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Mon Paysage préféré

Publié le 13/02/2012

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Mon paysage préféré? ... Mais c'est celui dont je puis jouir, matin, midi et soir, du haut de notre terrasse- dont le Baedeker ni le Joanne ne feront jamais mention - et d'où l'on découvre un panorama splendide sur « Rouen l'orgueilleuse «, la « Ville-Musée «, et sur la vallée de la Seine. On vante à bon droit les points de vue de Bonsecours et de Canteleu. Celui du Montaux- Malades, plus intime, offrant des premiers plans variés, leur est, à mon avis, de beaucoup supérieur; et tous les visiteurs que j'y ai conduits ont partagé ce sentiment. Mais ceux qui ont escaladé nos quatre étages et se sont trouvés subitement en face du vaste et magnifique tableau se sont tous écriés : « Que vous êtes heureux d'habiter un tel pays et une telle maison ! «

« occupe par les Benedictines du Saint-Sacrement et, provisoirement, succur- sale de Saint-Nicaise, incendie it y a quelques annees, et en voie de recons- truction. Entre le college des Jesuites et la Mare abbaye benedictine de Saint-Ouen s'etendaient jadis de vastes jardins, au milieu desquels regnait le logis ab- batial, de style Renaissance, chargé et surcharge de sculptures.

II n'est plus qu'un souvenir; les amis du passé n'ont pour se consoler de sa disparition, que des estampes qu'ils admirent fervemment.

Une partie des jardins s'est muse en place, l'autre en square.

L'abbaye proprement dite, long corps de bailments du xvine siècle, s'etendant du nord au sud, est devenue l'h8tel de vine.

Incendie, lui aussi, dans la nuit du 31 decembre au 1" janvier 1926, il a ete intelligemment reconstruit et merite, certes, une visite. En avant, la tour trapue de Saint-Patrice, recouverte sans recherche esthetique, n'annonce pas precisement les riches vitraux du xvie siècle que recele l'eglise; pas plus que ces toits vitres, en bordure du square Solferino, ne nous parlent des merveilles abritees dans nos musses de peinture, de sculpture, de ceramique, ni des tresors conserves dans notre merveilleuse bibliotheque municipale.

A cinquante metres a peine de distance, deux eglises : rune paroisse toujours bien vivante : Saint-Godard, emule de Saint- Patrice par ses verrieres, l'autre desaffectee, Saint-Laurent, devenue le rnusee Le Secq des Tournelles.

Elle renferme une des plus belles collections de ferronnerie d'art qui se puissent voir.

La tour Saint-Laurent, veuve de sa jolie fleche, rasee par le proprietaire de ce « bien national », sous pre- texte qu'elle &tali d'un entretien trop couteux, semble, d'ici, le prolonge- ment de la tour centrale de Saint-Ouen, surmontee par la « couronne - en pierre! - des dues de Normandie », qui se detache sur le ciel, au-dessus du wont Sainte-Catherine, majestueux arriere-plan.

A lui seul, Saint-Ouen, suf- firait a la gloire d'une ville.

Vue de l'exterieur, la vieille abbatiale des xive et xve siecles, en impose, assurement, encore que les deux gracieux clochers de la facade, concus par Viol let-Leduc, ne soient pas a Pechelle - ah! l'argent, nerf de la guerre et de l'architecture! - Mais le souvenir qu'en conservent tous ceux qui penetrent sous ses vontes audacieuses, c'est celui du vaisseau immense, d'une impressionnante unite, fidelement refiete dans in Unifier erige sous les grander orgues.

Je ne vois point toutes ces chores, de notre terrasse, avec mes yeux de chair, mais ceux de ma memoire m'en montrent dix fois plus. Le mont Sainte-Catherine s'allonge, la-bas, a l'horizon, avec des bois son pied et a sa partie mediane, ,portant sur ses flancs des maisons de plus en plus nombreuses et le cimetiere, dit du Mont-Gargan; il se termine, en haut, par un vaste tertre de verdure jadis surmonte d'un fort, et a son extremite sud par un brusque et dangereux pan coupe.

A ses pieds, rien ne distingue les uns des autres les toits entasses entre Saint-Ouen et Saint- Maclou, autre point de repaire dans le paysage.

Bien modeste parait ce bijou gothique aupres de la masse de Saint-Ouen a gauche et de Notre-Dame, a droite.

Mais quelle joie pour l'artiste ou simplement pour l'amateur, de contempler cette fleche elancee, aux proportions si judicieuses, le plus beau pastiche gothique, a-t-on dit, realise au xixe siècle! Sur la falaise blanchatre de Sainte-Catherine se detachent les sveltes campaniles de Saint-Paul, qui s'eleve contre l'antique sanctuaire du meme nom, le plus ancien de la cite.

Au-dessus de la cheminee monumentale de l'usine d'incineration, la silhouette de Bonsecours se decoupe dans le ciel, sur une pointe avancee du plateau de Thuringe, appelee le Plateau des Aigles. Bonsecours! Nom beni de tout in grand diocese, sanctuaire marial cher a la pike reconnaissante de la ville.

Vingt ans de suite, Pale de la population s'est rendue dans la chapelle de reve, seeur lointaine de la Sainte-Chapelle de Paris, pour dire a la Vierge le merci de Rouen miraculeusement preserve, en septembre 1914, de l'invasion allemande.

Avant de redescendre vers la vallee, une rapide visite au cimetiere, oft maint Rouennais a souhaite de reposer, car la-han,t, dit-on, « les morts aimes sont plus pres du Seigneur...

2., Une courte station sur la tombe de J.-M.

de Heredia, parnassien integral et roi du sonnet, le temps de lire le vers de Chenier, grave sur sa tombe : Mon &me vagabonde, ci tracers le feuillage, Fremira... et nous voici face a la cathedrale, dont la fleche en fonte de 152 metres forme occupé par les Bénédictines du Saint-Sacrement et, provisoirement, -succur­ sale de Saint-Nicaise, incendié il y a quelques années, et en voie de recons­ truction.

Entre le collège des Jésuites et la célèbre abbaye bénédictine de Saint-Ouen s'étendaient jadis de vastes jardins, au milieu desquels régnait le logis ab­ batial, de style Renaissance, chargé et surchargé de sculptures.

Il n'est plus qu'un souvenir; les amis du passé n'ont pour se consoler de sa disparition, que des estampes qu'ils admirent fervemment.

Une partie des jardins s'est muée en place, l'autre en square.

L'abbaye proprement dite, long corps de bâtiments du xvm• siècle, s'étendant du nord au sud, est devenue l'hôtel de ville.

Incendié, lui aussi, dans la nuit du 31 décembre au 1•• janvier 1926, il a été intelligemment reconstruit et mérite, certes, une visite.

En avant, la · tour trapue de Saint-Patrice, recouverte sans recherche esthétique, n'annonce pas précisément les riches vitraux du xvx• siècle que recèle Péglise; pas plus que ces toits vitrés, en bordure du square Solférino, ne nous parlent des merveilles abritées dans nos musées de peinture, de sculpture, de céramique, ni des trésors conservés dans notre merveilleuse bibhothèsue municipale.

A cinquante mètres à peine de distance, deux églises ~ 1 une paroisse toujours b1en vivante : Saint"Godard, émule de Saint­ Patrice par ses verrières, l'autre désaffectée, Saint-Laurent, devenue le musée Le Secq des Tournelles.

Elle renferme une des plus belles collections de ferronnerie d'art qui se puissent voir.

La tour Samt-Laurent, veuve de sa jolie flèche, rasée par le propriétaire de ce « bien national :~>, sous pré­ texte qu'elle était d'un entretien trop coûteux, semble, d'ici, le prolonge­ ment de la tour centrale de Saint-Ouen, surmontée par la « couronne - en pierre! -des ducs de Normandie »,qui se détache sur le ciel, au-dessus du mont Sainte-Catherine, majestueux arrière-plan.

A lui seul, Saint-Ouen, suf­ firait à la gloire d'une ville.

Vue de l'extérieur, la vieille abbatiale des xiV• · et xv" siècles, en impose, assurément, encore que les deux gracieux clochers de la façade, conçus par Viollet-Leduc, ne soient pas à l'échelle - ah! l'argent, nerf de la guerre et de l'architecture! - Mais le souvenir qu'en conservent tous ceux qui pénètrent sous ses voûtes audacieuses, c'est celui du vaisseau immense, d'une impressionnante unité, fidèlement reflété dans un bénitier érigé sous les grandes orgues.

Je ne vois point toutes ces choses, de notre terrasse, avec mes yeux de chair, mais ceux de ma mémoire m'en montrent dix fois plus.

Le mont Sainte-Catherine s'allonge, là-bas, à l'horizon, avec des bois à son pied et à sa partie médiane, portant sur ses flancs des maisons de plus en plus nombreuses et le cimetière, dit du Mont-Gargan; il se termine, en haut, par un vaste tertre de verdure jadis surmonté d'un fort, et à son extrémité sud par un brusque et dangereux pan coupé.

A ses pieds, rien ne , distingue les uns des autres les toits entassés entre Saint-Ouen et Saint_.

Maclou, autre :point de repaire dans le paysage.

Bien modeste paraît ce bi,jou gothique aupres de la masse de Saint-Ouen à gauche et de Notre-Dame, à droite.

Mais quelle joie pour l'artiste ou simplement pour l'amateur, de contempler cette flèche élancée, aux proportions si judicieuses, le plus beau pastiche gothique, a-t-on dit, réalisé au xxx• siècle! Sur la falaise blanchâtre de Sainte-Catherine se détachent les sveltes campaniles de Saint-Paul, qui s'élève contre l'antique sanctuaire du même nom, le :elus ancien de la cité.

Au-dessus de la cheminée monumentale de l'usine d incinération, la silhouette de Bonsecours se découpe dans le ciel, sur une pointe avancée du plateau de Thuringe, appelée le Plateau des Aigles.

Bonsecours! Nom béni de tout un grand diocèse, sanctuaire marial cher à la piété reconnaissante de la ville.

Vingt ans de suite, l'élite de la population s'est rendue dans la chapelle de rêve, sœur lointaine de la Sainte-Chapelle de Paris, pour dire à la Vierge le merci de Rouen miraculeusement préservé, en septembre 1914, de l'invasion allemande.

Avant de redescendre vers la vallée, une rapide visite au cimetière, où maint Rouennais a souhaité de J;"eposer, car là-haqt, dit-on, « les morts aimés sont plus près du Seigneur ...

».

Une courte station sur la tombe de J.-M.

de Heredia, parnassien intégral et roi du sonnet, le temps de lire le vers de Chénier, gravé sur sa tombe Mon âme vagabonde, à travers le feuillage, Frémira ..• et nous voici face à la cathédrale, dont la flèche en fonte de 152 mètres forme. »

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