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PANORAMA DU Roman de 1900 à 1909 : Histoire

Publié le 26/12/2018

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histoire

Un grand changement de valeurs a lieu en France entre 1896 et 1900. Disparition de l’esprit «fin de siècle», marqué par la lassitude. Disparition aussi du symbolisme, qui s'éloignait volontairement de la vie. Désormais, on se préoccupe d’être présent au monde. À l'époque se fonde la sociologie. Émile Durkheim détermine le groupe social comme différent d'une simple somme d’individus et possédant sa propre psychologie. Lucien Lévy-Bruhl cherche à caractériser la mentalité primitive, prélogique, et crée l'ethnologie (les Fonctions mentales dans les sociétés inférieures, 1909). D’autres étudient les mentalités modernes. Gustave Le Bon (Psychologie des foules, 1895) définit le futur xxe siècle comme l’«âge des foules», instinctives et prêtes à obéir à un chef. Ces préoccupations gagnent la littérature. Jules Romains célèbre chaque groupe humain comme un «unanime» qui dépasse l’individu. Son unanimisme s’exprime surtout par la poésie; mais en 1911, le roman Mort de quelqu’un montre l'effet de la disparition d'un homme très effacé sur les habitants de sa maison, devenus groupe autour du mort qui acquiert ainsi une survie. De son côté, Bergson, très connu à partir de 1900, restaure le concret en faisant appel à la saisie immédiate de la durée par notre moi, si éloigné du temps morcelé des scientifiques. L’élan vital fonde la totalité dynamique de l’homme (Matière et Mémoire, 1896). Proust et Péguy doivent beaucoup à cette pensée. Retour au spontané, exaltation de l'individu, les écrivains et penseurs alors en vogue y contribuent, si différents qu’ils soient: Nietzsche, Kipling, Whitman, Stendhal influencent Gide et Barrés. L'événement se met de la partie. L'affaire Dreyfus éclate en 1898 et détermine un climat de guerre civile où les intellectuels jouent un grand rôle. À partir de 1908, l’imminence de la guerre avec l'Allemagne passe au premier plan. Nombre d’écrivains de l’époque sont des écrivains engagés.

 

Gide et la disponibilité

 

Parmi ceux qui ont le mieux senti le besoin de libérer le moi, André Gide, qui en 1897 écrit avec les Nourritures terrestres l’apologie de la ferveur et de la disponibilité. Rupture avec son éducation puritaine et ses débuts symbolistes. Cependant, Gide sent les dangers d'une fatigue fondée uniquement sur la satisfaction des désirs; de là deux romans distants en apparence, F Immoraliste (1902) et la Porte étroite (1909), en réalité composés conjointement et décrivant deux conduites en impasse. L’«immoraliste» Michel, malade, n’a dû sa guérison qu'à sa jeune femme; guéri, il se livre aux voluptés, délaisse au nom de l’indépendance sa femme à son tour malade, est cause de sa mort. Ce dénouement suscite en lui anxiété et instabilité. À l'inverse, Alissa, l'héroïne huguenote de la Porte étroite, est portée par son éthique du sacrifice à refuser tout autre amour que celui de Dieu. De très haut caractère, elle n’en est pas moins vouée à la mort dans la peur et la solitude, et fait le malheur de Jérôme. Gide exprime dans une écriture complexe, dialogue des temps et des êtres, son refus de tout conformisme et son souhait d’ouverture continuelle.

 

Femmes écrivains

 

La réhabilitation de la spontanéité, l’évolution des mœurs aussi déterminent un essor tout nouveau de la littérature féminine. L'aînée, Rachilde. épouse du directeur du Mercure de France, a débuté dès 1880, à vingt ans, par des romans provocants. Son Meneur de louves (1905) est un bon roman inspiré de Grégoire de Tours, qui raconte la lutte d'une princesse mérovingienne pour quitter le couvent où l'a enfermée Frédégonde, après l’avoir fait violer par ses soldats. La féministe Marcelle Tinayre publie de nombreux romans, dont le meilleur est sans doute la Maison du péché, relatant la lutte entre le jansénisme et l’amour chez Augustin de Chanteprie, qui en meurt, après avoir quitté la libre et artiste Fanny. Ce n'est peut-être pas, en revanche, la partie romanesque de son œuvre qui attire encore chez Anna de Noaillcs, poète panthéiste, voluptueuse et romantique, incarnation du rêve d’Orient pour Barrés. Lucie Delarue-Mardrus, poète également, a donné en 1909 avec le Roman de six petites filles une œuvre pleine de fraîcheur et de souvenirs de sa Normandie natale. Parmi ses autres romans, on retient l’Ange et les Pervers parce qu’il met en scène Lesbos, sous les figures de Renée Vivien et de Nathalie Barney. Ces deux-là n’ont pas eu la renommée publique des précédentes. Remarquable poète, l’Anglo-Américaine de langue française Renée Vivien, instable voyageuse morte à trente-deux ans, a retracé dans son autobiographie romancée Une femme m’apparut (1904) ses hésitations entre deux femmes, avec un tremblement dans le sentiment d’identité, des réussites dans l’allégorie, qui ont gardé beaucoup de charme. De même les Mémoires de la fougueuse Nathalie Barney, d’origine américaine, l’«Amazone» de Rcmy de Gour-mont, l’amante de Liane de Pougy et de Renée Vivien. Mais attardons-nous à Colette, épousée à vingt ans, en 1893, par le journaliste viveur Willy, qui l’utilisa comme «nègre» en lui faisant écrire de 1900 à 1905 la série des Claudine. Avant de divorcer, Colette publie sous son nom les Dialogues de bêtes, puis elle gagne sa vie comme mime, essaie de Lesbos avant son remariage en 1912. C’est un moi libéré, direct, franc et sensuel, qu’elle exprime à travers une langue admirable, dans la Retraite sentimentale (1907), les Vrilles de la vigne (1908), la Vagabonde (1910). Cette œuvre de l’adieu à un amour trompeur et de la recomposition d’une identité par les joies quotidiennes eut grand succès. Avec ses romans faits de séquences brèves qui évoquent le poème en prose, ses croquis nets et ses savoureux paysages, Colette se classe dès lors parmi les grands écrivains.

 

La terre et les origines

 

Évoquant sa Bourgogne, elle prend place parmi les écrivains de la terre et des origines, nombreux en ce début de siècle qui conteste l'intellectualisme. Maurice Barrés fonde sur elles ses valeurs politiques et morales' Sturei, dans le Roman de l’énergie nationale (1900), retrouve ses sources en parcourant la Lorraine. «La motte de terre elle-même qui paraît sans âme est pleine de passé.» En 1913, dans la Colline inspirée, Barrés donnera une très belle méditation mystique

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©Jean-Loup Clwrmet PANORAMA DU ROMAN.

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raconte la lutte d'une princesse mérovingienne pour quitter le couvent où l'a enfermée Frédégonde, après l'avoir fait violer par ses soldats.

La féministe Marcelle Tinayre publie de nombreux romans, dont le meilleur est sans doute la Maison du péché, relatant la lutte entre le jansénisme et l'amour chez Augustin de Chanteprie, qui en meurt, après avoir quitté la libre et artiste Fanny.

Ce n'est peut-être pas, en revanche, la partie romanesque de son œuvre qui attire encore chez Anna de Noailles, poète panthéiste, voluptueuse et romantique, in· carnation du rêve d'Orient pour Barrès.

Lucie Delarue-Mardrus, poète également, a donné en 1909 avec le Roman de six petites filles une œuvre pleine de fraicheur et de souvenirs de sa Normandie na­ tale.

Parmi ses autres romans, on retient l'Ange et les Pervers parce qu'il met en scène Lesbos, sous les figures de Renée Vivien et de Nathalie Barney.

Ces deux-là n'ont pas eu la renommée publique des précédentes.

Remarquable poète, l' Anglo-Américaine de langue française Renée Vivien, instable voyageuse morte à trente-deux ans, a retracé dans son autobiographie romancée Une femme m'apparllf (1904) ses hésitations entre deux femmes, avec un tremblement dans le sentiment d'identité, des réussites dans l'allégorie, qui ont gardé beaucoup de charme.

De même les Mémoires de la fougueuse Natha­ lie Barney, d'origine américaine, !'«Amazone" de Remy de Gour­ mont, l'amante de Liane de Pougy et de Renée Vivien.

Mais attar­ dons-nous à Colette, épousée à vingt ans, en 1893, par le journaliste viveur Willy, qui l'utilisa comme. »

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