L'ORIGINE DES ESSAIS DE MONTAIGNE

   La naissance d'un livre paraît exceptionnelle, surtout l'auteur aime l'entourer de mystère : il faut l'ombre Ecrivain du chêne de Vincennes pour que Rousseau trouve le principe de toute sa philosophie. La mort de sa mère et de sa sœur provoquent la conversion de Chateaubriand : « J'ai pleuré et j'ai cru «.    Les critiques, en revanche, incrédules et matérialistes par profession, démontent l'œuvre par le dehors comme le mécanicien un moteur : le Premier Discours de Rousseau serait né d'une discussion entre celui-ci et Diderot, terme d'une longue suite de tâtonnements, et le Génie du Christianisme résulterait d'une commande de libraire plutôt que d'une effusion de larmes.    Explications complémentaires plutôt qu'opposées. L'origine des Essais n'est ni si mystérieuse, ni si simple. Les chênes du Périgord et les vignes de la Guyenne y jouent leur rôle, mais plus encore l'exemple de M. de La Boétie, le goût du temps et les lectures de Montaigne.