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"Mon rêve familier", Verlaine (commentaire)

Publié le 07/10/2018

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verlaine

ponctuation expressive à la césure met en évidence le soupir de Verlaine \"hélas !\", renforcé par la répétition en anaphore de \"pour elle seule\", au début des v6 et 7 : procédés qui soulignent l’idée que personne dans la vie réelle ne comprend le cœur compliqué du poète, le problème qu’il enferme, ne connaît ni ne partage son secret. La métaphore du \"cœur transparent\", c’est-à-dire des sentiments compris, admis,

 

est ensuite traduite autrement, sur le plan du corps malade, en proie aux fièvres, dans l’expression \"les moiteurs de mon front blême\" . L’apaisement des souffrances physiques mais surtout morales, impossible dans la réalité, est trouvé dans le domaine du rêve, dans l’imaginaire.

 

b) C’est l’ensemble du poème par ses sonorités étouffées et ses rythmes insolites qui constitue une plainte (on peut parler de tonalité élégiaque : un ton doux et plaintif). Ainsi Verlaine répète un procédé particulier, pour glisser d’une notation à une autre , le procédé de la polysyndète , qui consiste à faire un usage abondant des outils de liaison : dans ce poème il fait plus particulièrement usage de la conjonction de coordination \"et\", qui d’ordinaire marque des degrés d’intensité croissante dans une énumération mais que Verlaine utilise tout autrement, sans effet rhétorique, comme une note répétée, qui reprend d’ailleurs l’assonance en \"é\" présente dans le v1, proche du \"è\" ouvert qui est répété aussi tout au long du poème, et qui caractérise une rime des quatrains (\"aime/même, problème / blême). Ainsi Verlaine semble faire à mi-voix la confidence de sa mélancolie . (Les huit premiers poèmes saturniens sont réunis sous le titre de \"Mélancholia\", d’ailleurs, par référence à la gravure de Dürer, dont il possédait une eau-forte).

 

Conclusion : Quand Verlaine a édité à

 

compte d’auteur son recueil des \"Poèmes saturniens\" , grâce à sa jeune cousine, morte d’ailleurs prématurément, il n’avait pas vingt deux ans et la publication des \"Fleurs du Mal\" était encore proche, le Parnasse commençait (avec sa doctrine de \"l’art pour l’art\" et son amour du sonnet parfait). Il n’était pas encore un écrivain assuré de sa vocation propre, il se cherchait. La légende veut que certains de ces poèmes saturniens soient des poèmes d’adolescence. Des influences sont sans doute décelables : l’importance accordée au Rêve comme Baudelaire peut-être ? Un certain spleen aussi. Ne pourrait-on pas soupçonner une volonté parodique du Parnasse dans le détournement de leur admiration pour le beau antique, au v12 ? cependant qu’importe ! ce poème a un charme certain et annonce ce qu’il y a de plus musical et de plus subtil dans le reste de l’œuvre de Verlaine. On n’épuise pas un tel charme et il y aurait encore à dire ...

 

Après avoir prévu ce plan détaillé, il resterait à rédiger agréablement le commentaire, en insérant de manière fluide les citations et le vocabulaire spécifique. Tout un art !

verlaine

« conforme aux enchaînements d’un rêve, une image fantomatique.

cette femme est multiple mais le seul point commun entre ces possibles qui forment "une femme inconnue" , c’est- à- dire non encore connue, pas encore rencontrée, (Verlaine joue sur la polysémie de l’ adjectif "inconnue") une femme désirée en rêve (rêve éveillé ou rêve nocturne) c’est son pouvoir maternel de soigner, de consoler, de comprendre.

Le verbe "aimer" revient trois fois dans le premier quatrain, puis il est remplacé au deuxième quatrain par celui de "comprendre", qui du fait de cette substitution, accentuée par la rupture de la phrase et la reprise syntaxique, familière, qui lie le début du deuxième quatrain au précédent , ce verbe "comprendre" donc paraît plus important encore, et comprendre quelqu’un , n’est-ce pas lui pardonner ?.

Cette femme est une mère, une sœur. c) Cette qualité particulière de la femme rêvée par Verlaine , d’être une amie de cœur, idéale, est bien exprimée dans le dernier tercet .

le regard et la voix, qui sont les véhicules de l’âme, de le sensibilité, qui traduisent la personne même, sont les deux éléments les plus importants (le physique, avec la métonymie de la chevelure) ou l’aspect social (avec le nom) sont ignorés, seuls comptent le regard et la voix et même dans la voix ce qui est le plus personnel : l’"inflexion", c’est-à-dire les modulations les plus subtiles, les intonations qui sont la marque d’une personne et la distinguent de toute autre personne d) Verlaine rapproche cette femme rêvée principalement des êtres chers qu’il a perdus .

deux fois cette association avec des personnes mortes est mentionnée v10 et V14.

On notera les périphrases qui forment un euphémisme les " aimés que la Vie exila", avec la métaphore de l’exil pour signifier la mort, le départ obligé, subi, et les "voix chères qui se sont tues".

Cette femme particulièrement aimante est donc comme la synthèse des femmes aimantes que le poète a perdues, qui ont disparu, qui l’attirent.

Qui sont-elles ? Cela est le secret de Verlaine mais il exprime de manière générale cette association avec l’allégorie de la Vie et la généralité de l’article indéfini "des", placé devant "aimés" (d’ailleurs au masculin alors qu’on attendrait un féminin : Verlaine inverse les genres) et devant "voix". Cette fois, à la fin du poème, Verlaine fait appel à l’expérience commune des lecteurs car chacun est susceptible d’évoquer le souvenir de personnes disparues, dont la proximité est marquée par l’adjectif si particulier de "chère", qui relève de la préciosité de langage, tout en traduisant l’intimité d’une relation entre deux personnes. Remarque : Certaines interprétations ramènent tout le poème à cette association finale pour dire qu’ici Verlaine exprime une attirance morbide pour la mort, et même que cette femme serait la mort elle-même.

Mais c’est aller un peu loin.

Verlaine justement est un poète de l’indécis.

Donner un sens trop précis à ce poème lui enlève sa qualité de poème étrange, en quoi tient tout son pouvoir.

Vous pouvez comparer avec Baudelaire "ö mort ! Vieux capitaine ! Il est temps .

Levons l’ancre !" : Là il n’y a pas d’ambiguïté.

La deuxième association est faite avec un discret rappel de l’art de la sculpture, si cher aux Parnassiens, car il crée une beauté, un rêve de beauté, éternels : la statuaire grecque en est un exemple.

Le regard des statues est fixe, étrange, mystérieux et toujours le même , rassurant donc.

Une statue ne varie pas.

Comme une voix "et calme, et grave", on peut la retrouver et s’y fier.

On notera le rythme des deux derniers vers, avec la rime audacieuse "elle a" qui forme un contre- rejet, et la manière dont le sonnet se termine, sur une suite de monosyllabes qui allongent le dernier vers comme un soupir chuchoté (allitération en "s" : -ksion, -se, -sont) . 3- Un cœur malade. a) Tristesse de Verlaine : Ce poème est de la jeunesse de Verlaine.

On ne peut pas donc lui demander de refléter les sanglots du Verlaine adulte coupable et repentant, du Verlaine des années sombres.

Pourtant déjà une tristesse profonde, une sorte de détresse s’y exprime discrètement, loin des épanchements romantiques, et émouvantes à leur façon.

C’est dans le deuxième quatrain que le thème du "pauvre cœur" apparaît.

Au v6, la. »

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