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MONTAIGNE : ESSAIS (I, 23) : DE LA COUTUME : "LES LOIS DE LA CONSCIENCE" (...) "LA BÊTISE ORDINAIRE DE SON JUGEMENT"

Publié le 17/01/2022

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montaigne
Les lois de la conscience que nous disons naître de nature, naissent de la coutume ; chacun ayant en vénération interne les opinions et moeurs approuvées et reçues autour de lui, ne s'en peut défendre sans remords, ni s'y appliquer sans applaudissement. Quand ceux de Crète voulaient au temps passé maudire quelqu'un, ils priaient les dieux de l'engager en quelque mauvaise coutume. Mais le principal effet de sa puissance, c'est de nous saisir et empiéter de telle sorte, qu'à peine soit-il en nous de nous ravoir de sa prise et de rentrer en nous, pour discourir et raisonner de ses ordonnances. De vrai, parce que nous les humons avec le lait de notre naissance, et que le visage du monde se présente en cet état à notre première vue, il semble que nous soyons nés à la condition de suivre ce train. Et les communes imaginations, que nous trouvons en crédit autour de nous et infuses en notre âme par la semence de nos pères, il semble que ce soient les générales et naturelles. Par où il advient que ce qui est hors des gonds de coutume, on le croit hors des gonds de raison ; Dieu sait combien déraisonnablement, le plus souvent. Si, comme nous, qui nous étudions, avons appris de faire, chacun qui entendit une juste sentence regardait incontinent par où elle lui appartient en son propre, chacun trouverait que celle-ci n'est pas tant un bon mot, qu'un bon coup de fouet à la bêtise ordinaire de son jugement.
montaigne

« II) L'éloge de la raison A.

la raison pour lutter- La raison doit nous permettre de « nous ravoir de sa prise et de rentrer en nous pour discourir et raisonner des sesordonnances ».- « ravoir » = libération.- « rentrer en nous » = réflexion.- Pour Montaigne, la coutume doit être soumise à une instance supérieure qui la légitimera (ou non), justifiera sonexistence ou la remettra en cause.- L'« ordonnance » = caractère impérieux de la coutume, doit être remis en cause pour que les hommes se délivrentdes préjugés qui consistent à croire que « ce qui est hors des gonds de coutume » est « hors des gonds de raison».

Métaphore montrant à nouveau la domination de la coutume sur la raison. B.

Hypothèses- Conjonction « si ».- Temps des verbes ; imparfait : « regardait » et conditionnel : « trouverait ».- Incite le lecteur : « chacun » à prendre exemple sur lui et sur tous les gens qui font déjà cet exercice de réflexion: « comme nous qui nous étudions, avons appris à la faire ».- Selon Montaigne chaque individu peut donc se livrer à une analyse qui va lui permettre d'étudier d'où lui viennentles idées qui lui semble si évidentes et les remettre en questions.- Ainsi ; ce qui paraissait « une juste sentence » se révélera n'être qu'un bon coup du fouet de la bêtise ordinairede jugement ».=> La raison comme contrepoids à la coutume. Conclusion : Ainsi, par la mise en évidence du pouvoir abusif de la coutume sur les esprits et l'appel à l'exercice de la raison,Montaigne plaide pour la tolérance, en incitant les hommes à voir ce qu'ils ont de commun et non s'arrêter à leursdifférences.

Nous avons donc vu qu'il s'agissait bien d'un texte argumentatif.

On retrouve cette même dénonciationchez les dominicains Bartholomé de Las Casas, qui vécurent au nouveau monde avec les Indiens. Sujet désiré en échange : Montaigne: De la coutume et de ne changer aisément d'une loi reçue. »

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