Pêcheur d'Islande (Troisième partie) - Pierre LOTI

Car il avait, tout de suite, le bon petit Sylvestre, désiré aller se battre. L'inaction de la baie de Tourane lui avait pesé. Elle lui avait paru longue. Depuis, il avait langui dans les croisières et les blocus. Après la prise de Bac-Niah et Hong-Hon, on parlait de paix. Mais Sylvestre avait été désigné avec quelques autres pour compléter, les renforts ne suffisant pas, des compagnies déjà débarquées et il avait, comme ses camarades, l'impression qu'ils arriveraient encore à temps « pour se battre un peu «. Il en avait même l'espérance et l'impatience, étant de « vaillante race « : la guerre et le feu le fascinaient.

Les nouvelles de Ploubazlanec lui avaient fait du mal. Il avait eu sur les conséquences du drame de Paimpol la même impression que sa grand'mère. Il plaignait Gaud qu'il adorait et il croyait plus impossible que jamais ce mariage avec Yann qu'il avait tant désiré.