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Pierrots - Jules LAFORGUE, L'imitation de Notre-Dame la lune.

Publié le 06/02/2011

Extrait du document

laforgue

C'est, sur un cou qui, raide, émerge

D'une fraise empesée idem.

Une face imberbe au cold-cream (1)

Un air d'hydrocéphale (2) asperge. Les yeux sont noyés de l'opium

De l'indulgence universelle,

La bouche clownesque ensorcèle

Comme un singulier géranium.

Bouche qui va du trou sans bonde

Glacialement désopilé (3),

Au transcendantal en-allé

Du souris vain de la Joconde. Campant leur cône enfariné

Sur le noir serre-tête en soie,

Ils font rire leur patte d'oie

Et froncent en trèfle leur nez. Ils ont comme chaton de bague

Le scarabée égyptien,

A leur boutonnière fait bien

Le pissenlit des terrains vagues. Ils vont, se sustentant d'azur !

Et parfois aussi de légumes,

De riz plus blanc que leur costume,

De mandarines et d'œufs durs. Ils sont de la secte du Blême,

Ils n'ont rien à voir avec Dieu,

Et sifflent : « Tout est pour le mieux,

« Dans 'la meilleur' des mi-carême ! « Jules LAFORGUE, L'imitation de Notre-Dame la lune.

Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Le poète rêve et joue avec ce personnage - le Pierrot - né en France au XIXe siècle et toujours présent dans l'imagerie contemporaine. Vous étudierez par exemple comment ce texte mêle la facétie, l'humour et la mélancolie. remarque Le libellé qui suit le poème incite à apporter les précisions suivantes : Pierrot - forme campagnarde de Pierre - populaire = nigaud : « Un drôle de Pierrot «. (1) Cold-cream : crème de beauté à base de blanc de baleine. (2) Hydrocéphale : atteint d'une déformation qui fait grossir le crâne et entrave le développement intellectuel. (3) Désopilé : fendu de rire.   

laforgue

« (1) Cold-cream : crème de beauté à base de blanc de baleine. (2) Hydrocéphale : atteint d'une déformation qui fait grossir le crâne et entrave le développement intellectuel. (3) Désopilé : fendu de rire.

Dans l'ancienne comédie italienne qui passa dans l'ancien théâtre français, Pedrolino = petit Pierre (XVIe siècle),ressuscité en 1673 par Giuseppe Gieratone, comme un valet ignorant et naïf en remplacement de Trivelin qui venaitde mourir.

Après 1697 (date de la suppression de la comédie italienne en France) il apparaît dans les théâtres defoire, puis à l'Opéra-Comique, en nigaud sentimental puis dans des parodies (Lesage). Le costume est celui du Gilles de Watteau (qui peignit là sans doute un acteur de la Comédie-italienne Biancollelli).Après le Tableau Parlant de Grétry où Pierrot est toujours dans la tradition de la Comoedia dell'arte, va apparaître lePierrot muet dans les pantomimes et parades, créé par Deburau (1796-1846) aux Funambules et que Nodier,Gautier, Sand...

vont louer hautement, comme « l'illustre Pierrot, le plus grand artiste du temps.

» plan du commentaire composé Introduction • Jules (pour honorer Jules César : désir du père) Laforgue 1860-1887, mort phtisique à 27 ans. • Symboliste, traité même souvent de Décadent, • Voulait écrire un roman : « Un Raté » = symbole de ce qu'il pense trop souvent de lui... • Se sent battu d'avance... • Mais après avoir poussé les cris de son angoisse ; à partir des Complaintes, puis dans L'Imitation de Notre-Dame lalune, Des Fleurs de Bonne Volonté..., c'est la « mélancolie humoristique »... • ...

avec vocabulaire, tournures, images qui détournent volontairement de la banalité en grisaille, de l'aigrequotidien. • Poésie « massacrilège ». • Annonce du plan.

I.

Humour et facétie : antidote d'un rire jaune. • Ici croquis plus encore que peinture.

Cependant fait penser au Gilles de Watteau. • Comme lui, ces « Pierrots » ont un extérieur traditionnel, toujours celui de la Comoedia dell'arte. - habit typique : « fraise empesée » - « cône enfariné » « noir serre-tête en soie » ; même « scarabée égyptien »,comme « chaton de bague » (symbole de l'immortalité, un des attributs du dieu Phtah-scarabées égyptiens enpierres précieuses dures, travaillées en camées et hiéroglyphes dans le dessous, creusé.) - mais surtout masque blanc, en « cold-cream », à la fois très blanc sur la figure et faisant ressortir la « boucheclownesque » ; à la fois parallèle et opposé à Scaramouche, l'acteur italien qui fit rire Louis XIV enfant, tout de noirhabillé de la tête aux pieds, figure très blanche, sourcils très noirs, moustache en parenthèse, guitare au côté. - attitude, tenue, démarche.

Représentent le naïf «hénaurme» ; Laforgue additionne dans ses personnages tout cequi s'est précisé chez le Pierrot, au cours des siècles ; • bêta : « air d'hydrocéphale » ; • tenue de pantomime - cf.

Deburau, si bien repris par Carné-Prévert dans Les Enfants du Paradis au cinéma : « uncou qui, raide, émerge D'une fraise empesée...

» (l'enjambement accentue encore ligne et mouvement) ; • à la fois gauche, dégingandé : « asperge »,. »

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