Punition et exclusion d'une classe ou d'un groupe.

Quand on est en 3e, la dernière année de collège, on a déjà derrière soi un lourd passé d'élève. Mais quand je médite sur mes années d'école, je n'aperçois qu'une suite monotone de calendriers scolaires enchaînés les uns aux autres, comme si je regardais un paysage sans profondeur défiler derrière les vitres d'un TGV. En effet, peu d'événements ont marqué ma scolarité jusqu'à aujourd'hui : le visage d'une institutrice aimée qui, un jour, fit cadeau de sa bibliothèque aux élèves de sa classe, une semaine de brouillard « à couper au couteau» qui fait de mon entrée au collège un rêve de brume opaque, un voyage à Florence avec mon professeur d'italien l'année dernière et le marbre blanc des statues de Michel-Ange... Des événements plutôt plaisants sur lesquels ma mémoire s'attarde volontiers. Mais tout au fond de mon réservoir à souvenirs, tapi dans une sombre prison, le spectre de ma honte parfois se lève et vient à la lumière. Alors, je suis obligée de le regarder en face, et de lui parler avant qu'il ne retourne, apaisé ou vaincu, dans la nuit noire où je le maintiens.