Poésie et Vieillesse
Publié le 12/09/2015
Extrait du document
Quelqu’un a déclaré : “Les écrivains morts sont loin de nous parce que nous savons bien plus de choses qu’eux.” Tout à fait, et ils sont ce que nous savons.
J’ai toujours rêvé d’un espace mouvant et contradictoire où l’on verrait apparaître, de l’intérieur, au moment même où il a lieu, le geste de la création.
Là, pas de temps, j’imagine, ou alors le temps vraiment retrouvé: Montaigne est contemporain de Proust, Sade de Faulkner, Saint-Simon de Joyce, Wat-teau de Picasso, Webern de Bach. L’ancien et le moderne se confirment, s’éclairent, se multiplient l’un par l’autre. Homère et Freud sont simultanément nécessaires, mais aussi la Bible et Les Demoiselles d’Avignon.
de la littérature européenne depuis Homère — et dans cet ensemble la totalité de la littérature de son propre pays — jouit d’une existence simultanée et compose un ordre simultané. Ce sens historique, qui est le sens de l’intemporalité, de la temporalité aussi bien que de l’intemporalité et de la temporalité à la fois, est ce qui rend traditionnel un écrivain. Et c’est en même temps ce qui rend un écrivain plus intensément conscient de sa place dans le temps, ainsi que de sa propre contem-poranéité. »
«
qui, détachées de leur contexte, avaient perdu toute
signification.
Un certain nombre de formules-« éti
quettes»
T.
S.
Eliot- se trouvaient ainsi en circulation
dans lesquelles leur auteur ne se reconnaissait plus.
Elles étaient semblables
à ces pensét!s qui telles des
«chiens enragés »poursuivent, dans un poème de Shel
ley, leur père, devenu leur proie, tout au long du che
min de sa vie.
A isoler à notre tour cette formule, commettons-nous
l'erreur que dénonçait T.S.
Eliot? La citation que nous
avons choisie a au moins
le mérite d'introduire, dans
sa brièveté, à
l'un des thèmes centraux de l'esthétique
de T.S.
Eliot: le rapport de l'écrivain avec le passé de
la littérature et l'histoire.
~ Au risque de brouiller quelque peu la chronologie et
d'expliquer l'Eliot de
1933 par celui de 1919, on se
reportera sur ce point à
l'un des plus célèbres textes cri
tiques de celui-ci : Tradition and the individual talent
(1919).
Eliot y explique en effet l'importance: de la tradition
pour
le poète.
S'insurgeant contre le fait qu'on juge
toujours un écrivain
à ce que son œuvre comporte de
radicalement neuf voire de révolutionnaire,
il montre
que la véritable nouveauté ne peut aller, chez un poète,
sans l'absorption et l'assimilation de tout ce passé qui
en grande partie
le produit et le dirige :
« On ne peut pas hériter de la tradition, et si vous la
voulez,
il vous faut l'obtenir par un gros travail.
Cela
comprend, tout d'abord,
le sens historique, qu'il nous
faut considérer comme indispensable
à quiconque
veut demeurer un poète au-delà de sa vingt-cinquième
année; et
le sens historique comprend la percep
tion non seulement du caractère passé du passé, mais
aussi sa présence;
le sens historique oblige un homme
à écrire non avec dans ses veines le sang de sa propre
génération, mais avec
le sentiment que la totalité.
»
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