer au texte grec, en1713.

D'où protestation de Madame Dacier et justification de l'adaptateur.

Ces prétextes peuvent aujourd'huiparaître minces : ils n'en sont pas moins révélateurs de la passion animant les intellectuels de l'époque et del'ampleur de leur débat sur la culture classique.Mais au fond, comme le montrent les positions conciliantes adoptées pour clore la « querelle » par Saint-Evremond(Sur les Poèmes des Anciens, 1685) et par Fénelon (Lettre à l'Académie, 1714), nul ne contestait les bienfaits de laculture classique, ni l'admiration due aux anciens.

Ceux-ci demeuraient les grands initiateurs. La question était de savoir s'il fallait conserver à leurs oeuvres valeur de référence absolue ou s'il était permis deproposer aux créations littéraires des ambitions nouvelles, à partir des indiscutables acquis de l'Antiquité. Les principes de la doctrine classique Le premier de ces principes est évidemment l'imitation des anciens, une imitation non pas aveugle mais justifiée aunom de la raison : ainsi, le but de l'art étant d'imiter la nature et celle-ci ayant parfaitement et judicieusementinspiré les auteurs anciens, on la rejoint plus sûrement en les imitant.

Et dans le vaste champ de la nature, l'homme,avec ses passions, sa psychologie, sera le plus intéressant.

Mais il ne faudra point le peindre avec un réalisme tropchoquant.

Il faudra respecter un principe de convenance, c'est-à-dire d'harmonie, à la fois entre les composantesde l'oeuvre, qui sera construite et équilibrée, et entre l'oeuvre et le public à qui elle sera destinée.Car, à Aristote, les classiques emprunteront encore la théorie du vraisemblable, qui n'est pas le réel ni le possible,mais qui est une conception fluctuante parce que liée à la sensibilité des lecteurs.

L'oeuvre, du reste, s'adressera àtous et l'imagination, la curiosité, l'intérêt de chacun seront sollicités par le « merveilleux ».

Chapelain précise que «la nature du sujet produit le merveilleux lorsque par un enchaînement de causes non forcées ni appelées du dehors,on voit résulter des événements ou contre l'attente ou contre l'ordinaire ».Pour plaire, l'oeuvre doit donc être vraisemblable, respectueuse des bienséances, universelle dans sa portée commedans les sujets traités et elle devra susciter l'intérêt du lecteur.

Ajoutons la règle des trois unités : l'unité d'actionet l'unité de temps sont dans Aristote; le théoricien italien Maggi a déduit l'unité de lieu de l'unité de temps, au XVIesiècle.

Enfin, la doctrine classique impose la distinction des genres. En tempérant par la raison les excès de la sensibilité et de l'imagination, on pourra créer une oeuvre d'excellence,visant à la fois la perfection esthétique et l'élévation morale. Ambiguïtés, contradictions et fortune du classicisme La notion de classicisme n'est pas exempte d'ambiguïtés.

D'abord, il y a celle de la raison.

Les modernes s'en. »

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