Devoir de Philosophie

Naturalisme et imaginaire

Publié le 15/03/2015

Extrait du document

Le fantasme du double

 

Maupassant a porté ces images, héritées de Zola, au plus haut degré d'intensité dramatique. Car l'auteur du Horla est obsédé par la figure du double, de « l'autre en nous « qui s'objective dans le reflet des miroirs, comme cette image obsessionnelle qui fait escorte à Bel-Ami ; ses personnages, comme Jeanne et Ro­salie, comme Georges Duroy et Forestier, comme Pierre et Jean, forment des couples gémellaires dont l'un semble se nourrir de la vie de l'autre. La belle santé de Rosalie, accouchant dans un souffle, se paye de la souffrance infinie de Jeanne qui croit mourir d'enfanter ; Jean s'engraisse secrètement de la nervosité de Pierre, comme s'il le vidait de sa substance.

« E X P 0 S É S F C H E S dans sa folie: elle se voit d'abord grandir dans la glace en gravissant ses escaliers, elle lit ensuite la vérité de son désir incestueux sur le miroir du Café Riche, elle voit enfin « se lever les figures de Saccard et de Maxime » dans « l'ombre bleuâtre de la glace », miroir alchimique qui lui dévoile la complicité des deux hommes.

~ Il -MAUPASSANT ET LE FANTASTIQUE Le fantasme du double Maupassant a porté ces images, héritées de Zola, au plus haut degré d'intensité dramatique.

Car l'auteur du Horta est obsédé par la figure du double, de «l'autre en nous» qui s'objective dans le reflet des miroirs, comme cette image obsessionnelle qui fait escorte à Bel-Ami; ses personnages, comme Jeanne et Ro­ salie, comme Georges Duroy et Forestier, comme Pierre et Jean, forment des couples gémellaires dont l'un semble se nourrir de la vie de l'autre.

La belle santé de Rosalie, accouchant dans un souffle, se paye de la souffrance infinie de Jeanne qui croit mourir d'enfanter; Jean s'engraisse secrètement de la nervosité de Pierre, comme s'il le vidait de sa substance.

Ombres portées : un procédé expressionniste Comme le reflet du miroir, l'ombre est à la fois un double et un puissant révélateur.

Dès La Confession de Claude, premier roman de Zola, Claude décou­ vrait sur un mur l'ombre géante de sa maîtresse, enlacée à celle de son meilleur ami.

Dans Une vie, le procédé confine à l'expressionnisme: pêchant à l'épervier à la lumière d'une torche, M.

de Fourville, dont la rumeur fait un ogre, projette son ombre sur un rideau de sapins : «Et soudain, [ ...

]une ombre colossale, fantas­ tique, une ombre d'homme se dressa[ ...

].

La tête dépassait les arbres, se perdait dans le ciel, et les pieds plongeaient dans !'étang.

Puis !'être démesuré éleva les bras comme pour prendre les étoiles [ ...

], le prodigieux fantôme sembla courir le long du bois[ ...

) puis il s'enfonça dans l'invisible horizon, puis soudain il reparut, [ ...

)sur la façade du château.» Alors, diminuant progressivement, le double prodi­ gieux semble enfin réintégrer la personne physique du comte.

Symboles du temps compté Aux spectres croisés dans les miroirs, aux ombres maléfiques s'ajoutent les choses banales qui tissent un réseau de signification symbolique ou prémoni­ toire autour des personnages : la légende de Pyrame et Thisbé sur les tapisseries de la chambre de Jeanne, les calendriers d' Une vie, la montre au tic-tac obsédant qui continue de battre comme un cœur mécanique à la mort de Mme Adélaïde, le gros insecte vrombissant dans sa chambre comme si la petite abeille de la pendule s'était envolée, le chronomètre de Bel-Ami, qui, sans le savoir, a déjà engagé une course contre le temps, autant d'objets qui égrènent la leçon pessimiste de Maupas­ sant.

Conclusion.

Loin d'être un plat réalisme, le naturalisme est un art vision­ naire qui concilie la plus implacable précision documentaire avec un sens aigu des mystérieuses significations, des résonances mythiques ou magico­ religieuses que prennent dans l'inconscient les événements les plus ano­ dins comme les plus dramatiques de la vie.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles