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Parentés littéraires et philosophiques dans La Chute de Camus

Publié le 09/01/2020

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camus

La leçon finale du Sous-sol est une mise en dérision de l'enseignement livresque : le héros s'avoue incapable de savoir quoi penser ou aimer ou haïr sans le secours des livres. Pour employer un terme du xxe siècle, nous dirons que c'est un procès contre les intellectuels coupés de la vie réelle,repliés sur eux-mêmes, qui est ainsi dressé.

Nietzsche

«C'est par l'Esprit souterrain [un des multiples titres donnés au Sous-sol\\ que Nietzsche a découvert Dostoïevski en [18]87, il compare cela à la découverte du Rouge et Noir», note Camus dans ses Carnets. Nietzsche est le penseur qui l'a le plus constamment, sinon influencé, du moins habité.

Peut-être le goût célèbre de Nietzsche pour les formules bien frappées se retrouve-t-il dans le langage de Clamence. Plus profondément, on songe d'avance à Clamence quand Camus écrit en 1944 : «Tout le malheur des hommes vient de ce qu'ils ne prennent pas un langage simple. [...] De ce point de vue, c'est sans doute Socrate qui a raison contre Jésus et Nietzsche. Le progrès et la grandeur vraie est dans le dialogue à hauteur d'homme et non de l'évangile, monologué et dicté du haut d'une montagne solitaire. » La montagne de Jésus est celle du « Sermon sur la montagne » (Évangiles) ; la montagne de Nietzsche est celle

camus

« avec celui dont veut persuader Clamence : tous les hommes sont coupab les1.

Un aut:re « bavard » En 1946, parut chez Gallimard un curieux ouvrage de Lou is-René Des Forêts intitu lé Le Bavarcfl. .

Enco re que nous n'ayons à ce sujet aucu ne certitude, il serait étonnant que, lié comme il l'était avec les Gallimard, Camus n'ait pas eu connaissance de ce texte.

Il s'agit d'un récit en forme de mono logue avec leque l La Chute présente de troublantes ressemblances.

Le narrateur du récit de Des Forê ts s'est longtemps persuadé que sa singu larité de «bava rd>> le renda it attirant .

Il avoue, au début de sa confess ion, être un pe u revenu de sa suffisance.

Le but de cette con fess ion n'est pas cla ir : le narrateur y semble emprisonné dans un en fer de la parole.

Il se souv ient sur­ tout de la crise que déclenche en lui le terrib le rire d'une femme qu'il croya it avo ir sédu ite.

C'est un rire qu i déclenche pareillement la crise de Clamence.

Da ns le texte intitulé « La parole vaine» qui fut écrit comme postface au Bavard, Maurice Blanchot mo ntre comment le monologue imaginé par Des Forêts a pu infl uencer Camus dans La Chute, en particu lier dans les rappo rts très amb igus qu'i l entretient en tre Je lecteur et l'auteur.

--·LES MAÎ TRES À PENSER Dosto-1 -evski En faisant référence aux Possédéi3, nous renvoyions à la fois à l'œuvre de Dos toïevski et à celle de Camus.

Leurs deux pensées sont en effet indissociables dans l'adaptation 1.

Dans le «Prière d'insére r» de La Chute {voir ci-dessus, p.

13), Camus pose la question : Clamence est-il « un cas particu lier» ? En fait.

son cas est inté ressa nt dans la mesure où il n'est pas par­ ticulier.

2.

Coll.

10/18.

1963, avec une postface de Maurice Blanchot, et col l.

«!:Imagina ire», Gallima rd.

1978 .

3 Voir ci-dessus, p.

58. »

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