Devoir de Philosophie

Livrant ses réflexions sur Victor Hugo en 1861 dans un article important, Charles Baudelaire écrit : «L'excessif, l'immense sont le domaine naturel de Victor Hugo ; il s'y meut comme dans son atmosphère natale.» À la lumière de votre lecture des Châtiments, vous commenterez cette appréciation.

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

hugo
Les rapports entre Baudelaire et Hugo furent, ;toujours compliqués. Courtisant l'illustre maître, se posant dans un sens comme son disciple poétique, Charles Baudelaire brûlait en même temps de voler de ses propres ailes, de livrer sa propre création. Dans un article paru en 1861, sous le second Empire, pendant l'exil de Victor Hugo, transparaît cette ambivalence baudelairienne dans un jugement fait à la fois d'admiration et de causticité. On sent ainsi l'ironie dans cette phrase : «L'excessif, l'immense sont le domaine naturel de Victor Hugo ; il s'y meut comme dans son atmosphère natale.» Cette remarque un peu moqueuse nous livre pourtant l'un des secrets du génie hugolien notamment dans son recueil des Châtiments.
hugo

« L'écriture du pamphlet va quelquefois jusqu'à l'insulte et la caricature.

Ces excès sont volontaires.

Victor Hugodit, dès la préface de Cromwell, qu'il ne veut pas «d'un vers qui fait la petite bouche», il veut également marquer Napoléon III au fer rouge.

Les invectives se succèdent : brigand, chien, gueux,...

Les vers sont sansnuances : «te voilà, nain immonde, accroupi sur ce nom...» 2. L'extrême 3. Le vers est excessif car Victor Hugo rêve d'une parole extrême, une parole qui serait action, fer rouge ou poignard.La vraie parole performative serait une parole qui pourrait tuer symboliquement ou réellement. «Ah ! Quelqu'un parlera.

La muse, c'est l'histoire. Quelqu'un élèvera la voix dans la nuit noire, Riez, bourreaux bouffons ! Quelqu'un te vengera, pauvre France abattue, Ma mère ! et l'on verra la parole qui tue Sortir des cieux profonds» Joyeuse vie, III, IX) III.

L'excessif, l'immense au niveau de l'énonciation Cette rhétorique de l'excessif, de l'immense est si consubstantielle à Victor Hugo qu'elle marque autant l'énonciationque l'énoncé. La répétition L'énonciation se marque d'abord par la répétition.

Les commentateurs ont souvent souligné la relativestabilité du corps même des Châtiments.

Victor Hugo répète fort pédagogiquement et de manière variée inlassablement les mêmes dogmes : Napoléon III est un usurpateur entouré de bandits, le peuple au nom du droit doit se soulever et restaurer la République.

Les mêmes thèmes se succèdent : fausseté duclergé, trahison de l'armée impériale, mensonges des juges...

Deux poèmes ont fort symboliquement lemême titre : Au peuple.

Des phrases clés reviennent : «ils ont voté».

L'excès se voit aussi au niveau de l'énonciation.

Il sert, en fait, une esthétique de la totalité. 1. Une esthétique de la totalité 2. L'esthétique de la totalité se met au service de la voix poétique.

Il s'agit, pour Victor Hugo, de se placer àcôté de Dieu.

L'oeuvre est immense à la fois parce qu'elle met en scène la lutte entre le bien et le malmais aussi parce que Dieu parle à travers elle.

De temps en temps, le je s'absente du texte pour laisserplace à une voix sans source, une voix sans origine : «la voix sortira des cavernes (I, 1). Conclusion Ainsi, Baudelaire dit vrai lorsqu'il parle chez Victor Hugo d'une esthétique de l'immense et de l'excessif.

Si le verbeest immense, c'est parce que l'entreprise est épopée, si la parole est excessive, c'est parce qu'elle est divine et quele poète est un prophète.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles