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L'oeuvre du jeune Racine

Publié le 30/04/2011

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racine

Le génie qui paraît dans Andromaque a bien éclaté d'un seul coup, mais non pas du premier coup. Racine a d'abord fait représenter deux tragédies où il ne fait que suivre successivement deux des modes dramatiques que nous avons étudiées. La mode héroïque et frénétique d'abord dans la Thébaïde. La pièce fut jouée en 1664. « J'étais fort jeune quand je la fis «, écrit Racine. Peut-être est-elle achevée, dans tous les cas elle est conçue dès le séjour à Uzès. Sans doute parce qu'il était fort jeune, Racine a voulu prouver qu'il était capable de manier aussi bien que le vieux Corneille et les autres les fureurs ou les adresses des ambitions déchaînées ou sournoises.

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« Un amant me retient ; une mère m'appelle ! Créon a joué d'abord le triomphe d'Etéocle ; mais un de ses fils combat avec Polynice et serait entraîné dans saruine.

Puis les stances où s'opposent les alternatives désespérées :Quelle est de mes malheurs l'extrémité mortelle ? Où ma douleur doit-elle recourir ? Dois-je vivre ? dois-je mourir ?— les imprécations, telles que celles de Jocaste :Le moindre des tourments que mon cœur a soufferts Egale tous les maux que l'on souffre aux Enfers...— les dialogues cornéliens, impérieux et sticho-mythiques. JOCASTE Mon fils, son règne plaît.POLYNICEMais il m'est odieux !JOCASTE Il a pour lui le peuple.POLYNICE Et j'ai pour moi les dieux ! La Thébaïde eut un honnête succès.

Le duc de Saint-Aignan, le plus illustre des grands seigneurs beaux esprits,l'Apollon des rébus, des impromptus et des bouts-rimés, en accepta la dédicace.

Mais, tout de même, ce n'était pasencore la gloire d'un Corneille.

Peut-être était-il plus facile d'obtenir celle d'un Quinault.

Racine écrivit donc unetragédie galante, une de celles où le héros se doit de sacrifier non l'amour aux grands intérêts, mais les grandsintérêts à l'amour.

Ce fut Alexandre le Grand y joué en 1665.Alexandre ne va pas, comme le Cyrus de Quinault, jusqu'à sacrifier la victoire, son peuple et sa vie pour ne pas êtreséparé de celle dont il s'est épris en un instant.

Mais du moins la victoire, la Grèce, et la vie ne l'intéressent plusque s'il peut conquérir l'amour de sa maîtresse : Mais hélas ! que vos yeux, ces aimables tyrans, Ont produit sur mon cœur des effets différents ! Ce grand nom devainqueur n'est plus ce qu'il souhaite ; II vient avec plaisir avouer sa défaite.Heureux, si votre cœur se laissant émouvoir, Vos beaux yeux à leur tour avouaient leur pouvoir !Maintenant que mon bras engagé sous vos lois Doit soutenir mon nom et le vôtre à la fois, J'irai rendre fameux parl'éclat de la guerre Des peuples inconnus au reste de la terre Et vous faire dresser des autels en des lieux Où leurssauvages mains en refusent aux dieux.

La gloire n'est donc plus pour Alexandre qu'un moyen d'être aimé.

C'est aussi le seul prix qu'elle a pour Taxile, « roidans les Indes » qui hésite entre l'amitié et la soumission que lui offre Alexandre et la lutte héroïque qui l'associeraità Porus, autre roi indien.

Il aime Axiane, « reine d'une autre partie des Indes », et Axiane veut la lutte et l'héroïsme.Il sera donc un héros : Les beaux yeux d'Axiane, ennemis de la paix, Contre votre Alexandre arment tous leurs attraits.

Reine de tous lescœurs, elle met tout en armes Pour cette liberté que détruisent ses charmes ; Elle rougit des fers qu'on apporte ences lieux Et n'y saurait souffrir de tyrans que ses yeux.

Il faut servir, ma sœur, son illustre colère... Seulement Axiane dédaigne le trop hésitant Taxile ; elle n'a d'yeux que pour l'inflexible Porus.

Taxile laissera doncPorus faire le héros tout seul.

Il sera l'ami d'Alexandre ; il sera méprisé d'Axiane, mais il continuera tout de même àl'aimer : Je l'aime.

Et quand les vœux que je pousse pour elle N'en obtiendront jamais qu'une haine immortelle, Malgré tousces mépris, malgré tous vos discours, Malgré moi-même il faut que je l'aime toujours. Et parce qu'il aime, il redeviendra héros ; il la servira contre Alexandre ; il prendra la place de Porus qui est mort,glorieusement.

Mais il se trouve que Porus n'est point mort et qu'il continue à se battre.

S'il vit, c'est la perte deTaxile puisque c'est lui qu'Axiane aimera.

Au lieu de lui venir en aide, Taxile va donc tenter de le pourfendre : Porus, il faut périr ou me céder la reine. C'est d'ailleurs Taxile qui périt sous les coups d'un Porus que seuls peuvent vaincre Alexandre le Grand — ou lesbeaux yeux d'Axiane.

Car, entre deux batailles, Porus lui-même sait soupirer dans les règles : Qu'attendez-vous, madame ? Pourquoi dès ce moment ne puis-je pas savoir Si mes tristes soupirs ont pu vous. »

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