PARNY (Évariste-Désiré de Forges, chevalier puis vicomte de)
Publié le 12/03/2019
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Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)P;ARNY,
Évariste Désiré de Forges, chevalier, puis
vtcomte de ( 1753-1814).
Né à l'île Bourbon (aujour
d'hui la Réunion) dans une riche famille créole, Evariste
de Parny, après des études à Rennes, envisagea d'abord
d'embrasser la carrière ecclésiastique, puis, déçu après
un an de séminaire, se tourna vers celle des armes; offi
cier de cavalerie en 1776, il fonde une société de mili
taires poètes.
« la Caserne », et sème ses vers légers dans
l'Almanach des Muses.
De retour sous les tropiques, en
1777, il y re nc on tr e une jeune créole, Esther Troussai lie,
qu'il chantera sous le nom d'Éléonore.
li la séduit, puis
se sépare d'elle.
et prend alors le ton élégiaque (Poésies
érotiques, 1778).
Éléonore se marie, et son amant, qui a
épuisé avec elle ses capacités de passion, mène désor
mais en France une vie de plaisir et d'heureuse oisiveté,
tout en donnant des Opuscules poétiques ( 1779) et des
Poésies fugitives (1787).
Il s'e n tho usia sm e pour une
révolution qui va bientôt le ruiner, et dont il résume
l'anticléricalisme, au crépuscule du Directoire, dans son
poème satirique la Guerre des dieux anciens et modernes
(1799).
Après le charmant pastel ossianique /sne/ er
Asléga (1802), il ne donne plus que de longues œuvres,
où sa manière devient sèche et obscure (le Portefeuille
volé, 1805; Voyage de Céline, 1806; les Rose-Croix,
1808).
Il avait été reçu à l'Institut en 1803.
On considère Pamy comme le grand poète érotique
du xvm< siècle; il a chanté les plaisirs fugaces et libres, la
sensualité païenne, comme en cette maxime, qu'il prête
malicieusement au lyrique grec Alcée :
Va, crois-moi, le plaisir est toujours légi time .
L'amour est un devoir, l'ennui seul est un crime.
Ses Poésies érotiques -son ch ef -d 'œ uvr e
empreintes de mélancolie, sont consacrées à un unique
et vif amour, celui de la voluptueuse Éléonore -du
moins dans 1 'édition de 1781, qui élimine les amourettes passagères
et range les pièces dans un ordre chrono
logique : le premier livre respire l'émerveillement de la
prime jouissance; le deuxième dit les angoisses de
l'amant jaloux; le troisième, le bonheur de l'union
retrouvée; le quatrième, le désespoir et J'amertume du
p oète , qui se sait abandonné par l'infidèle.
Dans ce
roman en vers qui valut à l' a n cien Anacréon la réputation
d 'un nouveau Tibulle, les tons se mêlent harmonieuse
m�nt : depuis la pureté nue du chant des sens jusqu'au
en de douleur, jusqu'aux plaintes de la solitude.
L'esthé
tique néo-classique, avec la souplesse expressive de son
mètre et le raffinement strict de sa rhétorique, fé c o n dée
par une sensibilité ardente (sinon profonde), atteint ici
une de ses réussites les moins contestables qui influen
cera une multitude de poètes, jusqu'à Millevoye et au
Lamartine des Méditations.
Privé d'Éléonore, Parny trouve dans la poésie sati
rique et parodique un second souffle.
Sa Guerre des
dieux, écrite de 1795 à 1799, connaît un succès considé
rable auprès des voltairiens et des Idéologues : Chateau
briand compose le Génie du christianisme, pour relever
ce défi de l'athéisme.
Parodie de l'épopée miltonienne
ou de la Messiade de Klopstock, l'œuvre met en scène
Je combat entre les dieux de l'Olympe et les nouveaux
dieux chrétiens, Je Père, le Fils, le Saint-Esprit et la
Vierge Marie : maintes plaisanteries sacrilèges et blas
phématoires émaillent des épisodes comiques, telles les
luttes qui mettent aux prises saints et satyres ou les vicis
situdes de Priape, fait prisonnier par les chrétiens, fonda
teur d'ordres monastiques et canonisé.
Mais ces gaietés,
qui bravent parfois l'honnêteté, ne sauraient sauver une
œuvre longue et laborieuse.
au style d'une sécheresse
froide.
Cette verve poétique est au demeurant un excel
lent exemple de la situation où stagne la littérature sous
le Directoire : une grande licence dans les thèmes qui
jure avec la rigidité sclérosée de la forme.
Malgré le discrédit qui a frappé, une fois le roman
tisme venu, toute la poésie néo-classique (Chénier
excepté), Parny a mi eux bravé le temps que le pindarique
Lebrun ou le lyrique Jean-Baptiste Rousseau, et, en
1926, Mauric e Ravel, frappé par la grâce de ses Chan
sons madécasses ( 1787), adaptations libres de chants
malgaches, a doté trois d'entre elles d'une précieuse
musique.
« Le plus racinien entre les volt airi en s »,
comme écrit Sainte-Beuve, se lit encore sans ennui : ses
vers trop réguliers, aux images trop timides, à la langue
trop pâle, laissent transparaître les soupirs du plaisir,
les cris de la passion, les rires des banquets; ils témoi
gnent d'une sensualité épanouie et unissem les élégances
d'une forme polie aux couleurs choisies d'un exotisme
civilisé.
BIBLIOGRAPHIE Éditions.
-Œuvres.
Paris, Garnier, 1862; la Guerre des dieux,
Paris.
L.
Boulanger, 1893.
A consulter.
-Sainte-Beuve.
Porrraits contemporains.
Paris.
Calmann-Lévy.
1882.
1.
IV.
p.
423-470, « Parny » (art ic le de
1844).
et Causeries dultmdi.
Paris.
Garnier.
1862.
t.
XV, p.
285-
300.
« Pa rn y .
poète élégiaque » (article de 1861 ); R.
Barquissau,
les Poètes créoles du xvut< siècle, Paris.
1.
Vigneau, 1949.
D.
MADEL ÉNA T.
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