MAUPASSANT PIERRE ET JEAN PRÉCÉDÉ DE L'ÉTUDE INTITULÉE « LE ROMAN »
Publié le 13/06/2015
Extrait du document

b) Mme Roland, maintenant qu'elle a pu avouer sa passion ancienne, voudrait voir le portrait de son amant « trôner« chez son fils, comme celui d'un bienfaiteur à défaut d'y figurer comme celui du « père «. Jean, au contraire, souhaite l'éliminer en l'enfermant dans un tiroir. Le texte ne nous dit pas si c'est par peur que Mme Rosémilly ne comprenne la vérité, ou par souci du qu'en-dira-t-on, ou par désir d'effacer le passé, ou encore par volonté de s'affirmer comme un être indépendant. Les quatre explications sont plausibles.
e) Comme les quatre autres, c'est un tableau qui évoque la mort puisqu'il est le portrait d'un défunt. Mais il représente un homme réel (du moins dans le roman), alors que les autres montrent des femmes, personnages d'une fiction. Cependant tous les cinq racontent une histoire d'amour malheureux, selon l'interprétation donnée à ce qui est figuré.
Ce portrait, longtemps guetté par Pierre qui en avait fait sa pièce à conviction, mis en valeur par Mme Roland qui voudrait bien lui voir jouer un rôle «officiel«, est écarté par Jean. Il ne fonctionne méme pas comme un décor, à la différence des autres tableaux; il ne suscite pas l'imagination. Jean semble ainsi écarter toute échappée vers un au-delà imaginaire, il ferme la porte au rêve, il étouffe à son tour l'autre penchant, romantique, dans lame de sa mère.
11. a) Le père officiel de Jean est Gérôme Roland, dont il a été vu, à la question 9, qu'il était consciemment éliminé par les deux femmes et rejeté par Jean.
Plus simplement, on peut aussi y voir un refus du passé, un passé trop lourd pour qu'on prenne le risque de s'en souvenir.
ÉCRITURE / RÉÉCRITURE
12. a) C'est le point de vue de Jean qui domine ce début de chapitre, confirmant ainsi la «montée en puissance« de ce personnage qui s'affirme ici comme le chef de
b) C'est justement l'aspect le moins raisonné qui le pousse à faire sa déclaration : le désir physique. Les lignes 261 à 276 sont riches d'un vocabulaire presque érotique : « ceil allumé «, «cheville mince «, « jambe fine «, « hanche souple «, «provocant «, « tiède «, «odeur«, « senteur marine«, «grisant «,
On pourra faire relever les expressions appartenant au registre de la galanterie il est en fait assez limité, comme le veut l'auteur qui en donne des regrets à Jean (1. 467 à 470). « "Comme vous êtes jolie!" Elle répondit, sur le ton qu'on prend pour gronder un enfant "Voulez-vous bien vous taire?" C'étaient les premières paroles un peu galantes qu'ils échangeaient «; «fort troublé«; «sauvons-nous« (1. 326); « "je vois votre visage qui se reflète dans Peau." — "Si vous ne voyez que cela, vous n'aurez pas une fameuse pêche." Il murmura d'une voix tendre : "Oh! de toutes les pêches c'est encore celle que je préférerais faire." "Essayez donc, vous allez voir comme il passera à travers votre filet." — "Pourtant 1..1 si vous vouliez?" — Je veux vous voir prendre des salicoques [...1 et rien de plus [...] pour le moment." — "Vous êtes méchante."«; «Et il lui offrit la main [...1 et lui H se sentait envahi par l'amour, soulevé de désirs, affamé d'elle [...] « (1. 370): « [...] il la suivait pas à pas, la frôlait, se penchait sur elle, simulait un grand désespoir de sa maladresse [...]; Jean souriait à cette tête voisine l...] et parfois, du bout des doigts, lui jetait un baiser « (1. 416); «1..1 mon cher, il ne faut jamais faire deux choses à la fois. «; « Je n'en fais qu'une. Je vous aime. «; « Non, je n'ai pas perdu la tête. Je vous aime, et j'ose, enfin, vous le dire.« (1. 425) «ils se regardaient au fond des yeux«; « Aujourd'hui vous m'avez grisé à me faire perdre la raison. « (1. 438).
On remarquera que ces galanteries sont essentiellement dans la bouche de Jean — ce • qui certes est dans l'usage, c'est l'homme qui fait sa cour — mais Mme Rosémilly rentre à peine dans le jeu. Remarquez aussi leur côté banal, un peu lourd parfois; la métaphore de la pèche remplace celle, habituelle, de la chasse, vu les circonstances. Notons également que c'est Mme Rosémilly qui prend le plus de salicoques, la « pourchassée « devenant en quelque sorte la «pourchassante«.
«Le Roman«..................................................................................... 3
Pierre et Jean
Chapitre I, première partie ............................................................... 18
Chapitre I, deuxième partie ............................................................ 23
Bilan I ............................................................................................ 27
Chapitre II....................................................................................... 29
Chapitre III ..................................................................................... 33
Chapitre IV .................................................................................... 38
Chapitre V....................................................................................... 42
Bilan II............................................................................................ 51
Chapitre VI .................................................................................... 52
Chapitre VII.................................................................................... 59
Chapitre VIII................................................................................... 64
Chapitre IX .................................................................................... 71
Bilan III .......................................................................................... 77
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