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L'OEUVRE DE BERNARDIN DE SAINT-PIERRE

Publié le 30/05/2012

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bernardin

Bernardin de Saint-Pierre a encore ceci de commun avec Chateaubriand,

que sa puissance de retenir et de renvoyer les images

dépasse infiniment sa capacité de comprendre ct de rendre les

idées. Ce piteux philosophe est un grand peintre. Si on ne lit ses

Études de la nature que pour y chercher de pures notations d'impressions

sensibles, des images de sons, de couleurs, de mouvements,

on sera souvent charmé. Il explique ridiculement la création

: mais il a bien regardé les créatures. Et il nous habitue à

les regarder. Prises comme enseignement d'art, ces études sont

étonnantes par la justesse des indications qu'elles donnent sur les

formes que l'univers offre pour matière à l'artiste. Ses descriptions

ont cette précision serrée des détails qui en révèle l'origine ...

bernardin

« bénir c'était un nerveux, inquiet, chagrin, pétri de fierté et d'amour-propt·e, ambitieux, aventureux, toujours mécontent du présent, el toujours ravi dans l'avenir qui le dégoûtait en se réa­ lisant, un solliciteur aigre, que le bienfait n'a jamais satisfait, mais a souvent humilié, un égoïste sentimental, qui aimait la nature, les oiseaux, les lieurs, et qui a sacrifit à ses aises, à ses goûts, les vies entières des deux honnêtes ct douces femmes qu'il épousa successivement : il accepta ces dévouements béatement, sereinement, comme choses dues, sans un mouvement de recon­ naissance, sans même les apercevoir.

Jamais caractère d'écrivain ne fut plus en contradiction avec son œuvre.

Et cependant cette œuvre s'explique par son caractère.

La société le froisse : il se rejette vers la nature.

Il la regarde et l'interprète selon le besoin de son cœur; il y réalise son rêve d'ordre, d'har­ monie, de bonté universelle, que la société avait trompé.

Le malheur, c'est que le pauvre homme veut expliquer la nature sans être savant, et en se passant de la science.

A chaque page des l~tudes de la nature, son ineptie scientifique éclate : il n'y a que lui qui à cette date puisse douter de la puissance des méthodes.

Il n'y a que lui aussi qui puisse trouver des arguments en faveur du mouvement du soleil autour de la terre.

Il est désolant de suf­ Hsance sentimentale, quand il rejette sans la comprendre la théorie du renflement de la terre vers l'équateur, et rend compte du flux et du reflux, ou du déluge, par la fonte des glaces polaires.

Com­ pagnon des dernières promena.,Ies de Rousseau, il répète les leçons de son maître comme un élève inintelligent.

Cette haute doctrine de la .Providence que Rousseau avait relevée, Bernardin de Saint­ Pierre la compromet dans de ridicules applications, dans des rai­ sonnements niais.

Tout l'univers est une machine artistement montée par la Providence pour pr9curer le bien-être de l'homme : ce ne sont qu'harmonies, concerts, convenances, consonances, prévoyances, sans parler des compensations qui sont encore des citations.

Toute sorte de plans politiques l'occupent, il envoie mémoires snr mémoires aux minisll'es, sans oublier les mémoires de ses services et de seS droits, se fâche des gratifications pécuniaires qu'on lui accorde, et les empoche après s'être fâché.

La misè1·e le déoide a écrire : son Yoyage à l'ile de France (1773), ses E'tudes de la nature (1784) le font célèbre, et Louis XV! le nomme Intendant du Jardin des Plantes.

La Révolution lui enlève ses places et ses pensions : elle en fait un profes­ scnr il l'Ecole Normale.

Napoléon et le roi Joseph lui rendent plus qu'il n'a perdu.

1\Iarié deux fois, père d'un Paul ct d'une Virginie, il jouit de sa gloire aussi paisi­ blement que son carur.L•'re quinteux le lui permet.

Il menrt en 1814, a Éragny-sur­ Oise, où il avait sa campagne.

Éditions : Œuvres complètes, 1813-1820, 12 vol.

in-12; 1833, 2 vol.

in-8.

Corres­ pondance, 4 vol.

in-8, 1826.

-.A consulter : Arvède Barine, Banardin de Saint­ Pierre, Colt des Gr.

écrivains français, iu-16, 1891; F.

Maury, Ji' tude sur la vie el lrs œllt'I'I!S de B.

de .S.-P., Pal'i:;, 1892, in-8.. »

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