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Oedipe Roi, l'apport de Sophocle

Publié le 19/09/2018

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Freud, L’Interprétation des rêves (PUF) : « Le roi Œdipe, tuant son père et épousant sa mère Jocaste ne fit rien d’autre que satisfaire un désir - le désir de notre enfance. (...) Mettant en lumière la culpabilité d’Œdipe, le poète nous force à prendre conscience de notre Moi profond, où dorment toujours, quoique refoulées, les mêmes pulsions. »
 
Antonin Artaud, Le Théâtre et son double (p. 114, coll. Idées, Gallimard) : « Dans Œdipe roi, il y a le thème de l’inceste et cette idée que la nature se moque de la morale ; et qu’il y a quelque part des forces errantes auxquelles nous ferions bien de prendre garde ; qu’on les appelle destin, ces forces, ou autrement. »
 
Karl Reinhardt, Sophocle (p. 142, Minuit) : « Œdipe roi n’est pas la tragédie du destin humain, elle n’est pas le modèle pour lequel on l’a si longtemps prise (...) ; mais c’est bien plutôt, à la différence d’autres tragédies grecques, la tragédie de l’apparence humaine. »
 
René Scherer, Le Héros, le sage et l'événement (p. 109) : « Si les dieux ont placé le nécessaire sur sa route [celle d’Œdipe], c’est leur affaire. La faute descendra sur lui, mais ce n’est pas en dépit des efforts qu’il aura faits pour l’éviter - comme si ces efforts n’étaient rien - c’est en raison directe de ces efforts. Sont-ils donc criminels ? Au contraire, ils sont la seule part lumineuse de cette sombre histoire. Ils métamorphosent l’événement en destin ; sans eux, le crime ne serait qu’un fait divers. »
 
Abel Bonnard, D’Antigone à Socrate (p. 108, 109, coll. 10/18, UGE) : « Ainsi le châtiment que le destin lui réservait, [Œdipe] le revendique, il le choisit. Il en fait son premier geste d’homme libre que les dieux ne repousseront pas. Œdipe, non pas passivement, mais de toute la force de son vouloir, adhère avec violence au monde qui lui est fait. Son énergie est, en cet acte, singulière, effrayante (...). » Colette Astier, Le Mythe d’Œdipe (p.52, 53, A. Colin) : « La fidélité exemplaire de Sophocle à l’endroit du récit mythique (...) n’excluait pas la nécessité de rétablir chacun des épisodes de la vie d’Œdipe dans la multiplicité des variantes que pouvait en proposer le fonds légendaire. (...) Le poète, chaque fois, n’accorde sa préférence qu’aux seules versions qui soient susceptibles d’accroître la charge dramatique des événements et du dénouement (...), à celles qui permettent le mieux de concentrer sur le personnage d’Œdipe l’initiative et la nécessité de la souffrance. »
 
René Girard, La Violence et le sacré (p.76, 77, 119, 120, Hachette Pluriel) : « Si Œdipe finit par tuer Laïos, c’est Laïos le premier qui s’est efforcé de le tuer. (...) Structurellement, le parricide s’inscrit dans un échange réciproque. Il constitue une représaille dans un univers de représailles. (...) Toutes ces violences aboutissent à l’effacement des différences, non seulement dans la famille mais dans la cité tout entière. (...) Dans la tragédie et hors d’elle, la peste symbolise la crise sacrificielle, c’est-à-dire exactement la même chose que le parricide et l’inceste. (...) Pour délivrer la cité entière de la responsabilité qui pèse sur elle, (...) il faut réussir à transférer cette violence sur Œdipe, ou plus généralement un individu unique. (...) Œdipe ne réussit pas à fixer le blâme sur Créon et Tirésias mais Créon et Tirésias réussissent parfaitement à fixer ce même blâme sur Œdipe. L’enquête tout entière est une chasse au bouc émissaire, qui se retourne en fin de compte contre celui qui l’a inaugurée. »
Hegel, Esthétique (p.282, coll. Champs, Flammarion) : « Il est un autre grand conflit (...) dont Sophocle nous a donné l’exemple le plus parfait dans Œdipe roi et Œdipe à Colone. Il s’agit des droits de la conscience éveillée, de la justification de ce que l’homme accomplit en pleine conscience et de plein gré, à rencontre de ce qu’il accomplit sans conscience et en dehors de sa volonté, parce qu’ainsi en ont décidé les dieux. (...) Notre conscience moderne, plus profonde, aurait le droit de voir dans ces crimes commis en dehors de la conscience et de la volonté des actes étrangers au moi de leur auteur ; mais le Grec classique assume la responsabilité de ce qu’il a accompli en tant qu’individu, sans faire la distinction entre la subjectivité formelle et ce qui est fait objectif. »


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« gnant Je;1bhMl!8'ila c~C~Pt tMH'.!@1•3 'JI 'rrventant,t(~la pes&: Modifiant surtout l'ordre de présentation des événements au profit d'une progres­ sion rétrospective fondée sur un dévoilement progressif de la vérité .

...

Il -UN LANGAGE TRAGIQUE ET POÉTIQUE 1 -Langue de la tragédie, tragédie du langage Œdipe roi jllue c ' 1•Mll'le lanpge.

La traduction rend souvent diffi- cile la perception de ces jeux, pourtant ils sont essentiels.

Répétés, J.es mots sont appliqués à un personnage puis réutilisés au profit d'un autre, et reflètent ainsi l'évolution du drame.

Ainsi Œdipe est-il celui qui prétend« éclaircir Je mystère», il deviendra celui qui est mis en pleine lumière, exposé devant tous (ego phano, v.107).

Désigné comme souverain par Je prêtre (ô kratunon, v.113), Je mot sera ap­ pliqué à Zeus (v.903).

Invoqué comme Je sauveur de Thèbes (v.48), Je terme, soter en grec, désignera Apollon au v.150.

Les mots eux-mêmes sont à double sens et prennent, dans la bouche d'Œdipe, une résonance ironique pour le spectateur: « oe n'est pas pour des amis lointains mais pour moi que je laverai cette souillure» (v.136, 137), «en défendant lamé­ moire de Laïos, c'est à moi-même que je rends service» (v.140, 141), «je souhaite, s'il venait à être mon hôte( ...

) de subir moi-même les malédictions que mes impré­ cations viennent d'appeler», déclare Œdipe en parlant du meurtrier de Laïos.

î· Et c'est son nom, dont les signifiants jalonnent la pièce, qu'il va découvrir à la fin, lWJ1l qui.pxte;eo lUHnliMWdap'iéif6:~)~·ht~lldadcli- 9tioR.

Ainsi Je mot pied (pous), au cœur de l'énigme du sphinx, revient à plusieurs reprises: v.468, 479, 866, 1032 ...

Résonnant encore dans l'interrogatif hopou des vers 924 à 926.

2 -Une langue poétique Outre Je fait qu'il s'agit d'une pièce en vers, celle-ci est servie par une~ SOUYeutœétapholifu1e qui recourt aux images empruntées -stre lyrique ou épique, surtout dans les stasima.

~l~e 16c111re'1ifé"êté'lii't · ' qui désigne la , peste, du navireclésemparé(~~~.~{Œdipe «est le pilote.de notre vais­ ..

seau» dit Jocaste), images médicales, animales, images de la flamme purificatrice ,,.

(cf.

la parados), etc.

4&ax images souvent violentes, opposées en de fortes anti­ •..

*èses (opposition de l'ombre et de la lumière, de la clarté et de la cécite, ·~~- ~les nombreuses hyperboles (cf.

la·àescription de la peste dans le prologuè).

Ces effets ressortent d'autant plus que la disposition des stasima en strophes et antistrophes en souligne les parallélismes ou les oppositions.

3 -Le réalisme du langage Avec Sophocle, la tragédie se rapproche de à langue quotidienf\e, et ce à la fa­ veur de la.fllll't--......~le ~~la pièce selon J.

Irigoin, op.

cit.).

Sophocle excelle en outre dans le mélange des registres de langue, le.,...

lis~Ju dialogue coexistant avec le lyrisme du ehœm-~. »

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