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NOTIONS ET THÈMES : Le romantisme

Publié le 28/05/2015

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Progrès : Le romantisme français ne peut être dissocié de ses ambitions historico-politiques, qui n'occupent pas la même place dans les domaines anglais et allemand, sans être pour autant absents. L'expérience révolution­naire, le rêve d'une cité future mieux organisée, offrant à l'homme les conditions du bonheur, celui d'une régé­nération du genre humain par la civilisation, tout cela concourt à donner au romantisme un aspect messia­nique de religion du progrès.

Les saint-simoniens, disciples de Saint-Simon, fon­dèrent au lendemain de sa mort en 1825 une publication

autour de laquelle se groupa une véritable école, d'où naîtra l'église saint-simonienne, dont la doctrine se diffusera en France et dans le monde jusqu'en 1870.

Pour Charles Fourier (1772-1837), la civilisation industrielle est une lutte entre le riche et le pauvre. Il faut donc combattre ce dynamisme délétère en établis­sant l'harmonie dans la société, fondée sur l'équilibre des passions, qui reproduit à l'échelle humaine celui qui organise le système de l'univers. Réhabilitation de l'homme dans ses dimensions passionnelles, foi en l'in­dividu, croyance en l'harmonie universelle, doctrine de l'analogie : on retrouve bien ici des thèmes fondamen­taux du romantisme.

Lamennais (1782-1854) quant à lui évolue du catho­licisme doctrinal et contre-révolutionnaire vers un christianisme de la liberté, chargé de promouvoir la coexistence fraternelle des peuples et l'épanouissement des individus. Autour de lui et de son journal, L'Avenir, fondé en 1830, se regroupent des penseurs enthou­siasmés par ce printemps de l'Église. Lamennais est condamné par Rome. Il rompt alors avec l'Église offi­cielle et continue sur sa lancée. S'il ne fonde pas la doctrine du catholicisme social, d'autres s'en chargent, comme Frédéric Ozanam et Philippe Buchez (1796­1865), lequel est d'une inspiration plus socialiste.

 

À mesure que le siècle avance, le progrès se voit consacré comme valeur motrice. Progrès du savoir, de la science, mais aussi progrès social, qui s'incarne dans des figures mythiques ou mythifiées, comme celles du Peuple, du Christ, voire du Juif errant. L'une des dimen­sions les plus neuves est celle du féminisme, prêché par ces belles figures que furent Flora Tristan (1803-1844) et Pauline Roland.

Monstre : Toute une littérature noire, frénétique va exa­cerber les tendances obscures de l'individu, privilégier l'horreur ou le monstre, et contribuer ainsi à irriguer tout le romantisme. L'énergie profanatrice ou provoca­trice n'est donc qu'une forme particulièrement voyante du romantisme. Elle va de pair avec le crédit accordé à l'intensité, à la couleur, au mouvement.

Nation: Plusieurs configurations du romantisme euro­péen sont intimement liées à la question nationale. Certaines tendances se tournent vers le passé médiéval, d'autres vers les richesses potentielles du peuple, ou

bien vers la patrie. Dans plusieurs pays, comme l'Italie, la Hongrie ou la Pologne, dans les Balkans, le roman­tisme semble annoncer la libération politique à partir de la libération morale et intellectuelle. S'affranchir des règles et codes classiques devient le symbole de l'affran­chissement historique. (Voir Légende napoléonienne - Peuple - Progrès - Révolution.)

Nature : Célébrée pour sa beauté, asile de l'individu mal­heureux, temple de l'amour, elle prend une valeur métaphysique. La nature peut offrir à l'homme une nourriture, un refuge et un tourment. Dans une pers­pective panthéiste, elle présente la possibilité d'une alliance de l'être avec la totalité de la création, une par­ticipation à l'âme de la nature, en osmose avec l'âme intérieure. Dans le paysage, on cherche à capter son propre reflet. Cette intégration peut être une forme de dissolution ou de vaporisation de l'être ou bien un in­vestissement dynamique. Elle révèle en outre l'accord profond du paysage et du temps. En effet, le paysage contient, fixe le temps, et permet l'illusion de la remé­moration entraînée par le retour en des lieux privilégiés. À cette conservation du passé et du moi s'oppose l'in­différence dont peut faire preuve la nature impassible. Elle peut alors devenir angoissante, hostile. Une autre forme d'investissement consiste à voyager. Le voyage procède autant d'un désir d'échapper à soi-même et à la société que de l'attrait pour l'exotisme et pour l'ailleurs, modalité de la connaissance. La découverte de paysages, de décors ou de types humains est dyna­misée par la fascination pour les terres légendaires et par le souhait d'être un autre. Le voyage dépayse et délivre, qu'il soit réel et raconté ou imaginaire. Spec­tacle véritablement contemplé et recréé par l'écriture ou fabriqué par le travail de l'imagination, la nature ainsi embrassée peut même s'étendre au cosmos tout entier en une vision de l'universel, où se mêlent voix du poète et voix du monde. On comprend la dialectique de la

contemplation et de l'évasion, qui visent l'unité perdue d'un monde primitif, glorieusement jeune et pur.

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