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Marguerite YOURCENAR, Nouvelles orientales, «Le Lait de la mort»

Publié le 10/09/2012

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2) Son amour de la vie, vie de don et de bonheur partagé Cette vie qu’on va lui prendre et à laquelle elle rend un dernier hommage. Au moment où la mort, étape par étape, étend son empire que la vie affirme, au contraire, son flux continu et généreux : «et pendant deux ans, à l’aurore, à midi et au crépuscule, le jaillissement continua.« 3) Le sens du titre, qui a longtemps gardé son mystère La force de l’amour parvient à préserver la vie de l’enfant. Par-delà la mort, la jeune femme emmurée continue de nourrir le nouveau-né. L’image est troublante : jaillissant de la tombe, comme l’eau des sources jaillit des roches de la terre, le lait d’une morte donne la vie.

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« c) La triade et le chiffre d’orL’histoire présente trois frères et leurs trois épousesComme dans tous les contes populaires, c’est le benjamin qui a le coeur pur,c'est lui (ou elle) qui rencontre et surmonte lesépreuves, qui accomplit la quête. 2) La violence des tragédies antiquesa) La mort est véritable, et non symboliqueLe héros ne mime pas, ne feint pas la mort, par un long sommeil ou un évanouissement.- Le récit a la violence des tragédies antiquesdes textes religieux les plus archaïques- Il se rattache aux plus anciens mythes de fondation, aux sacrifices imposés par lesrituels de construction.Mais les paysans serbes, albanais ou bulgares (...) savent qu’un édifice s’effondre sil’on n’a pas pris soin d’enfermer dans son soubassement un homme ou une femme,dont le squelette soutiendra jusqu’au jour du Jugement Dernier cette pesante chair depierre.→ La croyance populaire, qui vient du fond des âges, n’est ici ni jugée, ni mise àdistance, ni contestée : «les paysans savent...».→ L’alliance monstrueuse des deux mots chair de pierre, qui semble légitimer lesacrifice, souligne en réalité ce qu’il a d’effroyable.

La matière dure, froide, inerte, prend la place de la chair, chaude, tendre,palpitante.

La pierre y dévore l’être humain. b) Le caractère rituel et archaïque du récitEst sans cesse rappelé par la musique de la phrase, par la cadence du récit 3) Choix du rythme ternaire comme principe d’écriture.a) Le discours du frère aîné s’ouvre sur le rappel d’un lien sacréLe trèfle à trois feuilles est indivisible.L’union est scellée par le chant incantatoire :«Frères par le sang, le lait et la baptême» b) La violence des pillards turcsEst trois fois rappelée :«Ils violeront (...) ils brûleront (...) ils crucifieront». c) L’invitation au sacrifice de l’aîné à ses frères«Petits frères [...] mes petits frères [...] mes frères» (p.49)et, en écho, les épouses écartent la menace de mort :«Soeur, dit-elle, chère soeur» (p.51) «Soeur, chère soeur, dit la femme» (p.52)La troisième fois la forme rituelle varie légèrement, car la plus jeune va être immolée.«Femme de notre frère» (p.54) d) L’adieu à la vie suit la même cadence ternaire«Hélas ! mes petits pieds, dit-elle...Adieu, mes chers genoux....Adieu, mes chères petites mains...» (p.54) Ce rythme incantatoire protège le récit du réalisme Malgré la présence de la mort nommée, palpable, le chant l’emporte sur l’atrocité Le chant de la phrase module les derniers regrets, en une poignante litanieMains qui ne cuirez plus le repas, mains qui ne tordrez plus la laine, mains qui ne vousnouerez plus autour du bien-aimé (p.

54) La cadence ternaire accompagne le récit jusqu’à son terme, puisque elle rythme :- la lente progression de l’agonie«Le lendemain (...) Le jour qui suivit (...) quelques jours plus tard» (p.56)- la lente progression de la mort«Puis ce coeur (...) Ses yeux (...) et l’on ne vit plus» (p.

57)- la lente progression de la disparition«et il n’y eut plus sur le rebord de briques qu’une pincée de cendres blanches (...) puisla tour elle-même disparut (...) Enfin, les os fragiles eux-mêmes se dispersèrent» (p.57) L’héroïneAu sein même de la mort, s’affirme la force de la vie.1) L’adieu tendre et solennel de la jeune femme qui se voit mourir«Hélas ! mes petits pieds, dit-elle.

Vous ne me porterez plus jusqu’au sommet de la colline(...).

Adieu, mes chers genoux (...) Vous ne bercerez plus mon enfant (...)» (p.54)→ Le futur, sans cesse démenti par la forme négative, souligne la souffrance d’une vieprématurément et injustement interrompue, d’une vie inaccomplie. 2) Son amour de la vie, vie de don et de bonheur partagéCette vie qu’on va lui prendre et à laquelle elle rend un dernier hommage.Au moment où la mort, étape par étape, étend son empire que la vie affirme, au contraire,son flux continu et généreux :«et pendant deux ans, à l’aurore, à midi et au crépuscule, le jaillissement continua.» 3) Le sens du titre, qui a longtemps gardé son mystèreLa force de l’amour parvient à préserver la vie de l’enfant.Par-delà la mort, la jeune femme emmurée continue de nourrir le nouveau-né.. »

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