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PARNY (Évariste-Désiré de Forges, chevalier puis vicomte de)

Publié le 12/03/2019

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PARNY (Évariste-Désiré de Forges, chevalier puis vicomte de), écrivain français (la Réunion 1753 - Paris 1814). Né dans une des grandes familles de ce qui s'appelait alors l'île Bourbon, il fit ses études au collège de Rennes, où il eut Ginguené pour condisciple. Après un séjour au séminaire, il se détourna de la religion et embrassa la carrière des armes. Au régiment de cavalerie, il se lia avec son compatriote le chevalier Bertin. Une liaison amoureuse lors d'un séjour à l'île Bourbon donna naissance aux Poésies érotiques (1778; 1781), qui chantent le personnage d'Éléonore et évoquent des émotions et des jouissances en toute liberté. L'expérience des tropiques nourrit également les Chansons madé-casses (1787), tandis que des voyages en France fournissent l'occasion d'épîtres en vers et en prose. La Révolution ruina Parny sans le rejeter dans le camp de ses adversaires. Il dut occuper de petits emplois de bureau et s'attacher à de vastes entreprises poétiques : la Guerre des dieux anciens et modernes (1799), épopée burlesque antichrétienne dans le goût de la Pue elle de Voltaire, et une traduction du Paradis perdu qui ne prend pas au sérieux le sujet de Milton. La Guerre des dieux provoqua un scandale dans la France du Concordat (c'est en partie contre elle que Chateaubriand lança son Génie du christianisme}, au même titre que les poèmes licencieux des Galanteries de la Bible (1805) ou du Voyage de Céline (1806), mais leur auteur fut reçu à l'institut en 1803. Le xixe siècle par la bouche de Sainte-Beuve salua les Poésies érotiques, pudiquement
 
rebaptisées Élégies, de celui qui se surnommait lui-même « Tibullinus ».

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)P;ARNY, Évariste Désiré de Forges, chevalier, puis vtcomte de ( 1753-1814).

Né à l'île Bourbon (aujour­ d'hui la Réunion) dans une riche famille créole, Evariste de Parny, après des études à Rennes, envisagea d'abord d'embrasser la carrière ecclésiastique, puis, déçu après un an de séminaire, se tourna vers celle des armes; offi­ cier de cavalerie en 1776, il fonde une société de mili­ taires poètes.

« la Caserne », et sème ses vers légers dans l'Almanach des Muses.

De retour sous les tropiques, en 1777, il y re nc on tr e une jeune créole, Esther Troussai lie, qu'il chantera sous le nom d'Éléonore.

li la séduit, puis se sépare d'elle.

et prend alors le ton élégiaque (Poésies érotiques, 1778).

Éléonore se marie, et son amant, qui a épuisé avec elle ses capacités de passion, mène désor­ mais en France une vie de plaisir et d'heureuse oisiveté, tout en donnant des Opuscules poétiques ( 1779) et des Poésies fugitives (1787).

Il s'e n tho usia sm e pour une révolution qui va bientôt le ruiner, et dont il résume l'anticléricalisme, au crépuscule du Directoire, dans son poème satirique la Guerre des dieux anciens et modernes (1799).

Après le charmant pastel ossianique /sne/ er Asléga (1802), il ne donne plus que de longues œuvres, où sa manière devient sèche et obscure (le Portefeuille volé, 1805; Voyage de Céline, 1806; les Rose-Croix, 1808).

Il avait été reçu à l'Institut en 1803.

On considère Pamy comme le grand poète érotique du xvm< siècle; il a chanté les plaisirs fugaces et libres, la sensualité païenne, comme en cette maxime, qu'il prête malicieusement au lyrique grec Alcée : Va, crois-moi, le plaisir est toujours légi time .

L'amour est un devoir, l'ennui seul est un crime.

Ses Poésies érotiques -son ch ef -d 'œ uvr e empreintes de mélancolie, sont consacrées à un unique et vif amour, celui de la voluptueuse Éléonore -du moins dans 1 'édition de 1781, qui élimine les amourettes passagères et range les pièces dans un ordre chrono­ logique : le premier livre respire l'émerveillement de la prime jouissance; le deuxième dit les angoisses de l'amant jaloux; le troisième, le bonheur de l'union retrouvée; le quatrième, le désespoir et J'amertume du p oète , qui se sait abandonné par l'infidèle.

Dans ce roman en vers qui valut à l' a n cien Anacréon la réputation d 'un nouveau Tibulle, les tons se mêlent harmonieuse­ m�nt : depuis la pureté nue du chant des sens jusqu'au en de douleur, jusqu'aux plaintes de la solitude.

L'esthé­ tique néo-classique, avec la souplesse expressive de son mètre et le raffinement strict de sa rhétorique, fé c o n dée par une sensibilité ardente (sinon profonde), atteint ici une de ses réussites les moins contestables qui influen­ cera une multitude de poètes, jusqu'à Millevoye et au Lamartine des Méditations.

Privé d'Éléonore, Parny trouve dans la poésie sati­ rique et parodique un second souffle.

Sa Guerre des dieux, écrite de 1795 à 1799, connaît un succès considé­ rable auprès des voltairiens et des Idéologues : Chateau­ briand compose le Génie du christianisme, pour relever ce défi de l'athéisme.

Parodie de l'épopée miltonienne ou de la Messiade de Klopstock, l'œuvre met en scène Je combat entre les dieux de l'Olympe et les nouveaux dieux chrétiens, Je Père, le Fils, le Saint-Esprit et la Vierge Marie : maintes plaisanteries sacrilèges et blas­ phématoires émaillent des épisodes comiques, telles les luttes qui mettent aux prises saints et satyres ou les vicis­ situdes de Priape, fait prisonnier par les chrétiens, fonda­ teur d'ordres monastiques et canonisé.

Mais ces gaietés, qui bravent parfois l'honnêteté, ne sauraient sauver une œuvre longue et laborieuse.

au style d'une sécheresse froide.

Cette verve poétique est au demeurant un excel­ lent exemple de la situation où stagne la littérature sous le Directoire : une grande licence dans les thèmes qui jure avec la rigidité sclérosée de la forme.

Malgré le discrédit qui a frappé, une fois le roman­ tisme venu, toute la poésie néo-classique (Chénier excepté), Parny a mi eux bravé le temps que le pindarique Lebrun ou le lyrique Jean-Baptiste Rousseau, et, en 1926, Mauric e Ravel, frappé par la grâce de ses Chan­ sons madécasses ( 1787), adaptations libres de chants malgaches, a doté trois d'entre elles d'une précieuse musique.

« Le plus racinien entre les volt airi en s », comme écrit Sainte-Beuve, se lit encore sans ennui : ses vers trop réguliers, aux images trop timides, à la langue trop pâle, laissent transparaître les soupirs du plaisir, les cris de la passion, les rires des banquets; ils témoi­ gnent d'une sensualité épanouie et unissem les élégances d'une forme polie aux couleurs choisies d'un exotisme civilisé.

BIBLIOGRAPHIE Éditions.

-Œuvres.

Paris, Garnier, 1862; la Guerre des dieux, Paris.

L.

Boulanger, 1893.

A consulter.

-Sainte-Beuve.

Porrraits contemporains.

Paris.

Calmann-Lévy.

1882.

1.

IV.

p.

423-470, « Parny » (art ic le de 1844).

et Causeries dultmdi.

Paris.

Garnier.

1862.

t.

XV, p.

285- 300.

« Pa rn y .

poète élégiaque » (article de 1861 ); R.

Barquissau, les Poètes créoles du xvut< siècle, Paris.

1.

Vigneau, 1949.

D.

MADEL ÉNA T. »

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