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L'OEUVRE DE PASCAL

Publié le 31/05/2012

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Enfin, la diffusion de l'incrédulité est chez nous un cas de l'influence italienne. Vanini, brûlé à Toulouse en 1619, laissa des disciples dans notre midi : Théophile l'y a coflnu. Sans ajouter foi aux chiffres donnés par le Père Mersenne (une statistique en pareille matière ne saurait être, même approximativement, exacte), nous devons croire que les libertins furent très nombreux sous Louis XIII : nombr~ de témoignages l'attestent. Il y en avait de deux sortes : les philosophes et érudits formaient un premier groupe, discret, peu bruyant, ennemi du scandale, faisant extérieurement profession de respecter la religion; les uns se rattachaient à l'épicurisme relevé par Gassendi; les autres suivaient, avec Le Vayer, la doctrine sceptique.

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« PA SCAt.

44t La renaissance du catholicisme en France s'était marquée déjà par une recrudescence de l'ascétisme dans l'Église, par une flor~i­ son nouvelle de l'esprit monastique que la révolution intellectuelle du xv1e siècle avait paru d'abord devoir éteindre.

Nombre de com­ munautés, réformées ou nouvelles, feuillants, bénédictins de Saint-Maur, oratoriens, prètres de la Mission, compagnie de Saint­ Sulpice, trappistes, sœurs de la Charité, Illies du Calvaire, les unes contemplatives, d'autres actives, certaines studieuses, d'autres charitables, toutes ferventes et rigoristes, attestent, de la fin du xvie siècle jusque fort avant dans Je xv11•, la force du mouvement catholique.

Le jansénisme est un effet parmi les autres, et non la cause, de cette reprise vigoureuse de vil alité par laquelle la reli­ gion, si menacée naguère, va ressaisir la domination du siècle.

Mais Je jansénisme se distingue, d'abord parce que seul il est hétérodoxe, cc qui veut dire qu'il a une doctrine, une personnalité intellectuelle, une conception propre de la vie ct des rapports de J'homme avec le surnaturel; ensuite parce que seul il ne se développe point exclusivement dans l'Eglise: au contraire, il n'a point de péné­ tration dans le .clergé régulier, il est assez.la1·gement diffus parmi les compagnies de prètres telles que roratoire, il recrute surtout.

ses adhérents parmi les ccclésiast.iques séculiers et parmi les per­ sonnes pieuses de tout caractère.

Il est une doctrine, ct non pas un ordre: par là mème, comme on s'y lie par une adhésion libre de la raison, non par un engagement destructeur de la liberté, il est en son essence tout laique.

Et c'est ce qui le rendra propre à représente!' dans le siècle l'espl'Ït de toute la religion, c'est ce qui en fera l'adversaire par excellence et la barrière du libertinage intellectuel et moral.

C'est ce qui lui permettra, persécuté et vaincu dans ses opinions dogmatiques, d'étendre à travers la société son autorité morale, à tel point q11'il semblera avoir, aux yeux de la postérité, la direction du mouvement catholique dans la lutte contre l'irréligion.

Il faut nous arrêter un moment pour expliquer cette lutte.

1.

L'IRRÉLIGION AU DÉBUT DU XVll" SIÈCLE.

Le xviie siècle, de loin, paraît presque tout chrétien: à le rega1·dcr de près, on y distingue un fort courant d'irréligion, théorique et pra­ tique.

Le courant disparaît dans la seconde partie du siècle, sous l'é­ clat de la littérature catholique et sous la décence des mœurs impo­ sée par le grand roi.

Mais, entre 1600 et 1660, l'incrédulité s'étale 2 • 1.

A consulter: Le P.

Gnrasse, Doctrine e>trieuse des beau:r.

esprits de ce temps, 1623; Mémoires, éd.

Nisard, 1861.

L'Estoile, Tallemant, 1\:hne de Motteville, Guy Patin, Saint-Évremond, passim, Mémoires de Mathieu Molé (sur le proci" de Théophile).

F.

T.

Perrens, Les libertins au XVII• siècle, Paris, 1896, in-S.. »

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