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M. Pierre-Aimé Touchard écrivait dans une étude récente sur Molière : « L’auteur dramatique n’est auteur que parce qu’il est lui-même le théâtre d’un incessant conflit qu’il ne peut ni résoudre ni dépasser, et dont il essaye de se délivrer en l’objectivant, en le dépliant sous nos yeux. » Vous examinerez quelques exemples pour expliquer et au besoin discuter cette assertion.

Publié le 02/11/2016

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INTRODUCTION

 

Il n’est pas rare que la critique d’aujourd’hui s’inspire de la psychanalyse pour éclaircir le mystère de la création artistique et littéraire. Aussi peut-on lire sans surprise, dans une étude sur Molière, cette affirmation de M. P.-A. Touchard : « L’auteur dramatique n'est auteur dramatique que parce qu’il est lui-même le théâtre d’un incessant conflit qu’il ne peut ni résoudre ni dépasser, et dont il essaye de se délivrer en l’objectivant, en le dépliant sous nos yeux ». Sans surprise peut-être, mais non sans réaction : que penser en effet de ce tour si dogmatique et si exclusif : «... n'est auteur dramatique que parce que... » ? Ainsi se posent deux questions, qu’il conviendra d'éclairer par des exemples. Les conflits subconscients peuvent-ils être une source de l’inspiration dramatique ? En sont-ils la seule source ?

 

I. LES CONFLITS SUBCONSCIENTS DE L’AUTEUR S’EXTÉRIORISENT PAR L’AFFRONTEMENT DE SES PERSONNAGES

 

Beaucoup d’œuvres dramatiques portent en effet la marque d’oppositions latentes.

 

A1o//ère Le Misanthrope en est peut-être l’exemple le plus clair. Si Philinte était, comme on l'a dit, «le sage de la pièce », et Alceste la victime jetée en pâture aux rires du parterre, comment expliquerait-on que quelques-uns des accents

« humains les plus graves de notre théâtre aient été préciséme nt placés dans la bouche d'Alceste ? «Je veux que l'on soit homme, et qu'en toute rencontre Le fond de notre cœur dans nos discours se montre . ..

Tant pis pour qui rirait J'ai tort, ou j'ai rai son» ...

Molière aurait -il été sublime malgré lui? Il est plus simpl e de penser qu 'il portait en lui un Philinte et un Alceste, c'est-à­ dire un court isan accommodant, ami des bonnes compagnies et de leurs plaisirs, et un honnête homme écœuré des bassesses et des frivolités qu'il côtoyait, et plus amèrement de celles auxquelles il.

avait pu lui-même prendre part.

Comme nt, s'il avait été tout Philin te, comprendrait-on la hardiesse de sa pein ­ ture, et s'il avait été tout Alceste , sa réussite à la Cour, la fantaisie .

et la grâce qui éclairent souvent son théât re, et cette gaîté qui, quoi qu'en dise Musset, n'est pas toujours triste? Ainsi pouvon s­ nous voir, à tra vers le dialogue d'Alces t e et de Philinte , se« déplier sous nos yeux» et s'« objectiver» le double visage de Molière.

De même on pourra penser, devant le tête-à-tête de Don Juan et de Sganarelle, devant celui de Mercure et de Sosie, ou en core ceux des ép oux Jourdain, que Molière. »

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