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Marcel Proust (Histoire littéraire)

Publié le 22/02/2012

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   L'œuvre de Proust apparaît monumentale, non seulement par sa dimension, mais par sa richesse et sa nouveauté. A la fois roman et réflexion sur le roman, elle a ouvert des perspectives immenses que les contemporains n'ont pas encore fini d'explorer.    Marcel Proust. Un mondain devenu ascète.    Marcel Proust, hostile aux tendances érudites de la critique littéraire inspirée par Lanson ne souhaitait pas qu'on cherchât dans la vie d'un auteur le secret de son œuvre. De fait, il y a peu à retenir de la sienne, sinon l'expérience qu'il a acquise et dont il a nourri parfois son roman. Issu d'une famille bourgeoise (son père, le docteur Adrien Proust, avait épousé en 1870 Jeanne Weil, fille d'un agent de change israélite), Marcel Proust eut une enfance choyée, aussi heureuse que pouvait le permettre sa nature anxieuse, émotive, pour qui la séparation d'avec sa mère, au moment du coucher, était un supplice quotidien. 

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« Proust et la psychologie dans le temps. Proust aimait à déclarer : comme il y a une géométrie dans l'espace, il y a une psychologie dans le temps.

Sesanalyses psychologiques sont en effet inséparables d'un sentiment très aigu de la durée.

Contemporain et disciplede Bergson, Proust a tenté de saisir la richesse proprement infinie que les réseaux de sensations, de souvenirs, deréminiscences créent dans un présent encore tout imprégné de passé.

Il retrouve et enregistre jusque dans les plusfins détails la moindre nuance de pensée, l'esquisse d'un geste, la velléité ou l'impression la plus fugace.

Il fait enquelque sorte de la psychologie infinitésimale.

Mais ces souvenirs conservent toujours l'entourage de sensationsphysiques qui les ont escortés lors de la première perception : C'est pourquoi la meilleure part de notre mémoire est hors de nous, dans un souffle pluvieux, dans l'odeur derenfermé d'une chambre ou dans l'odeur d'une première flambée, partout où nous retrouvons de nous-même ce quenotre intelligence, n'en ayant pas l'emploi, avait dédaigné...

Hors de nous? En nous pour mieux dire, mais dérobé ànos propres regards par un oubli plus ou moins prolongé. (A l'ombre des Jeunes Filles en fleurs.) De là, la vertu évocatrice d'un détail insignifiant par lui-même : la saveur d'une madeleine trempée dans une tassede thé, le parfum des lilas par un soir d'orage ; de là, le déroulement presque automatique des sensations, rêves ouaffections qui furent une fois associées dans la conscience au reflet d'un rayon de soleil sur un clocher d'église, àune « bande de ciel rose » vue à l'horizon, à l'image d'une jeune fille devant une haie d'épines, à une « phrase »musicale. Cette disposition à noter les plus subtils phénomènes de conscience devait conférer à Proust une supériorité raredans l'analyse des sentiments les plus simples comme les plus raffinés : somnolence et rêverie du réveil ; impressiondésagréable de la solitude, d'un changement d'habitude ou de demeure ; malaise et contradictions inhérents àl'absence, à l'attente, aux inquiétudes de l'amour.

Proust a fait le diagnostic de tous les sentiments humains : ledédain, l'envie, le désir de paraître, d'autant plus tenaces qu'ils sont comprimés par les convenances et ne peuvents'afficher.

Il a étudié avec pénétration « les intermittences du cœur », la part d'autosuggestion qui entre dans toutamour, le « désaccordement » qui se produit souvent entre deux âmes.

Il confronte à diverses époques del'existence l'idée que nous nous faisons d'une chose ou d'une personne, marque l'évolution de nos désirs et de nosaversions ; il montre en quelques années la transformation, parfois le renversement des situations sociales. La précision méticuleuse et pour ainsi dire exhaustive des analyses de Proust impliquait un certain style, lent,minutieux, surchargé de réflexions accessoires et de déterminations complémentaires ; les phrases tassées, toujoursrallongées de nouvelles incidentes, paraissent interminables et le sont souvent en effet.

Mais ce style, qui peutrebuter au début celui que Montaigne, lointain ancêtre de Proust, appelait l'indiligent lecteur, constitue la chair del'œuvre et en exprime la qualité la plus précieuse. La Recherche..., chronique sociale. Proust a nourri son œuvre de sa propre expérience.

C'est en regardant en lui qu'il a pu fixer toutes les nuances deses sentiments.

Mais c'est en regardant autour de lui qu'il a pu constituer toute une galerie de portraits qui sont undes attraits de son œuvre.

On sait que Proust n'a pas toujours été un ermite.

Il avait au contraire, dès sonadolescence, le désir et le goût de pénétrer dans le monde et d'y faire bonne figure.

Il n'est pas douteux que lespersonnes qu'il a côtoyées et observées pendant de longues années lui ont donné tous les matériaux nécessaires àla création des personnages hauts en couleur et plus vrais que nature qui évoluent dans son œuvre.

On y retrouveun échantillonnage assez complet de la haute société de l'époque.

Les Guermantes sont au sommet de la hiérarchiesociale : leur fortune, leur noblesse, leur esprit leur confèrent aux yeux du narrateur une manière de royauté et ilsne perdront leur prestige que lorsqu'il aura constaté leur corruption (M.

de Charlus), leur cruauté (comme lorsque lesGuermantes se soucient plus d'un dîner que de la santé de leur ami Swann, pourtant promis à une mort prochaine),la vanité de leur morgue sociale (puisque le prince de Guermantes épouse finalement la ridicule bourgeoise qu'estMme Verdurin).

La bourgeoisie, elle non plus n'est pas épargnée, qu'il s'agisse du snobisme qui règne dans le salonVerdurin, de la bêtise du Pr Cottard, ou d'autres vices criants et odieux sur lesquels Proust attarde volontiers sonœil critique.

Proust, qui était lui-même d'un rang social élevé, a privilégié dans son enquête la haute société, sinonpar la complaisance de ses jugements, du moins par la place qu'il lui a accordée.

Mais on ne saurait oublier lemusicien Vinteuil, dont l'extérieur très modeste cache un génie novateur, et quelques figures de gens simples, dontla plus justement célèbre est Françoise, la vieille servante de la famille.

Loin de toute ambition réaliste — qu'ilrécusait fermement — Proust a su animer un monde, même si ce souci n'était pas au centre de son ambitiond'écrivain.. »

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