Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791)
Publié le 16/04/2023
Extrait du document
«
Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791)
PRÉAMBULE.
Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la
nation, demandent d’être constituées en Assemblée nationale.
Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de
la femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la
corruption des gouvernements, [elles] ont résolu d’exposer
dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables 1 et sacrés de la femme, afin que
cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social 2, leur rappelle sans
cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir
des hommes pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique,
en soient plus respectés, afin que les réclamations des citoyennes, fondées désormais sur des
principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la constitution, des bonnes
mœurs, et au bonheur de tous.
En conséquence, le sexe supérieur en beauté comme en courage, dans les souffrances
maternelles, reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être suprême, les Droits
suivants de la Femme et de la Citoyenne.
ARTICLE PREMIER.
La Femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits.
Les distinctions sociales ne
peuvent être fondées que sur l’utilité commune.
II.
Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et
imprescriptibles3 de la Femme et de l’Homme : ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté 4,
et surtout la résistance à l’oppression.
1Fondamentaux, dont l’être humain ne peut être privé.
2De la société.
3Qui ne peuvent être supprimés.
4La sécurité.
Etude du texte
1.
Lecture expressive :
Écoutez le texte lu par une comédienne et prenez connaissance des conseils donnés sur
LLS.fr/DDFCP72.
2.
Explication linéaire
Développement :
1er mouvement des lignes 1 à 2 : un début efficace
Idée secondaire
Citation
Ce préambule dessine, dès le
Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation,
départ, le projet d'Olympe de
demandent d’être constituées en Assemblée nationale.
Gouges : mettre au devant de la
scène les femmes, représentantes
du peuple, revendiquant leur
liberté d'expression.
L’énumération qui ouvre le texte fait écho à l’ouverture de la Déclaration des droits de l’homme, mais
Olympe de Gouges remplace la formulation « les représentants du peuple français », qui ne renvoie
qu’à des hommes, par une énumération prenant en compte toutes les femmes françaises, quelle que
soit leur statut (« Les mères, les filles, les sœurs »).
On remarque que l’autrice met en avant leur rôle
familial, tout en valorisant leurs revendications communes grâce à l’emploi du pluriel.
En désignant les
femmes par « les mères, les filles, les sœurs », elle souligne les liens naturels, du sang (à l’exclusion du
mariage qui peut être un lien social imposé et contestable) qui les unissent aux concepteurs du texte et
en font leurs égales selon la nature.
2ème mouvement des lignes 3 à 14 : Un détournement accusateur et polémique
Elle explique la raison qui a
Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la
amené à la rédaction de cette femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption
déclaration
des gouvernements,
Le participe présent « Considérant que » introduit le contexte d’écriture, en présentant les inégalités
entre les femmes et les hommes (« l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme ») comme la
cause des dysfonctionnements sociétaux, les « malheurs publics » et « la corruption des
gouvernements ».
En remplaçant l’énumération « l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l’homme » par «
l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de la femme », Olympe de Gouges met en valeur le fait que
les femmes sont tout simplement omises de la Déclaration de 1789, invisibilisées derrière le supposé
neutre « l’homme » qui ne renvoie en réalité qu’aux personnes appartenant au sexe masculin, et elle
revendique bien avant la mouvance féministe une prise en compte des droits des femmes.
Les droits qui vont être
[elles] ont résolu d’exposer dans une déclaration solennelle, les droits
énoncés par la suite dans les
naturels, inaliénables et sacrés de la femme,
17 articles sont caractérisés
L’énumération d’adjectifs dans l’expression « les droits naturels, inaliénables et sacrés de la femme »
permet de caractériser les droits des femmes et d’insister sur leur caractère fondamental.
« Les droits naturels, inaliénables et sacrés de la femme » sont d’abord les mêmes que ceux des
hommes (voir en ce sens les articles de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen), mais les
femmes doivent auparavant gagner le droit d’être considérées comme les égales des hommes pour
accéder aux mêmes droits qu’eux (voir en ce sens les articles de la Déclaration des droits de la femme
et de la citoyenne).
L’adjectif « sacré » renvoie à l’argument de la création divine et au « chef d’œuvre immortel » évoqué
dans l’adresse aux hommes (voir le passage précédent).
Les objectifs de cette
afin que cette déclaration, constamment présente à tous les membres
déclaration sont alors précisés du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs,
afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des
hommes pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute
institution politique, en soient plus respectés,
afin que les réclamations des citoyennes, fondées désormais sur des
principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de
la constitution, des bonnes mœurs, et au bonheur de tous.
L’anaphore de « afin que » dans un rythme ternaire introduit les différents buts de cette déclaration.
- Tout d’abord, cette déclaration doit rappeler sans cesse les droits et les devoirs des femmes aux
« membres du corps social », c’est-à-dire à toute la société comme le souligne la périphrase
En outre, elle doit permettre aux « actes du pouvoir des femmes et [à] ceux du pouvoir des
hommes » d’être plus « respectés ».
Par le parallélisme (« les actes du pouvoir des femmes, et
ceux du pouvoir des hommes »), elle donne bien une portée universelle à sa déclaration
- Enfin, le troisième but de cette déclaration est....
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