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Marguerite DURAS, L'Amant (La narratrice évoque le départ d'un des bateaux qui, il y a une cinquantaine d'années, reliaient l'Indochine à la France.)

Publié le 25/02/2011

Extrait du document

duras

Lorsque l'heure du départ approchait, le bateau lançait trois coups de sirène, très longs, d'une force terrible, ils s'entendaient dans toute la ville et du côté du port le ciel devenait noir. Les remorqueurs s'approchaient alors du bateau et le tiraient vers la travée centrale de la rivière. Lorsque c'était fait, les remorqueurs larguaient leurs amarres et revenaient vers le port. Alors le bateau encore une fois disait adieu, il lançait de nouveau ses mugissements terribles et si mystérieusement tristes qui faisaient pleurer les gens, non seulement ceux du voyage, ceux qui se séparaient mais ceux qui étaient venus regarder aussi, et ceux qui étaient là sans raison précise, qui n'avaient personne à qui penser. Le bateau, ensuite, très lentement, avec ses propres forces, s'engageait dans la rivière. Longtemps on voyait sa forme haute avancer vers la mer. Beaucoup de gens restaient là à le regarder, à faire des signes de plus en plus ralentis, de plus en plus découragés, avec leurs écharpes, leurs mouchoirs. Et puis, à la fin, la terre emportait la forme du bateau dans sa courbure. Par temps clair on le voyait lentement sombrer.    Marguerite DURAS, L'Amant (1984).    Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pourriez, par exemple, — mais ces indications ne sont pas contraignantes —, étudier comment se mêlent description et évocation des sentiments. Vous serez particulièrement attentif aux moyens stylistiques employés par l'auteur.    situer le texte    Le texte est extrait de L'Amant (1984) qui a reçu le prix Goncourt. C'est un récit autobiographique relatant les souvenirs d'une adolescente qui s'initie à l'amour. A quinze ans, en traversant le Mékong sur un bac, l'auteur entrevoit dans une limousine un Indochinois qui deviendra son amant. Le texte, dans son ensemble, se présente comme une série, non linéaire, d'images et de moments qui semblent juxtaposés et liés par une conscience réflexive qui se penche sur un passé révolu. Marguerite Duras est née en Indochine. 

duras

« — Les sons : « ...

trois coups de sirène......

ses mugissements (terribles)...

» — Les tonalités de sons : « Mugissements terribles...

Et si mystérieusement tristes...

» — La dynamique des mouvements et des sons : « ...

trois coups (de sirène)...

Très longs...

D'une force terrible...(Mugissements) terribles......(Des signes de plus en plus) ralentis......Lentement (sombrer)...

» — L'espace : « Dans toute la ville...

Et du côté du port...

Le ciel...

» — Le ciel et ses couleurs : « Le ciel devenait noir...

Par temps clair...

» — La foule et les témoins : « Ceux du voyage, ceux qui se séparaient...

Ceux qui étaient venus regarder...

Ceux quiétaient là sans raison précise...

Qui n'avaient personne à qui penser...

On voyait...

Beaucoup de gens restaient là àle regarder, à faire des signes...

On le voyait lentement sombrer...

» — Les divers sentiments et annexes (l'effet d'attente) cf.

le temps : « Le ciel devenait noir...

Le tiraient...(l'arrachement de la séparation).

Disait adieu...

» Cette étape du travail étant accomplie, il ne reste plus qu'à mettre au point un plan où les différents thèmes serontprésentés, dans un ordre qui se voudra le plus cohérent et le plus logique possible. plan du commentaire Le libellé du sujet invite à préciser la manière dont se mêlent la description et l'évocation des sentiments.

On préciseen même temps que « les indications ne sont pas contraignantes ».

On peut donc ne pas en tenir forcémentcompte.

Toutefois, sans que cet aspect constitue une partie principale du commentaire, il semble préférable qu'ilapparaisse dans l'étude.

Encore une fois, les indications du libellé ne sont pas à prendre strictement, mais elles nesont pas non plus à négliger. I.

L'attente et les phases successives du départ a) Le rythme de l'attente. b) Les valeurs du temps (l'imparfait et ses valeurs). II.

Les mouvements des bateaux a) Les mouvements dans l'espace et leur dynamique. b) Du mouvement aux états d'âme : les sons et les sentiments qu'ils inspirent. c) L'espace du mouvement et des sons. III.

Les mouvements de la foule a) Les impressions des participants. b) Les mouvements de la foule et ceux du bateau. c) La solitude. DEUXIÈME PLAN PROPOSÉ 1.

Mouvement et non-mouvement a) En ce qui concerne le temps : le passage repose sur l'imminence d'un événement.

Il s'agit donc d'une « tension »qui « projette » l'esprit vers le moment attendu. Mais parallèlement, nous soulignons la durée de l'action avec l'emploi constant de l'imparfait, et même l'exacerbationde l'attente grâce à la valeur répétitive de ce temps. b) En ce qui concerne les déplacements : le commentaire doit souligner l'utilisation des verbes de mouvement etdécomposer les allers et venues des bateaux. c) Il serait intéressant de noter les points d'ancrage, ce qui reste fixe, avec « les amarres » que larguent lesremorqueurs et bien évidemment la foule de « ceux qui étaient là ». Surtout, la fébrilité qui préside à tout départ est atténuée par une lenteur particulière : la scène ne semble pas se. »

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