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L'oeuvre de Racine

Publié le 27/06/2012

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Comme nous voudrions connaître mieux la vie intime de Racine (1639-1699) ! Nous devinons dans ses tragédies l'expérience encore frémissante de la vie amoureuse, parce que nous ne pouvons imaginer que des peintures si vraies soient dues au seul effort de l'imagination, à la seule connaissance livresque du coeur humain. Or nous savons bien peu de choses sur lui. Les âmes des gens d'alors restent secrètes; leurs vraies passions ne s'expriment pas dans leurs ouvrages; quant aux lettres, aux souvenirs divers que les Romantiques nous ont laissés avec tant de complaisance, nous ne savons si les classiques n'en rédigeaient pas, s'ils en assuraient la destruction ou si l'indifférence les laissait détruire. En tout cas, de même que nous n'avons pas une lettre de Molière, rien ne nous a été conservé qui jetât quelque lumière sur la vie sentimentale de Racine.

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« 168 RISTOIRE DE LA LITTÉRATURE fort libre se réunissait chez eux, nous n'ignorons pas la légèreté de mœurs de cette actrice, la complaisance du mari; nous devinons quelles rivalités pouvaient naître autour d'une femme si courtisée.

Nous savons qu'en 1677, l'année de Phèdre, l'année où Racine abandonne le théâtre, elle le quitte pour une liaison plus avantageuse.

Mais nous ignorons les remous intimes de cette passion.

Le caractère ombrageux et suscep­ tible de l'amant, et sa nervosité, la liberté du milieu où vivait sa maîtresse, où lui-même vivait, près d'elle, tout nous porte à croire que cette liaison dut être dou­ loureuse, traversée d'éclats; mais, encore une fois, nous n'en savons rien.

Pourquoi Racine, après de brillants débuts de poète lyrique, devint-il poète dramatique? Instinct tout puissant? Prétexte pour s'associer plus intimement à la vie d'une comédienne aimée? Désir de gloire rapide et lucrative? Sentiment qu'il restait, à côté du grand Corneille, toujours triomphant, une place à prendre pour proposer au public un théâtre nouveau, plus pro­ che de celui d'Euripide, plus proche aussi des romans à la mode? Nous ne pouvons répondre que par des hypothèses.

Quoi qu'il en soit, de 1664 à 1677, pendant treize ans, Racine sera uniquement un auteur drama­ tique.

Triomphant? Que non pas! Pas un de ses ouvrages dont le succès ne lui ait été âprement marchandé par des jalousies littéraires ou mondaines; les procédés les plus déloyaux furent employés pour faire tomber ses tragédies; loin de s'incliner devant le mérite de son œuvre, devant sa maîtrise accrue, les cabales se renforcent et deviennent de moins en moins scrupu­ leuses dans le choix des moyens.

Pourquoi ces haines? On discerne des mobiles d'ordre littéraire; ils semblent singulièrement faibles.

On devine d'obscurs conflits de coteries, des jalousies d'auteurs, des luttes d'influence, des rivalités de personnes, toute l'agitation confuse qui grouille autour de la chose littéraire dans le milieu alors si étroit où elle s'élaborait et se produisait.

Après Iphigénie (1674), Racine avait déjà failli renoncer à la lutte; Boileau, semble-t-il, devenu peut­ être son ami à cette occasion, le rassura.

Mais après Phèdre, il renonça définitivement à aborder le public.

On a discuté à l'infini sur les raisons de cet abandon.

Racine avait trente- huit ans; rien ne laissait percer. »

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