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Meursault, héros ou anti-héros?

Publié le 22/11/2012

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La réaction hostile de la critique contre laquelle

s'élève Camus n'éclaire en rien le personnage de Meursault.

Elle est, cependant, un signe très clair du caractère

inhabituel de ce type de héros dans le paysage

romanesque français.

Meursault, en effet, déroute. Il détonne, n'est pas à

sa place dans la grande galerie des personnages de

roman. Indifférent à toutes choses et surtout à sa propre

réussite, il n'a pas cette force de caractère, cette

ambition qui poussent jusqu'au sommet - ou jusqu'à

la chute - les héros de Balzac ou ceux de Stendhal.

Modeste employé de bureau mais sans véritable enracinement

de classe, il est presque vide de cette substance

sociale qui donne leur sens aux figures inventées par

Zola. Privé de toute culture, imperméable à toute

« Analyses et synthèses 1 49 l'un des signes les plus clairs et les plus pervers du «défaitisme » : Meursault incarnait en quelque sorte cet «esprit de jouissance» qui avait conduit la France à sa perte et Camus était coupable de ne pas en appeler dans son livre au « redressement moral ».

Ces critiques font aujourd'hui sourire si elles ne scan­ dalisent pas.

Camus en fut indigné et on lit dans ses Carnets le brouillon d'une lettre qu'il projeta un moment d'envoyer à l'un de ses détracteurs.

Il déclarait en réponse à un article hostile : «Vous me prêtez l'ambition de faire réel.

Le réalisme est un mot vide de sens.

(Madame Bovary et Les Possé­ dés sont des romans réalistes et ils n'ont rien de commun.) Je ne m'en suis pas soucié.

S'il fallait donner une forme à mon ambition, je parlerais au contraire de symbole.

Vous l'avez bien senti d'ailleurs.

Mais vous prêtez à ce symbole un sens qu'il n'a pas, et pour tout dire, vous m'avez attribué gratuitement une philosophie ridicule.

Rien dans ce livre en effet ne peut vous per­ mettre d'affirmer que je crois à l'homme naturel, que j'identifie un être humain à une créature végétale, que la nature humaine soit étrangère à la morale, etc.

» La réaction hostile de la critique contre laquelle s'élève Camus n'éclaire en rien le personnage de Meur­ sault.

Elle est, cependant, un signe très clair du carac­ tère inhabituel de ce type de héros dans le paysage romanesque français.

Meursault, en effet, déroute.

Il détonne, n'est pas à sa place dans la grande galerie des personnages de roman.

Indifférent à toutes choses et surtout à sa pro­ pre réussite, il n'a pas cette force de caractère, cette ambition qui poussent jusqu'au sommet -ou jusqu'à la chute -les héros de Balzac ou ceux de Stendhal.

Modeste employé de bureau mais sans véritable enraci­ nement de classe, il est presque vide de cette substance sociale qui donne leur sens aux figures inventées par Zola.

Privé de toute culture, imperméable à toute forme de tourment psychologique, il est aux antipodes. »

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