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Phèdre, Acte I, scène 3. Coupable ou innocente

Publié le 16/11/2011

Extrait du document

Le tragique exprime une vision de l’existence : celle de la confrontation de l’homme et d’une force que le dépasse. Cette force peut prendre la forme du destin ou de la fatalité. La fatalité écrase l’individu qui perd toute liberté d’action. Elle peut aussi se confondre avec une passion irrésistible. Le tragique peut s’intérioriser et prendre la forme d’une passion à laquelle cède le personnage. Le tragique s’adresse donc à la conscience, en suscitant l’effroi et la pitié. Le héros prend conscience que, quoi qu’il fasse, une force supérieur l’accable et le mène inéluctablement à sa perte. Cette force a pour nom les dieux, l’hérédité, la passion.

« Hérédité maudite Une hérédité de crime et de la faute.

Ceux-ci se transmettent, tel un héritage qui à chaque génération, appelle la sanction divine.

Phèdre aime celui que les lois morales lui interdit d’aimer.

Phèdre met au compte d'une filiation maudite l'échec de son appel à Vénus « Je reconnus Vénus » + « d'un sang qu'elle poursuit » référence à sa mère, Pasiphaé, qui s'unit à un taureau (union monstrueuse que lui évoque son amour incestueux pour le fils de son mari) + référence à Ariane, sa s œur, délaissée par Thésée (amour forcément malheureux).

Sentiment de la fatalité liée traditionnellement au ressentiment divin : rime « feu redoutables/tourments inévitables » qui insiste sur la fatalité qui rend toute action pour contrer la volonté divine et la malédiction vaine.

Expression tragique de l'amour contre lequel toute tentative d'échapper au sentiment est vouée à l'échec. Mort et dignité Tension perpétuelle, déchirement intérieur auxquels le personnage ne peut échapper que par la mort.

Seule la mort assure un silence radical et définitif.

Conserver la vie ne peut que conduire au risque suprême de voir la créature coupable de se compromettre en paroles irréversibles.

L’explication du malheur par la fatalité peut être aussi une forme de mauvaise foi, un alibi pour dégager sa responsabilité. Incapable d’assumer ses échecs, le héros préfère les imputer aux dieux plutôt qu’à lui-même, se poser en victime plutôt que coupable. Importancedelareprésentationcomparaisondedeuxreprésentations (CosteretLarec;Chereau) Le héros tragique est libre et prédestiné.

Il est innocent et coupable, il est responsable et victime.

Le tragique gît au c œur de cette ambiguïté volontaire, sans qu’il soit possible de la lever, sous peine de le faire disparaître.

Cette ambivalence laisse un grand choix au metteur en scène. Décor Un décor austère, vide, sans vie qui surligne l’importance de l’existence humaine qui remplit l’espace, pas de dieu, pas de supériorité extérieure qui impose sa marque sur le décor.

Du coup, le libre arbitre de l’homme dans cet environnement est révélé, augmentant la culpabilité de Phèdre. Décor millénariste, préhistorique qui surligne l’importance de la nature.

Assemblage de grottes préhistoriques dans lequel Phèdre se cache volontiers.

Orchestre qui résonne comme des coups de tonnerre annonçant une présence supérieur. Rôle d’Oenone Le dialogue manifeste le rapport très intime qui unit Œnone à Phèdre dont elle a été la nourrice.

Dans son insistance, Œnone se trouve néanmoins dotée d'un rôle qui va au-delà de celui de confidente : en faisant avouer à sa maîtresse son amour, elle est l'agent du destin et embraye la machine tragique. Batman violet, froid, austère, sans aucune compassion.

Relation Phèdre/Oenone n’est qu’une relation maître/serviteur (prosternation comme un toutou).

Regards divergents, censeur.

Pousse au crime à la culpabilité, froideur d’un jugement. Chaude, larmoyant, compatissant, relationnelle.

Réconforte, violet moins omniprésent.

Plus vieille, mère maternelle, compassion égale et réciproque.

Injuste damnation donc. Rôle de Phèdre Coupable, s’asseoir, légitime sa parole.

L’expression du regard fait revivre la scène de l’amour-passion. Rayonnante, aveux libérateurs.

Potentiel vital réanimé. Victime, traqué comme une bête.

Montre ses mains, cache sa bouche, lève vers le ciel, pleurs, hagard, incompréhension, chienne traquée qui se réfugie dans les terriers. Conclusion Racine sait le regard qui la juge ancré dans sa propre conscience et elle a profondément en elle le sens du péché (Elle se sent coupable alors même qu’elle n’ignore pas l’origine divine de sa passion.).

Le sacré est intériorisé, plus chrétien que profane.

Vision janséniste : seul un petit nombre d’hommes, choisis par Dieu, doit être sauvé, et rien ne peut modifier la décision céleste.

Vision du salut qui est pessimiste et désespérante.

L’homme ne peut compter sur ses mérites pour obtenir son salut mais par la grâce efficace de Dieu.

Cette vision du destin peut être appliquée à celle de Phèdre.

Plus qu’une païenne grecque obsédé par son honneur, c’est une chrétienne janséniste dont la prémotion physique de Dieu dans sa personne et son libre arbitre en constituent ses questions existentielles.

Cependant contrairement au Dieu janséniste au pouvoir discrétionnaire mystérieux, la prédestination est mue par la haine de Venus, c’est là que s’arrête la comparaison janséniste et que commence les réflexions de Racine sur ses propres convictions. Amour-passion. La passion, notamment amoureuse, peut agir comme une force fatale.

L’amour irrésistible, irrationnel et destructeur.

Princesse de Clèves, le Rouge et le noir, la Vie de Marianne, la Chartreuse de Parmes. Questions existentielles. Terreur devant un destin implacable et la pitié pour le héros qui en est victime.

Plus profondément, le spectateur s’interroge avec le héros sur ce qui commande l’existence.

Sommes-nous si libres que nous le croyons ? Se le demander, c’est déjà entrer dans la sphère du tragique.. »

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