L'OEUVRE DE MONTAIGNE
Publié le 02/06/2012
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Il savait bien son fort et son faible : et. nous ne pouvons mieux faire pour metlre en lumière les charmantes qualités de sa forme que de les lui demander à lui-même. «Je prends de la fortune le premier argument : ils me sont également bons, et ne desseigne jamais de les traiter entiers : car je ne vois le tout de rien .... De cent membres et visages qu'a chaque chose, j'en prends un, tantôt à lécher seulement, tantôt à effleurer, et parfois à pincer jusqu'à l'os : j'y donne une pointe, non pas le plus largement, mais le plus profondément que je sais, et aime plus souvent à les saisir par quelque lustre inusité. De cette libre allure vient cette ....
Quant à sa langue, je ne sais si elle est aussi personnelle qu'on le croit : Montaigne a inventé moins qu'on ne l'a dit et dans son vocabulaire et dans sa syntaxe. Il a usé du latinisme largement, comme tous ses contemporains : il a provigné les vieux mots, il a dit esclaver, fantastiquer, grenouille!', etc. : si les mots sont de lui, le principe est de Ronsard. Il a usé insouciamment de son gascon : comme est ce mot de revirade qu'il met quelque part; mais le gascon est pour lui ce qu'est le wallon ou le vendomois pour Ronsard, un dialecte apte à suppléer aux défaillances du français...

«
retira chez lui, dans son château de Montaigne en Périgord; ct là, sans souci de la guerre civile qui embrasait tout le Midi, il jouit de sa douce oisiveté de gentilhomme campagnard.
Il
avait l'esprit vif : dégagé des soucis pratiques et des affaires, il
lut, il regarda les hommes, il se regarda lui-mème, réfléchissant,
conférant, ratiocinant, habile a extraire d'un fait une idée; il fit
ainsi la revue de toutes ses opinions, préj ug(~s, croyances, connais
sances, et ce faisant, il fit le tour des idées de son siècle.
Il mena une vaste enquête qui aboutit à classer, à trier, parmi l'immense et confus apport de ces cent années qui avaient trouvé le nouveau
monde et ressaisi l'ancien, ce qui pouvait être utile, à Montaigne
sans cloute d'abord, mais elu mème coup à ses concitoyens, et à
tous les hommes qui auraient la tête faite comme lui : tout ce
qu'il garda fut soigneusement expertisé, " contre-rôlé », ajusté, adapté, pour l'usage de l'intelligence.
Le résultat fut, au bout de elix ans, à peu près, de voluptueuse
étude, deux livres d'Essais qui parurent à Bordeaux en 1580.
Huit
seill~r au Parlement de Bordeaux.
Il y fut \~ollègue de La Boélie, avec qui il se lia vers 1559, et qu~ mourut e(l '1563.
Il épousa en 1535 Françoise de la Chassage1 d'une famille de robe bordelaise, et en eut six filles, dont une seulo vécut.
JI résigna son office de conseiller en 1570, ct reçut en 1:571 l'ordre de Saint-Michel.
Il voyagea en Allemagne et en Italie (1580 ct 1581) ct obtint à Rome des lettres de bourgeoisie; en même temps une cen~ure bénigne y atteignit les Essais.
En son absence, il fut élu maire de Bordeaux, et réélu en 1533.
Sur la fin de sa seconde magistrature, la peste désola Bordeaux: Montaigne se tint à Libourne, en bon air.
Il joua un certain rôle' pendant les troubles, d'abord pour pré:;erver la ville de Bordeaux pendant les qnatre années de sa mairie, mais aussi dans la politique générale comme nég-ociateur, intermédiaire ct confident: les chefs des partis le recherchaient pour sa modération, sa sùreté ct sa pénélration.
Il fut royuli5tc sans fanatisme, scl'vant Hcnt•i Ill~ 111uis rer.onnaissant d~jà dans le roi ùe Navarre le légitime héritier de la couronne.
ll le recoit a Montaigne en 1;:)31.
En 153~, ét:tnt h.
Pari~, il est mis nn jour à la Bastille pa~ la Ligue.
Il assiste aux.
É~als tla Bluis, o;I ÉLieune Pasqnier nuus dit aYo·r Cù!l Yersé.
»
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