NAVEL Georges : sa vie et son oeuvre

NAVEL Georges (1904-1993). Il y a, chez ce romancier ne dans un petit village lorrain, deux côtés, comme chez Proust : celui du père, ouvrier fondeur à Pont-à-Mousson, victime résignée à la souffrance et à la misère; celui de la mère, encore paysanne, qui entraîne ses enfants dans les bois pour y ramasser des asperges sauvages. Deux côtés qui se rejoindront d’abord dans la vie de Georges Navel, tour à tour ouvrier d’usine et manœuvre itinérant, puis dans son œuvre, qui désigne comme un même esclavage le taylorisme et les illusions du travail « libre », mais les dépasse — ou les nie — dans un autre travail qui prétend dire leur vérité : l’écriture.

Un romancier prolétarien

Autodidacte, Navel fit en 1935 une rencontre importante, celle du philosophe Bernard Groethuyscn, avec lequel il entretint une longue correspondance (reproduite dans Sable et limon, 1952). C’est ensuite l’époque du Front populaire et de la guerre d’Espagne. Libertaire («je ne suis pas collectiviste mais communard »), Navel est alors ouvrier agricole en Provence et engage le débat politique avec son ami, membre du parti communiste dont il n’apprécie ni le centralisme, ni la prudence lors des grèves de 1938 : « Daladier défend dans l’illégalité sa bourgeoisie, alors que la classe ouvrière s’embourbe dans l’esprit légal de crainte de déplaire aux boutiquiers ». Toujours la théorie s’étaye de remarques concrètes, souvent cocasses :