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Pierre HAMP, Mes Métiers

Publié le 25/02/2011

Extrait du document

On ne pouvait mieux faire que de mettre en apprentissage, et vivement, un garnement aussi difficile à mener. Mes deux sœurs recevaient de moi plus de gifles que de caresses. Heureusement l'aînée me les rendait fort bien et m'enseignait à tour de ses beaux petits bras le sentiment de la famille.    Dans la semaine qui précéda mon départ en apprentissage, elle rassembla toutes ses économies, au moins quarante sous, et me mena dans une pâtisserie où elle me fit choisir à ma guise. Ce qui me laissa un souvenir impérissable de cette journée, ce ne furent point les gâteaux et de pouvoir en manger tout mon soûl, mais le regard de ma sœur aînée, la douceur de sa voix, tant de bonté qu'elle mettait à me faire plaisir, alors que jusque-là nous nous étions fortement chicanés.    Mon père, très dur avec ses deux garçons, les traitait en ouvriers; il ne se montrait point commode avec les hommes de sa profession placés sous son autorité. On l'aimait pour la qualité de son travail et pour sa générosité de vie; il adorait inviter, prodigue en cela, mais dans le métier il devenait intraitable, souvent furieux pour des vétilles, jurant avec facilité et ne ménageant soi ni personne. J'entendais souvent ses amis dire à la maison : «Devant le fourneau il est terrible et quand on est sorti ce n'est plus le même homme. «    Pour mon père, le métier était sacré, l'ouvrier devait y accomplir des prodiges, s'y tenir en effort permanent. Qui ménageait sa peine manquait à l'honneur. Fils d'aubergiste, il estimait avoir fait une très belle carrière, puisque devenu chef réputé, demandé dans les plus grands hôtels. Ce bourru gardait secrète une exquise tendresse. J'en eus la révélation par surprise, comme du grand amour de ma sœur.    Pierre HAMP, Mes Métiers.    sujets au choix    1) Rédigez une scène antérieure ou une suite à ce texte.    2) Une personne qui aime son métier vous en montre les joies. Faites-la parler.    3) Une personne, que vous connaissez, vous apparaît un jour sous un angle très différent. Précisez les circonstances, vos réactions et vos réflexions.   

« • Le temps du récit devra être, comme dans le passage proposé, le passé simple et son associé l'imparfait. Sujet 2 • Chaque métier, surtout s'il est manuel, obéit à des règles, observe un certain nombre d'usages précis, de pratiqueset surtout possède un VOCABULAIRE technique qui lui est propre. Vous n'atteindrez à une certaine authenticité qu'en utilisant adroitement ce langage des métiers, souvent riche etcoloré.

A titre d'exemple : — Vocabulaire de la tannerie (cuirs et peaux) : salade, trempe, épilage, ébourrage, déchaulage, picklage, dérayage, flachen, satinage... — Vocabulaire du bois : 1) tranchage, déroulage, écorçage... 2) queue d'aronde, colombage, contre-fiche, chevrons...

— Vocabulaire du textile : 1) démêlage, cardage, affinage, peignage... 2) la bourre, le ruban, les mèches... 3) la navette, le métier, la trame, l'armure... • On y ajoutera, pour mémoire, les domaines du verre, de la métallurgie, de la mécanique, de la peinture...

leursoutils, leurs techniques. • Rien ne vous empêche toutefois de choisir d'évoquer un métier intellectuel ou une activité de type sportif, parexemple.

Votre texte n'aura de prix que s'il est bien documenté.

L'occasion est belle de vous plonger dans uneencyclopédie ou mieux encore d'interroger une personne de votre entourage sur la réalité de son métier. Sujet 3 • Cette révélation de la personnalité cachée d'un individu peut décevoir comme elle peut heureusement surprendre. — Tel, qui vous paraissait orgueilleux et insensible, est en fait un timide qui cherche à donner le change. — Tel autre, pour lequel vous aviez une grande sympathie confiante, se révèle sous son vrai jour d'égoïste sanscœur. • Votre texte devra, de toute façon, s'ordonner en deux volets contrastés dont la charnière sera l'événementrévélateur : 1) lre partie : «J'avais toujours pris X pour un garçon dévoué et généreux.

» Ou au contraire : «Jamais je n'avais pu me lier à Y, un individu dont les manières hautaines et le regard méprisantm'étaient insupportables.

» 2) 2e partie : Un événement, même mineur, survient, au cours duquel, à votre grand étonnement, votre personnagese comporte d'une manière absolument contraire à ce que vous auriez imaginé : la générosité se révèle plutôt feinteque réelle ou, au contraire, la façade hautaine s'efface au profit d'une vraie grandeur. 3) 3e partie : — Vos rapports avec ce personnage sont complètement différents. — Vous méditez sur l'incertitude des jugements hâtifs, dans un sens comme dans l'autre.. »

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