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MAROT: LE POETE AMOUREUX.

Publié le 29/06/2011

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marot

L'esprit plaisant de Marot poète de cour, poète familier ou satirique est le plus connu, le plus classique. Il ne doit pas faire oublier un côté souvent négligé de son talent : le Marot poète lyrique ; poète amoureux, d'abord, mais aussi curieux de technique, capable de tentatives nouvelles et, parfois, poète religieux. On dégagerait, des rondeaux et des épigrammes, un groupe de courtes pièces, rapides et légères, qui montre un Marot analysant avec délicatesse certaines formes un peu superficielles du sentiment amoureux tel qu'on pouvait l'étudier vers 1530. Il tente de montrer quels sentiments éprouve « la jeune- dame qui a vieil mari « (Rond. 9) ou le « mal content d'amours « lequel conclut « que c'est abusion d'estre amoureux « (Rond. 10), « l'absent de s'amye « qui « souhaitte voler pour l'aller voir « (Rond. 11), l'amant douloureux qui meurt de soif « auprès de l'eau « (Rond. 12), et celui qui « ne pense qu'en s'amye « et voudrait être à la place de son mari. (Rond. 45).

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« qu'un banal développement.

Sauf la 18e, écrite en sizains du type 10, 10, 4, 10, 10, 4, toutes sont en décasyllabesà rimes plates, et ne constituent au fond que des épîtres amoureuses, plus ou moins sincères, mais toutes « tristeset flebiles » parce qu'on n'imagine pas, au dire de Sebillet, de passions amoureuses « vuides de pleurs et detristesses ».

L'élégie, donc, « traitte l'Amour et déclare ses désirs ou plaisirs de tristesses à celle qui en est la causeet l'objet, mais simplement et rarement ».Ces élégies, ce sont, avec quelques rondeaux et bon nombre d'épigrammes, les billets, longs ou courts, adressés parMarot à son amie d'alliance Anne d'Alençon, et les éphémérides de son roman d'amour.

Il a fait avec elle, un MardiGras, « alliance de pensée ».

« Je suis ta pensée féale », lui a-t-elle dit, et, par elle, il a noué trois alliance, avecelle, avec sa sœur, avec sa tante.

Il dit ce que fut la claire journée où est née cette amitié : Dedans Paris, ville jolie,Un jour, passant melancolie,Je prins alliance nouvelleA la plus gaye damoyselleQui soit d'icy en Italie.D'honnesteté elle est saisie,Et croy (selon ma fantaisie)Qu'il n'en est gueres de plus belleDedans Paris.Je ne vous la nommeray mye,Sinon que c'est ma grande amye,Car l'alliance se feit tellePar un doulx baiser que j'euz d'elleSans penser aucune infamieDedans Paris. Il dira de même la douceur de ses baisers « odorant plus que basme » qui enflamme son coeur.

Les épigrammesnotent, souvent avec une pointe de préciosité, les menus incidents de ce roman.

Anne quitte la cour.

Le poète laregrette : « Elle s'en va, de moy la mieulx aymée...

» (Epigr.

23).

Un jour d'hiver Anne lui jette une boule de neige :c'était du feu, « car embrazé je fus soudainement...

» (Epigr.

24).

S'il y a un paradis sur terre, c'est là où se trouvela jeune fille : Que serait l'homme qu'elle y recevrait ? Le poète avoue n'en rien savoir « fors qu'il seroit ce que jevouldrois estre» (Epigr.

25).

Présente, Anne est le « cler soleil des cieux » ; si elle part, « une grant nue » couvre leciel (Epigr.

30).

Si elle part (ce thème de l'éloignement, banal, mais classique chez les poètes de l'amour, Marot lereprend sans cesse), elle emporte son cœur (Epigr.

73).

Il songe à elle la nuit (Epigr.

113).

Il module des versplaisants en l'honneur de sa sœur (Epigr.

114).

Il feint parfois d'éprouver quelque amertume : il a « trop sottement »placé son amour puisqu'il n'espère d'elle aucun allégement (Epigr.

127).

Ce qui ne l'empêche pas, en temps utile, desouhaiter sa fête à la jeune fille (Epigr.

130), de la nommer sa « douce », son « aimable calendre » (= son alouette,Epigr.

134), et d'affirmer la force de son amour : ...

Si je suis fol, Amouf m'affolle,Et vouldrois, tant j'ay d'amytié,Qu'autant que moy elle fust follePour estre plus fol la moytié. Le mois de Mai ne lui paraît plaisant que si Anne se réjouit de revoir le printemps (Epigr.

147).

On reproche à Annede recevoir les vers de son ami ; qu'elle leur pardonne le tourment qu'ils lui ont valu : Ils te feront vivre éternellement.Demandes tu plus belle récompense ? Il résume en un huitain qui a l'air d'une énigme (Epigr.

203) le secret de son roman.

On ajouterait encore bien desexemples à cette liste : ces courtes pièces révèlent en Marot une délicatesse de sentiments, une finessepsychologique, une justesse de touche, un goût de la préciosité qui pourraient surprendre chez l'auteur de tantd'épigrammes obscènes si l'on ne songeait que sa protectrice, Marguerite de Navarre, se plaisait, elle aussi, dansl'Heptaméron, à de subtiles analyses qui succèdent parfois à des contes malodorants.

Attitude, antithèseséternelles.C'est dans les Elégies surtout qu'il faut chercher le Marot amoureux.

On ne lit presque plus ces poèmes : ils nerépondent pas au portrait classique de l'écrivain, tracé ne varietur par Boileau ; ils échappent à toute classificationscolaire.

Mais on a tort : ils sont un document psychologique au même titre que la Parjaicte Amye d'Hérôet, voire, —la densité de l'art en moins, — que la Délie.

On y saisit au vif un Marot qui, spontanément ou conventionnellement(peu importe !), conduit un roman d'amour, évoque la naissance de sa tendresse un beau jour de mai (El.

2), sedéclare prisonnier de la femme aimée (El.

4), affirme sa fidélité (El.

3 et 13) :. »

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