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Pensez-Vous Que L'Apologue Soit La Forme D'Argumentation La Plus Efficace Pour Faire Adhérer Autrui A Nos Thèses ?

Publié le 17/01/2022

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Depuis toujours, les apologues sont une partie intégrée de notre culture littéraire, et, a travers l’histoire, ont souvent eu une portée didactique, qu’il s’agisse des Fables du grec Ésope, qui est considéré comme le fondateur de ce mouvement, ou des Contes d’Andersen, en passant par La Fontaine et les frères Grimm. Cette technique, celle d’utiliser des apologues est elle la meilleure pour faire passer son message ?

Nous étudierons pourquoi les apologues sont souvent utilisés dans un but didactique, puis nous verrons quelles pourraient être les autres moyens de faire une critique ou pour exprimer sa thèse.

 

Depuis le début de l’histoire de l’écriture, les fables et les contes ont été utilisés pour donner un avis, même si celui-ci était quelque peu masqué par le récit  en lui-même. Aussi tôt qu’Ésope, dans toutes ses Fables, qui seront plus tard, reprises par La Fontaine, l’auteur se sert de l’histoire légère pour y faire passer un message, une critique d’un certain aspect de la société. Même plus récemment, Voltaire écrivit L’Ingénu en 1767 et y critiqua, entre autres, l’influence de la doctrine jésuite sur le pouvoir politique et sur le règne de Louis XIV. En effet, dissimulé dans un conte ou une fable, une morale a souvent plus d’impacte que dite proprement, car le lecteur doit réfléchir et la comprendre par elle-même, se forgeant presque sa propre opinion sur le sujet. S’il écoutait simplement un discours engagé, par exemple, il pourrait s’opposer fortement a ce qu’avance le parleur, alors que, au contraire, lors de la lecture d’une fable, toute la signification de la morale l’atteint progressivement et le lecteur aura presque l’impression d’avoir rejoint l’avis de l’auteur par choix, alors que, finalement, il aura été fortement influencé par les propos sous-entendus de l’écrivain. La réflexion se fait presque sans que le lecteur s’en rende compte, sans qu’il puisse s’y opposer puisqu’il ne sait pas que la fable cherche à lui faire passer un message. 

De même, le fait que le récit d’un apologue a souvent une portée humoristique joue en faveur du pouvoir didactique du registre. L’utilisation, par exemple, d’animaux symbolisant des comportements humains, et le paradoxe fantastique que cela entraine, comme dans les Fables d’Ésope et de La Fontaine, donne un coté humoristique qui facilite la compréhension de la morale. L’auteur peut semblablement utiliser un ton léger et un registre ironique, comme dans Candide de Voltaire.

 

« Tout d'abord, bien que l'auteur de l'apologue invite son lecteur à construire avec lui son sens cedernier peut échouer et ne pas remarquer les critiques mêlées à la fiction, ne les comprendre que partiellement oumême encore réaliser un véritable contresens.

Ainsi, au troisième chapitre de Candide , où il est question de la guerre un lecteur qui ne serait pas assez attentif ou non averti pourrait faire une mauvaise interprétation du texte car,Voltaire ne réalise pas dans cette oeuvre un réquisitoire explicite de la guerre mais adopte le point de vue naïf deson personnage qui voit lui dans la guerre une chose utile et belle : la critique réside donc dans l'usage de l'ironie,qui peut ne pas être perçue par le lecteur.

Pour écarter ce risque de mauvaise compréhension il peut donc être parfois préférabled'argumenter de façon directe et de placer ainsi on œuvre sous le signe de la clarté.

Le chevalier De Jaucourt, parexemple, dans son article « Traite des Nègres » (appartenant à l'œuvre l'Encyclopédie ) dénonce ainsi de manière très claire et sans ambiguïté l'esclavage : il condamne ouvertement cet acte qui est selon lui une pratiqueinhumaine, un acte illégitime qui « viole la religion, la morale, les lois naturelles, et tous les droits de la naturehumaine ».

De plus, ne pas se dissimuler derrière des personnages fictifs permet à l'auteur de s'impliquerpersonnellement dans son œuvre et de défendre de manière plus forte son point de vue en offrant par exemple lapossibilité d'avoir recours à un ton virulent.

C'est le cas de Clément Marot dans son « Epître au Roi » dans lequel il n'hésite pas à s'engager pour se défendre (afin de prouver qu'il n'a pas commis de délit) et à accuser clairement sonavocat de l'avoir trompé.

Il use ainsi de la première personne du singulier et de termes évaluatifs comme« menteur ».La thèse est claire et ferme et ce parti pris affiché séduit le lecteur.

Enfin, il ne faut pas négliger certaines autres formes argumentatives comme le dialogue argumentatifqui présente de nombreux atouts absents dans d'autres formes argumentatives.

Tout d'abord, il s'agit d'une formeargumentative très dynamique car elle permet de substituer à la parole unique plusieurs voix (polyphonie) qui sontl'expression de différents points de vue et caractères ce qui évite l'ennui du lecteur.

Aussi cette forme permet unecertaine clarté car les personnages qui dialoguent exposent généralement leurs thèses de manière simple.

C'est lecas pour l'oeuvre Dictionnaire philosophique de Voltaire dans l'article « Liberté de penser » où Boldmind, libre penseur s'adresse à Medroso, qui n'a pas l'habitude de penser par lui-même.

Il recourt ainsi à des images, desantithèses assez simples pour étayer sa thèse et bien se faire comprendre de son interlocuteur.

Enfin, le dialogueargumentatif n'impose pas une thèse au lecteur mais cherche plutôt à l'amener à se rallier spontanément à la causedéfendue et cette liberté laissée au lecteur est un atout majeur.

On peut donc dire que l'apologue constitue un bon moyen d'argumentation mais ne constitue pasnécessairement le meilleur moyen d'argumenter.

En effet, l'apologue présente l'avantage de séduire le lecteur, il luipermet également de participer au récit en déduisant de lui-même les critiques contenues dans l'œuvre et permet decontourner la censure.

Cependant le manque d'engagement de l'auteur, les risques de mauvaise compréhension pourle lecteur constituent des limites.

Ce sont principalement des défauts que l'on ne retrouve pas dans d'autres moyensd'argumentation plus explicites comme les articles d'encyclopédie, de dictionnaires, les essais ou encore lesdialogues argumentatifs.

Toutefois, établir une hiérarchie des moyens d'argumentation est quelque chose de délicatcar l'efficacité des moyens d'argumentation est toute relative.

En effet suivant le public visé peut-être l'auteurdevra t-il choisir tel ou tel moyen pour argumenter.

Ainsi pour toucher un jeune public ne vaudrait-il pas mieux avoirrecours à la forme de l'apologue (comme les fables) par exemple plus faciles et amusantes plutôt qu'à l'essaiprésentant souvent des termes spécifiques et complexes ?. »

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