PÉGUY (Charles)
Publié le 12/03/2019
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PÉGUY (Charles), écrivain français (Orléans 1873- Villeroy, près de Neuf-montiers-lès-Meaux, Seine-et-Marne, 1914). L'amour du travail bien fait, une sagesse sérieuse empreinte de probité, une fidélité d'instinct aux valeurs ancestrales : la jeunesse de Péguy frappe par sa gravité, et cette gravité imprimera définitivement sa marque sur les années de l'âge mûr (« Avant que nous ayons douze ans, écrira-t-il dans l'Argent, tout est joué »). Nulle déviation dans cette existence, nul reniement, mais un approfondissement, un « ressourcement » perpétuel qui puise ses forces dans une enfance laborieuse et droite.
Plus qu'aucun autre, Péguy s'est épanoui à la vie lente et monotone d'une province française, celle-là même où Daniel Halévy (Visites aux paysans du Centre) verra le cœur de la vie et des qualités nationales. En épousant les rythmes d'une tradition séculaire, en se pliant sans effort aux règles d'un jeu qui
«
réclamait
l'honnêteté, il a, en dépit de
dures réalités matérielles, connu le prix
de la paix avec soi-même.
Ses succès
scolaires d'enfant, il ne les doit qu'à lui
seul, quelle qu'ait été la tendresse vigi
lante d'une mère respectée.
Son mérite,
c'est d'avoir su choisir très tôt, à la
croisée des chemins, la voie de la
rectitude.
Il a dix-huit ans quand il quitte le
« pays de Loire >> pour s'enfermer
comme boursier d'État au lycée Lakanal
de Sceaux.
Un échec au concours
d'entrée à l'École normale : Péguy n'est
pas l'homme des demi-mesures ; il ne
veut et ne voudra jamais couper avec le
réel : il accomplit un volontariat d'un an
à l'armée.
L'année suivante, il est
interne au collège Sainte-Barbe.
C'est là
qu'il arpente la fameuse « cour rose >>
en compagnie d'amis chers, soucieux,
comme lui, de transformer la société.
Toute classique est sa formation : la
lecture des poètes tragiques grecs et celle
de Corneille le captivent.
Antigone et
Polyeucte sont des héros selon son cœur.
À ses yeux, la plus grande vertu des
auteurs tragiques est de mettre en évi
dence des questions essentielles par le
biais de l'ordre et de la rigueur d'un
discours.
En eux, Péguy retrouve à la fois
son goût pour la mesure et un aliment
à son inquiétude.
Quels tourments troublent en effet
l'âme de cet adolescent en apparence si
assuré ? Péguy a eu la révélation de la
misère ouvrière qui hante les rues de
Paris.
Avec Marcel Baudouin, il a côtoyé
bien des détresses.
Cette vision ne
s'efface pas de son esprit.
À peine reçu
à l'École normale, Péguy s'inscrit au
parti socialiste, qu'il juge seul capable
de rénover le monde.
En secret, il
prépare une Jeanne d'Arc (1897) qui est,
selon lui, la première incarnation de
l'âme socialiste.
L'inquiète conscience
qu'a Jeanne du mal partout présent est
le reflet des questions que Péguy se pose
et auxquelles, tout comme Jeanne, il ne
peut trouver de réponse.
La foi sponta
née de la petite Hauviette, la foi lucide
et douloureuse de Mme Gervaise sont des
témoignages admirables, mais encore
inaccessibles.
Il importe donc peut-être, avant
tout, de chercher le > de Péguy, qui,
chaque jeudi, reçoit ses fidèles dans un
cadre monacal.
Au prix d'une existence
harassante, il met la dernière main à ses
Cahiers, qui vont paraître régulièrement
de janvier 1900 à juillet 1914, compor
tant plus de deux cents livraisons répar
ties en quinze séries et tant bien que mal
soutenus par quelque mille abonnés.
Ils
seront une arme pour la défense des
valeurs les plus chères à Péguy, en même
temps qu'ils s'ouvriront aux œuvres de
jeunes écrivains.
« Dire la vérité, toute la vérité, rien
que la vérité, dire bêtement la vérité
bête, ennuyeusement la vérité en
nuyeuse, tristement la vérité triste >>,
tel est le mot d'ordre.
Nulle concession
au lecteur, le refus de la facilité, un
engagement de tous les instants, une
attaque de front des problèmes spiri
tuels, sociaux, politiques de chaque jour:
« Tous nos cahiers, sans exception, sont
faits pour mécontenter au moins un tiers
de la clientèle.
Mécontenter, c'est-à-dire
heurter, remuer, faire travailler.
>>
Il faut renoncer à l'image affadie d'un.
»
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