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Maynard, Sonnets

Publié le 27/02/2011

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Adieu, Paris, adieu pour la dernière fois. Je suis las d'encenser l'autel de la Fortune(1), Et brûle de revoir mes rochers et mes bois, Où tout me satisfait, et rien ne m'importune. Je n'y suis pas touché de l'amour des trésors. Je n'y demande pas d'augmenter mon partage. Le bien qui m'est venu des pères dont je sors, Est petit pour la Cour, mais grand pour le village. Depuis que je connais que le siècle(2) est gâté, Et que le haut mérite est souvent maltraité, Je ne trouve ma paix que dans ma solitude.

Les heures de ma vie y sont toutes à moi. Qu'il est doux d'être libre, et que la servitude Est honteuse à celui qui peut être son Roi ! Maynard, Sonnets. Vous proposerez de ce texte un commentaire composé. Vous pourriez, par exemple, étudier par quels procédés l'auteur entrelace renoncement à la vie de la Cour et aspiration à la retraite. Mais ces indications ne sont pas contraignantes, et vous avez toute latitude pour organiser votre exercice à votre gré. Vous vous abstiendrez seulement de présenter un commentaire juxtalinéaire ou séparant artificiellement le fond de la forme.   

• St-Amant, Théophile de Viau, Racan, Maynard (ou Mainard), ces poètes talentueux et d'un grand charme de la période préclassique, ne sont plus guère connus, ni étudiés...    • Est-ce à cause de la renommée et emprise exceptionnelle de Malherbe à propos duquel Boileau s'exclame :    « Enfin Malherbe vint ! Et le premier en France Fit sentir dans ses vers une juste cadence... « ?   

« • Son insistance : « pour la dernière fois » est en même temps indication, sans appel, pour l'ami qui protestait etpeut-être bien pour lui-même. • Ne se le répète-t-il pas, lui qui avait tout misé sur la capitale et la Cour? On pense à tous ces provinciaux à laD'Artagnan qui montaient sur Paris riches de désir de réussite. • Les coupes qui martèlent le premier vers pourraient être imita-tives d'objurgations intimes. • On dirait que Maynard veut se persuader lui-même d'abandonner tout ce qui avait été aiguillons et motivations. • Car, les contemporains nous l'apprennent, ce secrétaire de Marguerite de Valois, elle-même poète, ce président auprésidial (noblesse de robe), cet académicien — il fait partie de l'Académie française dès sa création — a été unambitieux actif, comme le précise le second vers du premier quatrain. • C'est que la périphrase : « encenser l'autel de la Fortune » rappelle qu'il n'a cessé — jusqu'à son départ sur sesterres — de flatter les grands de ce monde, particulièrement Richelieu, d'être un fidèle honorant la déesse Chance,qu'il espère nommer Réussite.

• Aussi se répète-t-il à nouveau qu'il veut cesser de telles manœuvres, — pour mieux s'y tenir ! — : « Je n'y suis pas touché de l'amour des trésors Je n'y demande pas d'augmenter mon partage.

» • Les deux alexandrins fermes, bien scandés appuient par leur cadence, et négativement, sur ce qu'il lui faudrait nepas ressentir : le besoin de s'enrichir. • Quand on sait qu'il faisait le siège de Richelieu avec ses perpétuelles demandes de gratifications et d'emplois —non suivies d'effet d'ailleurs — on est sûr que c'est à lui-même qu'il s'adresse ainsi. • Cependant l'amertume pointe. • La précision sur son domaine : « petit pour la Cour » veut le montrer lucidement détaché des prébendes. • L'hémistiche qui la suit, d'un parallélisme parfait, doit d'ailleurs compenser cette indifférence toute neuve. • Mais une certaine aigreur n'est point absente.

Qui est premier chez soi regrette de n'avoir pu percer parmi lesseigneurs-courtisans. • L'âpreté de la déconvenue soutient les deux premiers vers des tercets.

Il y fait retour sur lui-même : « Depuis que je connais...

» (= que j'ai su comprendre). • Mais il donne toutes responsabilités à ce milieu qu'il juge frelaté, injuste : le terme « gâté », appliqué souvent à unfruit pourri et suivi de la coupe en fin d'alexandrin, traduit son humeur. • Il insiste alors sur cette méconnaissance des gens de bien, et sans utiliser le « Je » qui commence plusieurs vers,il laisse bien deviner qu'il s'agit de lui, lorsqu'il évoque « le haut mérite ». • On le sent encore plus lorsqu'il reproche à ceux qui peuplent les cercles mondains — ceux dont dépendit saréussite — de mal traiter (il faut prendre « maltraité » dans son sens premier) les hommes dont ils se refusent àreconnaître le talent. • Aussi reprend-il une dernière fois la même idée dont il veut définitivement être convaincu lui-même, à travers uneexclamation finale : « ...

que la servitude -v ^ Est honteuse...

», *) où l'enjambement insiste sur la chute morale que représentent toutes les bassesses qu'un ambitieux mal venu prendmalheureusement à son actif.

II.

Mieux vaut la retraite campagnarde... • Pour un peu, l'on croirait entendre le rat des champs du poète latin Horace ou de La Fontaine renonçant auxtentations factices de la ville pour retrouver la paix et la douceur rurale (de son domaine de Saint-Céré, pourMaynard). • Est-ce que le désappointement certain du poète fait réellement place à une aspiration au calme provincial ?. »

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