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ma boheme de rimbaud

Publié le 06/11/2012

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rimbaud
« Ma bohème «, Rimbaud Génie précoce, Arthur Rimbaud a rapidement manifesté une violente révolte contre l'ordre social, le conformisme et la religion du XIX ème siècle. Ses premières fugues, qui expriment une période de recherche pour l'auteur sont retracées dans « Ma Bohème «, élaboré en 1870. Ce poème, né d'une « alchimie du verbe « et des sens, confère à cet acte d'émancipation une valeur symbolique. Dès lors si cette fugue est d'abord une rupture du poète avec son monde, le rapport que l'auteur entretient avec celui-ci et qui lui procure bonheur et liberté, nous amène à réfléchir sur la quête d'un idéal. En Septembre et Octobre 1870, Arthur Rimbaud trouve refuge à Douai chez son professeur de lettres Georges Izambard, à l'issue d'une fugue. Là, sur des cahiers d'écolier, il recopie avec application ses poèmes récents, dans l'espoir de les faire publier. Le poème d'Arthur Rimbaud intitulé "Ma Bohème" clôt le second des "cahiers de Douai". C'est un sonnet, qui évoque les fugues du poète. Rimbaud y peint son autoportrait en coureur de chemins, ivre d'espace et de liberté. La nature, image féminine et fantastique, l'accueille et le protège comme une mère. Son bonheur, c'est la poésie. Et nous verrons qu'on peut aussi lire ce sonnet comme un petit manifeste théorique de Rimbaud sur sa conception de la poésie, une sorte d'art poétique. I - Autoportrait de l'artiste en coureur de chemins ·       Un autoportrait : Si l'on compare ce poème à d'autres textes du deuxième cahier de Douai qui relatent les fugues de l'été 70, on remarque une différence : ici, pas de "choses vues", pas de rencontre comme dans "Le cabaret vert" ou dans "La Maline". Rimbaud est lui-même au centre du poème. La première personne est omniprésente (8 fois "je"; 8 fois l'adjectif possessif mon, ma ou mes). Il se décrit : ses sensations, ses vêtements, l'une de ses attitudes à la fin du poème (quand il se décrit "assis au bord des routes", affairé autour de ses "souliers blessés"). ·       Un vagabond : Rimbaud se plaît à se décrire en vagabond. Ses vêtements sont élimés (son "paletot" était si usé qu'il n'était plus qu'une "idée" de paletot (vers 2)). Ses poches sont "crevées" (v.1). Son pantalon est troué (v.5). Ses souliers sont abîmés par la marche (v.14). La comparaison avec le petit Poucet (vers 6) suggère l'errance. Le vers 7 indique qu'il dort à la belle étoile. On peut se demander dans quelle mesure cet auto-portrait est réaliste; dans quelle mesure nous n'assi...
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« quatrains : ici, il y en a deux ([vé/éal]; [ou/ours]).

Enfin, tout sonnet est tendu vers son dernier vers qui, ici, est des plus loufoques (voir infra). · rythmes capricieux : Rimbaud s'ingénie à briser la régularité de l'alexandrin; il évite dans plusieurs vers de placer la coupe principale à l'hémistiche comme le veut la tradition (cf.

vers 1; 3; 4; 7; 12; 13).

Les vers concernés présentent des profils rythmiques dissymétriques : 1/11 (vers12); 3/6/3 (vers 4); 5/7 (vers 13).

Les glissements fréquents d'un vers sur l'autre (rejets des vers 6-7, 10-11; enjambement des vers 13-14) permettent de mettre en relief des mots-clés ("des rimes" vers 7 ) et créent des accélérations inattendues.

Ces inégalités conviennent à l'expression de la fantaisie, de l'errance sans but au hasard des chemins.

Elles rapprochent le débit du poème de celui de la prose et contribuent par là au ton désinvolte du texte.

· rimes insolites et jeux phonétiques : Rimbaud donne aussi l'impression de s'amuser beaucoup avec les mots.

Par exemple dans la rime "fantastique/ élastique" ou dans la multiplication des rimes en [ou] : trou / frou-frou; course / ourse: gouttes /routes.

Le froissement soyeux des étoiles est rendu par le triple [ou] de "doux frou-frou".

On ne jurerait pas que le bizarre pluriel "des lyres" ne soit pas là pour qu'on comprenne "délires".

Quant au mot "pied" dans "Un pied prés de mon cœur", comment faut-il l'interprèter.

Comme l'organe de la marche ou comme l'unité de mesure du vers ? Et le hiatus de "paletot aussi" … Il eût été si facile de le supprimer qu'on doit le considérer comme une laideur volontaire. · le mélange du noble et du familier : Une autre caractéristique "fantaisiste" est le mélange de motifs poétiques traditionnels, mieux : de véritables clichés romantiques ("Muse, lyre, ciel, étoiles, féal, amours splendides…") avec un vocabulaire franchement prosaïque : culotte, large trou, poches crevées, paletot, élastiques, Oh ! là là!".

Ce mélange répond à un but parodique.

Il s'agit pour Rimbaud d'affirmer son refus de la "vieillerie poétique" (comme il dit dans Une saison en enfer ), d'ironiser sur lui-même, d'éviter un trop facile pathos.

Ce mélange du noble et du familier culmine avec le dernier vers du poème : "de mes souliers blessés, un pied contre mon cœur". · images insolites : Notons pour terminer le goût pour les images hardies, celles qui associent des registres différents : comparaison des "élastiques" avec des "lyres"; celles qui associent le concret à l'abstrait : "égrener des rimes"; "paletot idéal". A la manière des romantiques, Rimbaud cherche son inspiration dans la nature mais pas dans une nature violente de tempêtes ou d'ouragans, non, dans la simple campagne que chacun peut observer.

Il s'arrête au bord de la route pour observer et il égrène ainsi les rimes.

Il court les chemins dans un état de pauvreté, comme dans une épreuve initiatique.

Alors les "lacets" de ses souliers deviennent les cordes de sa lyre, c'est la citrouille des contes de fées qui deviennent des carrosses.

Rimbaud s'il choisit les limites étroites du sonnet pour donner forme à ses idées prend quelques libertés dans les rimes des deux quatrains qui ne sont pas identiques et surtout le dernier vers qui généralement constitue le point d'orgue, la morale est ici une phrase qui ne veut absolument rien dire.

Si Rimbaud s'affranchit des règles du sonnet, il joue aussi sur les alexandrins, les désarticule, s'ingénieà en briser la régularité, s'amuse à le couper au delà de l'hémistiche.

Toutes ces inégalités conviennent à sa fantaisie, image de sa liberté sans but au hasard de ses chemins de campagne.

Il tend à rapprocher le débit du poème régulier et bien scandéà celui de la prose plus continue et qu'il annonce ici.

Rimbaud donne l'impression de s'amuser avec les mots qu'il mélange habilement dans une sorte de frou-frou, mélangeant le vocabulaire familier "paletot, trou, souliers" à des des termes plus savants "rosée, lyre" qui culmine dans le dernier vers "de mes souliers blessés, un pied contre mon cœur".

"Ma   Bohème"   plac é  en   conclusion   du   cahier   de   Douai   illustre   le   programme   po étique   de   l'auteur. Il  ébauche ici en tr ès peu de mots toute la th ématique de l'homme aux semelles de   vent,   du   po ète   vagabond   ou   du   "clochard   c éleste",   celle   du   voyage,   de   la   r évolte,   de   la   pauvret é, de l'enfance, de la nature. En adolescent rebelle il veut tordre le cou aux vieilles   r ègles de la  po ésie, briser  le rythme de l'alexandrin et pousser la po ésie aux  limites de la   prose. C'est assur ément un manifeste pour une po ésie nouvelle faite de m élanges d' élans   lyriques et d'auto­d érision, de parodie, une po ésie iconoclaste. . »

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