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Puisqu'elle est Tout Hiver. Pierre RONSARD: Sonnets pour Hélène

Publié le 22/02/2012

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ronsard
Puisqu'elle est Tout Hiver Puisqu'elle est tout hiver, toute la même glace, Toute neige et son coeur tout armé de glaçons, Qui ne m'aime sinon pour avoir mes chansons, Pourquoi suis-je si fol, que je ne m'en délace ? De quoi me sert son nom, sa grandeur et sa race, Que d'honnête servage et de belles prisons ? Maîtresse, je n'ai pas les cheveux si grisons Qu'une autre de bon coeur ne prenne votre place. Amour, qui est enfant, ne cèle vérité; Vous n'êtes si superbe, ou si riche en beauté, Qu'il faille dédaigner un bon coeur qui vous aime. Rentrer en mon avril desormais je ne puis; Aimez-moi, s'il vous plaît grison comme je suis, Et je vous aimerai quand vous serez de même. Pierre RONSARD: Sonnets pour Hélène

  1. Rappel historique et littéraire

    Ronsard a célébré de nombreuses jeunes femmes à travers son oeuvre poétique ; Cassandre, Marie, et la fille d'honneur de Catherine de Médicis, Hélène de Surgères à qui ce sonnet est adressé.

    Son amour, le poète ne l'exprime jamais sans évoquer en même temps son angoisse du temps qui passe (« Cueillez, cueillez votre jeunesse « écrit-il à Cassandre), du temps qui creuse entre la jeune fille qu'il aime et lui-même un écart tragique, de ce temps qui destine toute beauté à l'anéantissement.

     

  2. Annonce du plan

Dans le texte proposé on retrouve les éléments forts, les thèmes majeurs qui traversent le recueil des « Amours « : L'action mortifère du temps, la poésie comme antidote à cette action. Mais le ton n'est pas au tragique, Ronsard fait d'une plainte une chanson et de son angoisse du temps qui passe l'éloge de la fidélité.

ronsard

« Inaccessible par sa froideur, par sa noblesse...

peut-être, mais certainement par sa beauté : « Vous n'êtes si superbe, ou si riche en beauté ». Le poète se rebiffe et la posture de l'amant-vassal ne lui sied plus ! On va donc assister à un renversement duschéma courtois.

Et à une mise en garde. C'est que la métaphore des saisons n'est pas utile seulement pour les âges de la vie.

Aux saisons de la vies'opposent les saisons du coeur.

Et si Hélène vit le printemps de son âge, elle apparaît en pleine hibernationsentimentale : « Son coeur tout armé de glaçons ». Ronsard au contraire connaît le printemps du coeur, cette éternelle jeunesse intérieure de l'amoureux. A deux reprises, l'expression « bon cœur » est employé.

Elle n'a pas le sens moral qu'on lui donne aujourd'hui, elle suggère plutôt l'idée de coeur vertueux, dévoué, fidèle. Car le temps n'est pas qu'un obstacle, il peut être aussi le gage et l'artisan d'un don plus précieux que tous lespoèmes : la fidélité. Telle est, bien-sûr, la signification du dernier vers du sonnet : commencé comme une plainte, suivie d'unemenace (premier tercet), le texte s'achève par une promesse, un engagement, véritable défi au tempsredouté. 2.

Le ton On le constate, le sonnet est remarquable par tant de changements de tons : La plainte (« Qui ne m'aime sinon pour avoir mes chansons »). La menace, la promesse.

Mais plus formellement, on remarque que les deux interrogations des deux quatrains(vers 4 et 6) trouvent leur réponse dans le futur du dernier vers, « Et je vous aimerai quand vous serez de même.

», véritable affirmation, et refus du tragique. Cette volonté de dédramatiser on la pressent déjà dans le choix du mot « grison », néologique dont le charme attendrira peut-être Hélène, mais qui atténue, à coup sûr la blancheur des tempes du Poète, un peu enfant,qui réaffirme son amour en même temps que sa jeunesse de coeur. CONCLUSION REDIGEE Que l'on est loin du ton presque pathétique d'un autre sonnet célèbre dédié à Hélène : « Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle...

» Le futur prophétise et ne promet plus, il assure un regret quand il annonçait ailleurs un bonheur.

C'est que del'un à l'autre texte, la représentation que le poète fait de lui-même varie.

Il ne s'agit plus d'un « vert galant »qui parle mais d'un homme quasiment dans la tombe.

Ronsard se plaît dans les Amours à osciller entre deux. Tantôt il n'envisage que son plaisir du moment, tantôt il ne veut plus appartenir qu'à la postérité (« Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle »). Mais ce qu'il gagne en grandeur dans ce sonnet-là, il le perd en grâce, cette grâce qui habite le sonnetproposé au commentaire, où le poète choisit de résoudre l'impossible accord des saisons de la vie par laconcordance des saisons du coeur. Remarque Certains vers de Ronsard restent parmi les plus beaux de la Poésie française, les connaître peut être souventutile : « Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant : Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle ! » Sonnets pour Hélène. »

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