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PASCAL - L'ART D'AGRÉER - Application de la théorie dans les Pensées.

Publié le 15/02/2011

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Introduction.    Voulant écrire à l'intention des mondains une apologie de la religion chrétienne et réfléchissant à la tâche qu'il entreprend,. Pascal, au début des Pensées, préconise un art d'agréer dont voici les grandes lignes : « L'éloquence est un art de dire les choses de telle façon — 1°) que ceux à qui l'on parle puissent les entendre sans peine et avec plaisir ; — 2°) qu'ils s'y sentent intéressés, en sorte que l'amour-propre ( — l'amour de soi) les porte plus volontiers à y faire réflexion... Il paraît de là que, quoi que ce soit qu'on veuille persuader, il faut avoir égard à la personne à qui on en veut, dont il faut connaître l'esprit et le cœur, quels principes il ( = l'esprit) accorde, quelles choses il ( = le cœur) aime, et ensuite remarquer, dans la chose dont il s'agit, quels rapports elle a avec les principes avoués et les objets délicieux par les charmes qu'on lui donne. «

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« est observé ou solidement raisonné. a) L'énigme de l'homme.

Aussi Pascal pose-t-il le problème sur le plan humain.

Il étudie l'homme, ses étonnantescontradictions.

Comment expliquer l'énigme de l'homme ? Appliquant une méthode des sciences physiques, Pascalinvite son interlocuteur à choisir entre deux hypothèses celle dont les conséquences se vérifient le mieux.

«Certainement, dit-il à propos de la transmission du péché originel, rien ne nous heurte plus rudement que cettedoctrine ; et cependant, sans ce mystère, le plus incompréhensible de tous, nous sommes incompréhensibles ànous-mêmes.

» Expliquant l'homme, ce mystère est plus « vrai » que les explications insuffisantes des pyrrhoniens etdes dogmatiques, (p.

54) b) Le pari.

Dans la page où il veut déterminer le libertin à parier, Pascal se livre à un véritable calcul de probabilités.Il parle également le langage du bon sens, de l'intérêt que tout être recherche spontanément.

« Cette négligence enune affaire où il s'agit d'eux-mêmes, de leur éternité, de leur tout, m'irrite plus qu'elle ne m'attendrit...

Je ne dis pasceci par zèle pieux d'une dévotion spirituelle.

J'entends au contraire qu'on doit avoir ce sentiment par principed'intérêt humain et par intérêt d'amour-propre ».

c) Limites de la raison reconnues par la raison.

Mais toute la religion ne peut se démontrer par des raisons purementrationnelles.

Il faut parier.

La raison doit reconnaître son impuissance dans le domaine de la foi : « S'il y a un Dieu, ilest infiniment incompréhensible, puisque, n'ayant ni parties, ni bornes, il n'a nul rapport avec nous.

» (p.

54.) Mêmedans le domaine humain Pascal n'avait-il pas insisté sur la faiblesse de la raison et énuméré toutes les « puissancestrompeuses » ? « Plaisante raison qu'un vent manie, et à tous sens.

» (p.

26). Bref, Pascal satisfait la raison tout en la dépassant : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point.

» (p.65). 2.

— A son cœur. C'est avant tout au cœur en effet que Pascal doit s'adresser, c'est-à-dire à tout ce qui n'est pas rationnel dansl'homme et qui pourtant détermine ses croyances : en particulier à l'amour-propre et à l'intuition. a) L'amour-propre.

Il tient compte d'abord des tendances profondes de l'âme humaine, de l'amour-propre :recherche de l'intérêt et du bonheur. Dans la page du Pari, Pascal ne parle que le langage de l'intérêt.

A la fin de cette même page, il pose la question dubonheur sur terre qui touche tant le libertin et affirme que le bonheur est non dans la satisfaction des passions maisdans la vie chrétienne.

« Or quel mal vous arrivera-t-il en prenant ce parti ? Vous serez fidèle, honnête, humble,reconnaissant, bienfaisant, ami sincère, véritable.

A la vérité vous ne serez pas dans les plaisirs empestés, dans lagloire, dans les délices ; mais n'en aurez-vous point d'autres ? Je vous dis que vous y gagnerez dès cette vie...

»(p.

62).

Et à l'appui de ces affirmations il apporte le témoignage de son expérience personnelle : « Apprenez-le deceux qui ont été liés comme vous...

et guéris d'un mal dont vous voulez guérir.

» (p.

62). b) Orientation de l'intuition.

Enfin Pascal doit orienter l'intuition : « C'est le cœur qui sent Dieu et non la raison.

Voilàce que c'est que la foi : Dieu sensible au cœur.

» Les principes de son art d'agréer en ce qui concerne ce point particulier sont les suivants : « Nous sommesautomate autant qu'esprit...

La coutume fait nos preuves les plus fortes et les plus crues, elle incline l'automate, quientraîne l'esprit sans qu'il y pense ».

(p.

63-64).

— « Jésus-Christ, Saint-Paul ont l'ordre de la charité, non del'esprit.

Car ils voulaient échauffer, non instruire.

Saint-Augustin de même.

Cet ordre consiste principalement à ladigression sur chaque point qu'on rapporte à la fin, pour la montrer toujours.

» (p.

66).

Et voici l'application de cetteméthode : — pour incliner l'automate, et l'esprit du même coup, Pascal recommande les pratiques religieuses : « Il faut...

quel'on se mette à genoux, prie des lèvres, etc.

» (p.

64).

On comprend ainsi le sens de la fameuse formule : «Abêtissez-vous.

» — pour incliner directement l'esprit, Pascal pratique « l'ordre convergent » Un exemple n'entraîne pas la conviction.Mais plusieurs, vu leur concordance, finissent par suggérer impérieusement la conclusion recherchée.

Ainsi la thèsedu divertissement s'impose au fur et à mesure que s'accumulent les constatations concordantes de l'homme quioublie son deuil à la chasse, du prisonnier malheureux pour être privé de divertissements, du roi heureux pour enêtre entouré.

De même les antithèses partielles : amour de la vérité et erreur effective, amour de la justice et règnede la force, recherche du bonheur et misérable divertissement, convergent vers la grande antithèse de la grandeuret de la misère de l'homme. — pour échauffer, Pascal tantôt frappe notre imagination (Cf.

le passage des « deux infinis »), tantôt multiplie lesmouvements passionnés : interrogations, exclamations, antithèses, expressions fortes (« Quelle chimère est-cedonc que l'homme ? Quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradiction, quel prodige ! Juge detoutes choses, imbécile ver de terre ; dépositaire du vrai, cloaque d'incertitude et d'erreur ; gloire et rebut de. »

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