QUE SONT LES « CÉHÉRESSES » dans Les Fleurs bleues de Raymond Queneau

« très en vogue pendant la terreur de 1793, La Carmagnole: « Si les Capets commencent à nous traiter de la sorte, on verra bientôt les aristocrates à la lanterne » (p.

57).

Ainsi les époques se croisent dans Les Fleurs bleues (1264, 1793 et les années 1960) et créent une désorientation humoristique.

Les « céhéresses » contribuent aussi à une esthétique de la dispro­ portion propre au burlesque.

Elle se voit dans le contraste entre la puissance des « céhéresses », auxquels on associe l'équipement mod~rne des C.R.S., et la peur du « héraut», qui bat vite en retraite face au duc prêt à lui découdre « la panse avec les dents » (p.

58).

« L'horrifié héraut terrifié » s'en va à reculons.

Ensuite, les rodo­ montades du duc d'Auge, sûr de « ratatiner» les « céhéresses », contrastent avec le rapport des forces en présence où le duc, assiégé, n'a que de l'huile et du plomb fondu pour les affronter.

Cette dispro­ portion burlesque est parachevée par le triomphe du duc d'Auge, comme nous l'apprenons plus tard : Des céhéresses, il ne restait plus que des tombes en ruine que rongeait la mousse; on les avait bien oubliés, les céhéresses morts au combat du temps du roi Louis neuvième du nom.

(p.

66) Queneau prend un malin plaisir à montrer la défaite complète des « céhéresses »1 tout comme il permettait, dans Zazie, à.l'héroïne, à son oncle Gabriel et à ses amis, d'échapper in extremis aux forces de l'ordre alors qu'ils venaient de dévaster la boîte de nuit Aux Nyctalopes.

Ainsi, la présence des « céhéresses » dans le roman alimente l'écriture comique par les anachronismes, la disproportion burlesque, les accents libertaires.. »