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PERRAULT Charles : sa vie et son oeuvre

Publié le 27/11/2018

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perrault
PERRAULT Charles (1628-1703). L’éclatant succès des Contes tend à nous faire oublier l’activité littéraire, mais également politique d'un « classique inconnu » (M. Soriano), en qui se succèdent trois personnages de notoriété croissante : le commis d’État louis-quatorzien, le champion du parti des « Modernes », le rédacteur des Contes. La complexité et la richesse de l’œuvre apparaissent au sein même de ces Histoires du temps passé, profondément inscrites — malgré leur titre — dans l’histoire et la politique du règne; et la fascinante conjonction d'un héritage narratif populaire et de l’écriture d'un lettré convaincu de la supériorité de son époque ne contribue pas peu au charme tout-puissant de ces petits écrits.
 
Au service du grand roi
 
Charles Perrault et ses frères appartiennent à une famille de la bourgeoisie d’offices, imprégnée de jansénisme et fort unie par les goûts et les intérêts. L’aîné, Pierre (1608-1680), entretint sa famille grâce à une importante charge de financier qu’il avait acquise. Nicolas (1611-1661), théologien et docteur, fut exclu de la Sorbonne pour avoir défendu Arnauld. Claude (1613-1688), médecin et architecte, assista Charles auprès de Colbert.
 
L’Enéide burlesque (1648), les Murs de Troie ou l'Origine du burlesque (1649), sont de premiers essais dans le genre satirique (envers Mazarin et le peuple parisien), fort irrespectueux (déjà) de F Antiquité. Élève brillant mais indépendant, Perrault est licencié en droit et devient avocat en 1651. Deux ans plus tard, devenu commis de son frère Pierre, il se fait remarquer par des poésies galantes et des écrits précieux (Dialogue de l’amour et de l’amitié, le Miroir ou la Métamorphose d’Orante, éd. 1660); il flatte habilement le roi et sa Cour : en 1662, sa nomination au poste de secrétaire de la Petite Académie en fait — pour vingt ans — le préposé au mécénat royal et au contrôle des œuvres littéraires et artistiques en l’honneur du roi et du règne. Contrôleur général de la surintendance des Bâtiments sous Colbert, il s’efforce d’établir une tutelle d’État sur la culture nationale : canalisation des projets artistiques par les académies créées de 1663 à 1672; contrôle du travail de F Académie française, dont il est le secrétaire dès 1671; surveillance des travaux à Versailles. Sans être expert, il exerce une très réelle influence sur les affaires culturelles.
 
Mais l’ascension de Louvois, l’hostilité de Racine et de Boileau, la mort de Colbert (1683) entraînent sa disgrâce. Il va dès lors militer sur le plan littéraire : en joignant à l’éloge du roi l’apologie du siècle, de ses auteurs et artistes, jugés tous supérieurs aux « Anciens », son poème sur le Siècle de Louis le Grand (1687) déclenche une querelle avec Boileau, qui ne cessera que sur l’intervention d’Arnauld (1694). Perrault développe ses thèses dans les Parallèles des Anciens et des Modernes (4 vol., 1688-1697), qu’il complète par des portraits : les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, avec leur portrait en nature (4 vol., 1696-1700). Entre-temps, de Saint Paulin, évêque de Noie, épopée chrétienne (1686), à Adam ou la Création de l’homme (1697), il compose une œuvre pieuse, mais n’oublie pas la Cour : Au roi sur la prise de Mons (1691); Au roi Philippe V allant en Espagne (1701).
 
En 1694 Perrault publie en recueil trois contes en vers : « la Patience de Grisélidis, nouvelle »; « Peau d’Âne »; « les Souhaits ridicules ». L’année suivante, une réédition de ces textes sera précédée d’une importante préface. Puis, en 1697 paraissent, en prose cette fois, mais avec des moralités en vers, les Histoires ou Contes du temps passé, avec, en frontispice, « Contes de ma mère l’Oye », dont l’auteur prétendu est le fils de Perrault, Pierre Perrault dArmancour (lequel est alors âgé de dix ans). La mode des contes est née dans les salons précieux en 1685 — M1,e Lhéritier, parente de Perrault, s’y adonne avec brio (« Aventures de Finette ou l'Adroite Princesse »). Mais les huit contes en prose de Perrault (« la Belle au bois dormant »; « le Petit Chaperon rouge »; « la Barbe-bleue »; « le Maître-chat ou le Chat-botté »; « les Fées »; « Cendrillon ou la Petite Pantoufle de verre »; « Riquet à la houppe »; « le Petit Poucet »), connaissent un succès sans égal.

perrault

« tré convaincu de la supériorité de son époque ne contri­ bue pas peu au charme tout-puissant de ces petits écrits.

Au service du grand roi Charles Perrault et ses frères appartiennent à une famille de la bourgeoisie d'offices, imprégnée de jansé­ nisme et fort unie par les goûts et les intérêts.

L'aîné, Pierre (1608-1680), entretint sa famille grâce à une importante charge de financier qu'il avait acquise.

Nico­ las (1611-1661), théologien et docteur, fut exclu de la Sorbonne pour avoir défendu Arnauld.

Claude (1613- 1688), médecin et architecte, assista Charles auprès de Colbert.

L'Énéide burlesque (1648), les Murs de Troie ou l'Origine du burlesque (1649), sont de premiers essais dans le genre satirique (envers Mazarin et Je pe,uple pari­ sien), fort irrespectueux (déjà) de l'Antiquité.

Elève bril­ lant mais indépendant, Perrault est licencié en droit et devient avocat en 1651.

Deux ans plus tard, devenu com­ mis de son frère Pierre, il se fait remarquer par des poésies galantes et des écrits précieux (Dialogue de l'amour et de l'amitié, le Miroir ou la Métamorphose d'Orante, éd.

1660); il flatte habilement Je roi et sa Cour : en 1662, sa nomination au poste de secrétaire de la Petite Académie en fait- pour vingt ans -Je préposé au mécénat royal et au contrôle des œuvres littéraires et artistiques en l'honneur du roi et du règne.

Contrôleur général de la surintendance des Bâtirryents sous Colbert, il s'efforce d'établir une tutelle d'Etat sur la culture nationale : canalisation des projets artistiques par les académies créées de 1663 à 1672; contrôle du travail de l'Académie française, dont il est le secrétaire dès 1671; surveillance des travaux à Versailles.

Sans être expert, il exerce une très réelle influence sur les affaires culturelles.

Mais 1' ascension de Louvois, 1' hostilité de Racine et de Boileau, la mort de Colbert (1683) entraînent sa dis­ grâce.

Il va dès lors militer sur le plan littéraire : en joignant à l'éloge du roi 1' apologie du siècle, de ses auteurs et artistes, jugés tous supérieurs aux « Anciens », son poème sur le Siècle de Louis le Grand (1687) déclen­ che une querelle avec Boileau, qui ne cessera que sur 1' intervention d'Arnauld (1694 ).

Perrault développe ses thèses dans les Parallèles des Anciens et des Modernes (4 vol., 1688-1697), qu'il complète par des portraits : les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, avec leur portrait en nature ( 4 vol., 1696-1700).

Entre-temps, de Saint Paulin, évêque de Nole, épopée chrétienne (1686), à Adam ou la Création de l'homme (1697), il compose une œuvre pieuse, mais n'oublie pas la Cour : Au roi sur la prise de Mons (1691); Au roi Philippe V allant en Espagne (170 1).

En 1694 Perrault publie en recueil trois contes en vers : « la Patience de Grisélidis, nouvelle»; «Peau d'Âne»; «les Souhaits ridicules».

L'année suivante, une réédition de ces textes sera précédée d'une impor­ tante préface.

Puis, en 1697 paraissent, en prose cette fois, mais avec des moralités en vers, les Histoires ou Contes du temps passé, avec, en frontispice, « Contes de ma mère l'Oye», dont l'auteur prétendu est le fils de Perrault, PIERRE PERRAULT D' ARM ANCOU R (lequel est alors âgé de dix ans).

La mode des contes est née dans les salons précieux en 1685 -M11e Lhéritier, parente de Perrault, s'y adonne avec brio ( « A ventures de Finette ou l'Adroite Princesse » ).

Mais les huit contes en prose de Perrault («la Belle au bois dormant »; « le Petit Cha­ peron rouge»; «la Barbe-bleue»; «le Maître-chat ou le Chat-botté»; «les Fées»; «Cendrillon ou la Petite Pantoufle de verre»; «Riquet à la houppe»; «le Petit Poucet »), connaissent un succès sans égal.

En 1701, Charles Perrault entreprend la relation de sa carrière politique dans ses Mémoires (publ.

posth., 1755).

Il laisse à sa mort, survenue deux ans plus tard, le souvenir d'un homme actif et agréable, mondain et dévot, ayant des connaissances dans les arts et les scien­ ces : un honnête homme aux yeux de qui son époque était vraiment le Grand Siècle.

Le manifeste de l'esprit critique L'opposition des trois personnages des Parallèles, où un Président admirateur des Anciens dialogue avec un Abbé partisan éloquent des « Modernes», soutenu par un jeune et mondain Chevalier, illustre la division de l'élite intellectuelle du royaume dans une querelle qui met en question l'idéal classique, fondé sur le culte de l'Antiquité : « Je vois les Anciens sans plier les genoux ».

D'une part, avec Fontenelle, le Mercure galant, les ,salons précieux, se rassemblent les promo­ teurs d'un Etat moderne fondé sur le progrès des sciences et des techniques; de l'autre, les défenseurs de la société traditionnelle (aristocrates, haute magistrature, bour­ geoisie janséniste).

Lié à l'administration de l'État louis­ quatorzien, Perrault exprime une philosophie de l'his­ toire où le progrès est la conséquence du « règne heureux d'un excellent monarque».

Sa démonstration est impré­ gnée de cartésianisme : la méthode qui permet «[d'Jar­ ranger des preuves et des raisonnemens » remet en cause le prestige de l'érudition; «le moindre homme d'esprit et de bon sens [est] comparable à ces savants illustres et mesme leur passeroit sur le ventre malgré tout le latin et le grec dont ils sont hérissez» [ ...

) «il faut voir ce que pensent naturellement les personnes de bon goust et bon esprit>> .

L'esprit et le goût -chez Perrault, l'urbanité et la politesse -trouvent leur sérieux dans le christia­ nisme, car la Révélation a libéré l'humanité de la barba­ rie et de la superstition.

D'où la supériorité du siècle dans les divers domaines de l'activité humaine; il a l'avantage fondamental de venir après : car Perrault récuse l'idée d'une dégradation à l'œuvre dès l'origine.

la nature « en tout temps fait les mesmes efforts >>.

Supériorité qui se marque non seulement dans les sciences, les techniques (les Parallèles s'achèvent symboliquement par un feu d'artifice), mais aussi dans les arts : la Grèce ignorait la polyphonie, Raphaël le clair-obscur, Virgile les règles du poème épique ...

Cette réflexion a les limites de son temps : parler de supériorité suppose une homogénéité des œuvres compa­ rées, une norme abstraite et absolue du Beau; en cela, Perrault participe bien de l'esthétique classique.

Néan­ moins, il fait preuve d'un sens de l'histoire qui annonce le siècle suivant; l'avancée du temps, mais aussi les conditions économiques et politiques conditionnent l'épanouissement d'une époque.

Perrault contribue à élargir le gotlt classique, dont il ébranle les normes : ses positions sur la traduction (il faut préférer à l'original le texte traduit, car nous en comprenons mieux la démarche et le sens), sa conception d'une histoire non éloquente (il reproche à Tite-Live ses harangues) au nom de la vérité sont révélatrices de cette crise qui secoue la conscience classique : l'Abbé des Parallèles incarne cet esprit nouveau, critique et individualiste, «plus riche de ses propres pensées que de celle des autres ».

[Voir aussi QUERELLE DES ANCIENS ET DES MODERNES].

tt La plus simple et la plus naïve littérature du monde , Cette qualification par le père Bouhours de la littéra­ ture française fait des contes le symbole d'un certain art français.

Genre littéraire nouveau, leur statut est com­ plexe, car ils relèvent à la fois d'une mode de salons,. »

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