Marivaux - Les fausses confidences: La comédie doit-elle nécessairement employer des ruses et des stratagèmes ?
Publié le 22/02/2023
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Dissertation de Français
1G1
Problématique : La comédie doit-elle nécessairement employer des ruses et
des stratagèmes ?
L’art du spectacle vivant existe depuis très longtemps et est surement l’un
des arts les plus divertissants car il peut être compris par le grand public.
Dans ce genre, la comédie tient une place de premier plan.
La comédie vient
du grec kômos (voulant dire célébration) et désigne les pièces de théâtre
tragiques et amusantes.
L’humour en est un des ressorts.
Depuis l’antiquité,
les comédies finissent avec un dénouement heureux.
C’est toujours le cas au
XVIIème siècle mais la comédie doit à cette époque également faire rire dans
le but de divertir ses lecteurs et spectateurs.
Les stratagèmes et ruses sont
donc largement employés dans ces pièces de théâtre.
Un stratagème est un
subterfuge établi afin d’obtenir un avantage.
La ruse qui est l’art de
dissimuler et de tromper est un procédé utile pour mettre au point un
stratagème.
Nous allons donc nous demandez si les stratagèmes et les ruses
sont indispensables dans la comédie.
Dans un premier temps nous verrons
que les stratagèmes et ruses sont nécessaire dans la comédie notamment
car ils permettent de divertir et de dénoncer.
Dans un second temps, nous
verrons qu’il n’est pas nécessaire d’employer des ruses et des stratagèmes
dans la comédie notamment car il existe d’autres façon de divertir le public
et de faire rire.
La comédie est un art visant à divertir.
Il ne fonctionne, comme tout
spectacle, qu’à la condition de trouver son public, et pour cela, l’auteur doit
s’employer à captiver le spectateur.
Les ruses et les stratagèmes permettent
aux spectateurs et lecteurs d’être divertis et d’accrocher au récit.
Ils sont
également précieux car ils permettent de critiquer et dénoncer tout en
divertissant, l’auteur peut donc faire une critique de la société sans être
blâmé.
Les ruses et les stratagèmes ont une place imposante dans la comédie.
Ils permettent notamment aux spectateurs et lecteurs d’accrocher avec le
récit puisqu’ils possèdent des informations que certains personnages ne
connaissent pas.
Le public se sent donc supérieur et se moque de ces
personnages.
Sa connaissance des stratagèmes et ruses le rend impatient de
voir comment va se dérouler la pièce même s’il en connait le dénouement.
On retrouve dans l’acte II, scène 2, des Fausses Confidences de Marivaux, ce
moment où les spectateurs ont connaissance de certaines informations que
certains personnages n’ont pas.
Les Fausses Confidences, est une comédie
écrite en en 1737 qui a eu beaucoup de succès.
Elle raconte l’histoire d’un
jeune noble, Dorante qui a perdu toute sa fortune et qui va tenter avec l’aide
de son ancien valet, de séduire Araminte, une riche et jeune veuve.
Pour
cela, Dorante va se mettre au service de celle qu’il aime et Dubois, son
ancien valet qui sert maintenant Araminte va mettre en place des
stratagèmes et ruses pour aider son ancien maitre, devenu un ami, à
épouser Araminte et par la même occasion à acquérir sa fortune.
Dans cette
scène, M.Rémy, l’oncle de Dorante informe son neveu qu’il lui a trouvé une
femme avec de la fortune.
Contre toutes attentes, celui-ci refuse ce mariage,
et seul le protagoniste et les spectateurs connaissent la raison de ce
désintérêt, qui attendrit d’ailleurs Araminte.
« Rémy - C’est une dame de trente-cinq ans, […] qui a quinze mille
livres de rente pour le moins, […]et qui offre de l’épouser sans délai.[…]
Dorante - Oui, monsieur ; mais en eût-elle vingt fois davantage, je ne
l’épouserais pas.
Nous ne serions heureux ni l’un ni l’autre ; j’ai le cœur
pris ; j’aime ailleurs.
».
Les ruses et stratagèmes permettent aussi aux spectateurs de s’intéresser à
toute la pièce et non à attendre uniquement le dénouement de celle-ci.
Le
fait de le savoir en avance est donc avantageux pour le public.
Dans le
Mariage de Figaro, joué pour la première fois en 1784, c’est sur cette
construction que l’auteur s’appuie pour capter l’attention du public.
Cette
comédie de Beaumarchais met en scène le valet du comte d’Almaviva, Figaro
qui tente tout au long de la pièce de piéger son maitre car celui-ci courtise sa
fiancée, Suzanne alors qu’il est marié.
Plusieurs ruses et stratagèmes sont
alors mis en place par Figaro, son amante et la femme du comte pour piéger
le courtisan qui finit par être ridiculisé.
Etant donné que dès le début de
l’œuvre les spectateurs connaissent le stratagème, le plus important est de
savoir comment Figaro et ses alliés vont réussir à mettre en place leurs
stratagèmes et ruses.
Un des moments les plus importants est notamment
lorsque le comte découvre la supercherie après avoir tenté de retrouver
Suzanne seul dans le jardin.
Le comte est ridiculisé et l’effet est augmenté
car le public était au courant.
Pour finir, son comportement ridiculise même
sa classe sociale qui est censée être dominante et qui est ici victime du valet.
Sans le cote ridicule de la pièce qui est en partie porté par les
stratagèmes et ruses, la dénonciation des classes pourrait être attaquée par
le pouvoir en place.
Néanmoins puisqu’ici elle n’apparait qu’en seconde
lecture, elle ne l’est pas.
Dans le Mariage de Figaro, comédie satirique, nous
pouvons voir que cette hiérarchie des classes est critiquée et cela à de
nombreuses reprises, Beaumarchais dénonce l’ordre social établi, ainsi que
les privilèges de naissance dans l’acte V, scène 3 lorsque Figaro les dénonce
dans un monologue.
Il parle également du droit du seigneur, le droit de
cuissage qui est une légende selon laquelle le seigneur aurait le droit d’avoir
des relations intimes avec l’épouse d’un de ses serviteurs dans l’acte I, scène
1.
Cette critique de l’importance de la hiérarchie sociale est également
présente dans les Fausses Confidences.
Dans l’acte I, on apprend que Mme
Argante, la mère d’Araminte met en place des stratagèmes pour que sa fille
soit contrainte d’épouser le Comte Dorimont pour entrer dans la noblesse.
« Mme Argante - Ma fille et lui allaient avoir un procès ensemble au sujet
d’une terre considérable.
Il ne s’agissait pas moins que de savoir à qui elle
resterait ; et on a songé à les marier pour empêcher qu’ils ne plaident.
[…]
Le beau nom de Dorimont et le rang de comtesse ne la touchent pas assez ;
elle ne sent pas le désagrément qu’il y a de n’être qu’une bourgeoise.
»
Les stratagèmes, ruses et l’histoire d’amour sont mis en avant dans cette
pièce.
A cette époque l’intelligence est vu comme une faculté accessible
uniquement par les personnes avec un rang social élevé et une fortune.
Or,
dans cette pièce, presque tous les personnages utilisent les stratagèmes.
Marivaux utilise notamment le personnage de Dubois pour contrer cette
pensée.
En effet, le valet est le protagoniste qui influence le destin des
personnages en utilisant les ruses, les stratagèmes et la manipulation.
Il
s’agit d’un stratagème théâtral puisque Dubois a un rôle de metteur en
scène, il dicte à Dorante sa manière d’agir et de parler, il le dirige comme un
pantin.
Nous pouvons l’observer dans l’acte II, scène 1 :
« Dorante, à part.
- Ne serait-ce point aussi pour m’éprouver ? Dubois
ne m’a averti de rien.
»
Ou encore dans l’acte I, scène 2, où nous remarquons que Dubois connait
déjà le déroulement de la pièce et nous en informe par la même occasion :
« Dubois - je connais l'humeur de ma maîtresse, je sais votre mérite,
je sais mes talents, je vous conduis, et on vous aimera, toute raisonnable
qu'on est ; on vous épousera, toute fière qu'on est, et on vous enrichira, tout
ruiné que vous....
»
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