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MOLIÈRE ET LA COMÉDIE AU DIX-SEPTIÈME SIÈCLE

Publié le 20/05/2011

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I. — Avant Molière.

Nous rappelons, pour mémoire, les comédies de Corneille, en particulier le Menteur (1643). Une anecdote, discutable d'ailleurs, attribue à Molière ce propos : « Sans le Menteur, j'aurais sans doute fait quelques pièces d'intrigue, mais peut-être n'aurais-je jamais fait le Misanthrope. « Rotrou n'a pas composé moins de treize comédies, dont les principales sont : les Ménechmes (1632) (à comparer aux Ménechmes de Regnard, 1705), les Sosies (1636) (à comparer avec l'Amphitryon de Molière, 1668), les Captifs (1638); la Soeur (1645). Desmarets de Saint-Sorlin (1595-1675) a donné les Visionnaires (1637), dont Molière a tiré en partie le caractère de Bélise des Femmes savantes. Scarron (1610-1660) représente le burlesque, genre qui est une protestation de l'individualisme et de la fantaisie sans limites contre l'esprit de discipline et de convenance mondaine Il a écrit le Virgile travesti (pénible parodie de l'Énéide), le Roman comique (dont nous parlons ailleurs), des Nouvelles (dont Molière s'est souvenu pour l'École des femmes et Tartuffe), et des comédies. Ses meilleures comédies sont Jodelet ou le Maître Valet (1645), et Don Japhet d'Arménie (1653).

« enfin, peut-être, de nouveau sur la rive gauche, au jeu de paume de la Croix-Blanche (carrefour de Buci).

Nulle part,l'Illustre Théâtre ne réussit.

C'est alors que la troupe se décida à partir pour la Province, à la fin de 1645.Molière en province (1645-1658).

— Il est impossible, en dépit de recherches minutieuses, de suivre, année parannée et étape par étape, les voyages de Molière.Quel était son répertoire, en province ? D'abord, très probablement, un grand nombre de pièces, sérieuses oucomiques, des auteurs à la mode.

Molière y ajouta de bonne heure des pièces de sa composition, soit de grandsouvrages tragiques, soit des comédies imitées de l'Italie (comme l'Étourdi et le Dépit amoureux), soit des farces,genre dans lequel il excellait.Ainsi, sans qu'il nous soit possible d'insister sur le détail, Molière, entre 1646 et 1658, pendant douze ans, joue toutle répertoire contemporain, et s'exerce dans tous les genres.Mais ce qu'il doit surtout à ce long séjour en province, c'est l'observation directe des moeurs et des caractères.Resté à Paris, Molière n'eût jamais trouvé l'occasion de contempler tant d'originaux.

La province, moins soumise àl'étiquette, où la vie était plus simple et plus libre, où d'un lieu à un autre les types comme les costumeschangeaient, lui offrait un champ d'observation dont il a su profiter.

On nous le représente, chez le barbier dePézenas, prêtant l'oreille aux conversations; ainsi dut-il s'instruire, partout où il s'arrêta.Molière à Paris (1658-1673).

— Enfin Molière, en 1658, revient à Paris.

Il rapporte avec lui deux comédies achevées,l'Étourdi et le Dépit amoureux, et une foule de farces.

Le 24 octobre 1658, il est admis à donner, au Louvre, unereprésentation devant la cour; il joue Nicomède (comme acteur, il avait la prétention des rôles tragiques), et leDocteur amoureux.

La troupe fut jugée excellente dans le comique, et le Roi donna à Molière la salle du Petit-Bourbon, dans les bâtiments mêmes du Louvre, avec le titre de Troupe de Monsieur et une pension.

C'est au Petit-Bourbon que Molière fait jouer, en 1659, les Précieuses ridicules.

Mais, l'année suivante, M.

de Rataubon, architectedu Roi, expulse Molière; on démolit le Petit-Bourbon, pour commencer les travaux de la colonnade du Louvre.Monsieur lui permit alors de s'installer dans la salle du Palais-Royal, celle que Richelieu avait fait construire; c'est làque Molière donna toutes ses pièces, et qu'il mourut.Il épouse, en 1662, Armande Béjart.

En 1664, il a un fils, et le Roi consent à en être le parrain.

Louis XIV, d'ailleurs,protège Molière contre ses ennemis, et l'appelle fréquemment à la cour, soit pour qu'il y joue quelque pièce de sonrépertoire, soit pour qu'il compose des divertissements de circonstance.La vie de Molière semble avoir été d'une activité dévorante.

Chef de troupe, acteur toujours en scène, et auteur, iln'a pas un instant de repos.

On est stupéfait qu'il ait pu, entre 1658 et 1673, composer plus de vingt ouvrages,dont plusieurs en cinq actes et en vers! Il devait, comme l'en félicite Boileau, rimer avec une facilité singulière.

A cemétier, il gagnait sans doute beaucoup d'argent.

Il avait, dit-on, trente mille livres de rentes; et l'inventaire dresséaprès sa mort révèle un confortable large et artistique.

Son caractère était plutôt porté à la tristesse; il fit rire, maisil ne riait pas.

Il était homme de coeur, charitable, « né avec les dernières dispositions à la tendresse » (Grimarest),tolérant, ami fidèle.

De complexion délicate, porté à l'hypocondrie (nous dirions aujourd'hui neurasthénique), il futpresque toujours malade, et en voulut aux médecins de leur impuissance à le guérir.

On sait comment il mourut : surla scène, pendant la quatrième représentation du Malade imaginaire, il fut pris ,d'une convulsion et d'un crachementde sang; on le transporta chez lui, où il expira dans la nuit.

La maison où il est mort s'élevait au no 4o de la rueRichelieu.

Comédien, Molière était excommunié; pour obtenir qu'on l'ensevelît nuitamment en terre chrétienne, saveuve dut aller se jeter aux pieds de Louis XIV. Analyse des comédies. Après les farces nombreuses, écrites pour le public de province et dont il nous reste deux échantillons : la Jalousiedu Barbouillé et le Médecin volant, Molière donne à Lyon, en 1653 ou 1655, sa première grande comédie, l'Étourdi. 1653 ou 1655.

L'Étourdi ou les Contretemps.

— La pièce, en cinq actes et en vers, est imitée d'une comédieitalienne de Nicolo Barbiéri, l'Inavvertito (le Malavisé), qui datait de 5629.

Lélie aime Célie, qui a été vendue auvieillard Trufaldin par des bohémiens.

Il faudrait à Lélie une assez forte somme d'argent pour délivrer Célie; c'est à latrouver que s'emploie le génie de Mascarille, son valet, le fourbe des fourbes (fourbum imperator).

Mais chaque foisque Mascarille a inventé quelque ruse infaillible, la maladresse et l'étourderie de Lélie la font échouer.Enfin, tout s'arrange au moyen d'une double reconnaissance, et Lélie épouse Célie. 1656.

Le Dépit amoureux.

— De nos jours, on représente cette pièce en deux actes.

A l'origine, le Dépit amoureuxétait en cinq actes, imité d'une comédie italienne de Nicolo Secchi.

On ne conserve que les charmantes scènes debrouille et de réconciliation, entre Éraste et Lucile, Marinette et Gros-René. 1659.

Les Précieuses ridicules.

— Le bourgeois Gorgibus a une fille, Magdelon, et une nièce, Cathos, qui sontdevenues précieuses.

Deux jeunes gentilshommes, La Grange et Du Croisy ont demandé Magdelon et Cathos enmariage : celles-ci, ne les jugeant pas assez distingués, ont répondu par un refus.

La Grange et Du Croisy, pour sevenger, envoient chez les précieuses ridicules leurs valets, Mascarille et Jodelet, qui se font passer pour deshommes du monde et pour de beaux-esprits et qui reçoivent le meilleur accueil.

Mais soudain les maîtresreparaissent : ils obligent les valets à dépouiller leur déguisement et à se montrer en souquenille et en vesteblanche.

On juge de l'humiliation des deux précieuses.

— C'était le vrai début de Molière; il pouvait dire, à dater de1659 ? « Je n'ai plus qu'à regarder le monde »; et, du parterre, une voix lui criait : « Courage, Molière, voilà la bonne. »

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