Devoir de Philosophie

Marie NDIAYE, Trois femmes puissantes (lecture cursive)

Publié le 17/03/2018

Extrait du document

lecture
Ce roman nous présente les histoires de trois figures féminines, Norah, Fanta et Khady. Ces trois femmes, bien qu’ayant un faible lien, sont assez différentes. Elle se singularisent notamment par leurs traits physiques. Norah est perçue comme une femme assez laide comme sa soeur, elles sont d’ailleurs qualifiées de “femelles même pas jolies”. Elle présente également des formes paraissant disgracieuses pour son père car elle possède un “menton un peu épais, grassouillet”, et des “formes rondes”, ce qui la distingue de la magnifique Fanta qui possède, elle, un “long corps délié, dense, musclé”, des “épaules sombres, solides, et la peau fine palpitante”. La “beauté de Fanta” se remarque également par son typage, ses “cheveux coupés au ras de son crâne bombé”, et par “le haut méplat de sa joue lisse, les cils noirs épais, le nez à peine saillant”. Khady elle, est une “haute et fine jeune femme aux os délicats, à la chair pleine, au visage ovale et lisse” et une femme “au pagne défraîchi, aux cheveux sans ornement, coupés court, aux pieds blancs de poussière”. Elle se distingue notamment par “son oreille droite [et aux] deux morceaux disjoints du lobe”, malformation causée par un accident. Ces femmes se démarquent également par des attributs vestimentaires. C’est le cas pour Norah, qui “portait une robe vert tilleul, sans manches, semée de petites fleurs jaunes” qui attire les regards de tout le monde : “il hésita, regarda attentivement les petites fleurs jaunes qui ornaient la robe verte de Norah”. Cette fameuse robe va d’ailleurs concourir à l'identification de Norah sur une photo sur laquelle une femme “portait une robe vert tilleul semée d’impressions jaunes.” Khady, elle, va garder tout au long de son périple un accessoire en particulier. C’est d’abord l’une des rares affaires qu’elle prend “elle déploya [...] l’un des pagnes de Khady”, et elle va ensuite elle-même se qualifier de “femme au pagne défraîchi”. Ce pagne va l’aider lorsqu’elle aura chaud “Khady s’était enveloppé la tête et le torse du pagne rangé la veille dans son paquet”, mais surtout lui sauver la vie lors de sa blessure : “elle déchira une lanière dans le tissu du pagne [...] afin de serrer les deux bords de la plaie”. Cependant ces identités bien définies sont entravées par des dérèglements physiques. Après avoir rendu visite à son frère dans la prison de Reubeuss, Norah subit un dysfonctionnement entraînant des mictions incontrôlées : “elle sentit alors avec consternation qu’elle était en train d’uriner sans s’en rendre compte”, et ce à plusieurs reprises puisque cela lui arrive lors d’une conversation avec son père à table, où elle est obligée de tenir “ses pieds soulevés au-dessus de la petite mare sous sa chaise”. Cette anomalie n’est que l’expression du mal-être de l’âme par le corps. Khady aussi subit elle aussi un dysfonctionnement puisque malgré l’acharnement dont elle fait preuve elle n’arrive pas à féconder. Le f...
lecture

« puisque Khady n’était jamais tombée enceinte”.

Ces trois êtres singuliers deviennent alors mythifiés par le narrateur. Des images animalières sont en effet omniprésentes dans le récit.

Le père de Norah est en premier décrit comme un animal puisqu’il semble quitter “d’un coup d’aile la grosse branche du flamboyant”, et que sa fille s’interroge sur lui : “qui aurait pensé qu’il deviendrait un vieil oiseau épais, à la volée malhabile et aux fortes émanations ?”.

Mais c’est ensuite au tour de cette dernière, lors du contrepoint, d’être transformée en un volatile : “Norah était là, près de lui, perchée parmi les branches défleuries”.

Fanta, elle, semble progressivement se métamorphoser “ses chevilles alors paraissaient ailées” avant de devenir complètement un animal possédant “le ventre clair, les vastes ailes brunes d’une buse volant bas” et “son œil horriblement sévère et jaune”.

Elle devient une bête aux yeux de son époux Rudy qui la qualifie d’ “affreux oiseau justicier”, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il ne parle pas beaucoup de sa femme qui semble l’effrayer par son image animale.

Enfin Khady se voit aussi devenir un oiseau, s’imaginant des enfants, qui se révèlent par la suite n’être “que des corbeaux au plumage hirsute”, qu’elle va elle-même appeler “ses enfants-corbeaux”.

Ces métaphores, quoique réalistes parfois, notamment dans le cas de Fanta, on toutes plus ou moins la même incidence : les femmes en sont déshumanisées, considérées comme simples animaux.

Mais ces images ne sont pas seulement le reflet du mépris et de la peur (Fanta rend Rudy “admiratif quoique mal à l’aise”) suscités par ces trois femmes, elles sont aussi le symbole de la liberté qu’elles arrivent à s’offrir malgré les nombreux éléments de la vie qui pourraient les en empêcher.

Ces trois figures féminines vont peu à peu se construire une identité. Ces personnages sont d’abord inscrits dans une généalogie, selon les codes du roman traditionnel.

Chaque héroïne s’inscrit dans une famille particulière.

Norah vit avec sa fille, son mari et la fille de celui-ci, mais elle ne supporte plus son époux : “elle n’arrivait plus aujourd’hui à reconnaître l’amour sous la déception”.

Selon elle, l’avoir laissé s’installer chez elle c’est comme si “elle avait ouvert sa porte et [que] le mal était entré, souriant et doux et obstiné.”.

Son frère, elle “ ne l’avait pas vu depuis un grand nombre d’années, bien qu’il fût resté cher à son coeur.”.

Sa mère avait de gros problèmes d’argent suite au départ de Sony , et “se mit à sortir le soir [...] leur mère avait dû travailler comme prostituée”.

Enfin sa soeur avait “un problème avec l’alcool [et finit par] se réfugier au sein d’une communauté mystique”.

Norah a toujours entretenu une relation froide avec son père, dont elle est restée. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles