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Moderato Cantabiile

Publié le 16/12/2013

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Intro : Le texte soumis à notre étude est issu du chapitre 7 de Moderato Cantabile, une oeuvre écrite par Marguerite Duras et parue en 1958 alors que son mari croupit en camp de concentration. Ce roman fait découvrir au lecteur la transgression sociale d'une bourgeoise et son amour interdit qui grandit au fil du texte. Nous verrons comment l'héroïne pousse à son comble son infraction sociale. Ainsi, nous évoquerons l'érotisme suggéré dans cet extrait, avant d'analyser le refus de la protagoniste d'adhérer aux moeurs bourgeoises. I/ Un érotisme suggéré (sous-entendu) A/ Champ lexical du corps Le champ lexical du « corps » (l.13/53/54) est très présent. Il fait appel aux cinq sens, tout d'abord le toucher : « les doigts » (l.18), « la main » (l.41/44); ensuite le goût : « sa bouche » (l 33/36/55/61), la vue: « le regard » (l.21), « les yeux » (l.23) et « les paupières » (l.38/54). L'odorat est aussi évoqué par « l'odeur » de magnolia répétée trois fois lignes 39, 44 et 46 ainsi que l'ouïe par l' « homme » qui « siffle » « sur la grève » (l.28), les « doux murmures » des invitées (l.32) et...

« II/ Le rejet des mœurs bourgeoises A/ L'opposition entre deux univers Nous voyons comment les paragraphes abordent sans transition les scènes se déroulant dans le salon de réception et celles qui se passent dehors au sein d'un même paragraphe.

Par ce procédé, l'auteur nous permet de rentrer en contact avec le personnage, puisqu'il nous semble suivre le fil de ses pensées et de ses sensations, malgré la présence d'une narration externe.

Ce passage nous propose deux univers, nettement contrastés : l'intérieur bourgeois, milieu fermé et confortable, où le mari d’Anne, représenté par le pronom « on » (l.

19/22/32/42/46/50/51/53/56/57/65), et ses invités se livrent à un rite social ; auquel s'oppose la grève, milieu ouvert et naturel, rude et froid, où un homme se tient, solitaire. B/ Une vision péjorative des femmes L’ironie est réservée au rite de la réception mondaine.

L’utilisation de nombreuses figures de styles mène à un rythme pompeux qui marque le cérémonial et qui sert à dénoncer le vide et la superficialité qui se cache derrière le rituel.

Cette importance contraste avec l’insignifiance des paroles échangées.

Les femmes autour de la table sont indifférenciées comme en témoignent le nom collectif « femmes » (l.27/31) repris par le pronom personnel « elles » (l.27/32/33).

Ce sont des marionnettes qui jouent la comédie qu'on leur a enseignée.

Leur seul rôle, défini à l'avance, est celui d’épouse.

C'est une parodie de la sélection naturelle qui montre qu'Anne Desbaresdes est complètement inadaptée à ce milieu.

La voracité des femmes, cette obscène gloutonnerie qui aboutit à la « dévoration du canard » (l.53) a une dimension fortement sexuelle.

  C/ Le rejet d’Anne -Nous ne pouvons passer a coté de la métaphore flagrante qui allie la bourgeoisie au canard à l’orange qu’Anne refusera à trois reprises (l.40/41/64).

En effet, le contraste établi entre le comportement d’Anne et celui des autres convives montre comment et combien Anne est étrangère a ce rituel gastronomique auquel elle devrait participer comme le font son mari et ses invités.

Le fait qu'Anne Desbaresdes ne participe pas à la voracité ambiante par son refus de manger suffit à créer le malaise.

Le seul acte de ne pas manger du canard constitue un acte de rébellion, même s'il est fait avec politesse : « Non, merci » (l.37) « je ne pourrais pas, je m'en excuse » (l.43).

Cependant, nous pouvons observer que de l'autre côté, ce simple geste constitue un acte répréhensible : « un temps très court, mais celui du scandale » (l.41).

La politesse domine les rapports, mais la critique est implicite, il faut trouver une excuse pour sauver les apparences : « C’est peut-être cette fleur » (l.46). Conclusion : Anne pousse à son comble son infraction sociale puisqu’elle exhibe un érotisme indigne de la bourgeoisie à laquelle elle appartient et dont elle rejettera l’ensemble de ses mœurs.

Ce roman mêle étroitement deux thèmes de prédilection de Marguerite Duras : celui de l’amour, que l’on retrouve dans presque tous ses romans tels que L’Amour , Hiroshima mon amour ou encore Détruire dit-elle ; et de l’alcool, présent entre autres dans Le Ravissement de Lol V.

Stein .. »

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